REPORTAGE Entre 14.500 et 25.000 manifestants pro-palestiniens ont défilé dans le calme ce Mercredi à Paris, pour protester contre l’offensive israélienne sur Gaza. Tout comme les manifestants, les forces de police étaient présentes en grand nombre.
« Cette fois-ci, tout se passera bien », promet Tariq, un des nombreux soutiens venus défendre la cause palestinienne. Il est 18h30 sous la statue du lion de Belfort, des milliers de drapeaux aux couleurs de la Palestine quittent la place Denfert-Rochereau. Autocollants sur le t-shirt, beaucoup ont attaché leur keffieh noir et blanc, la coiffe traditionnelle des palestiniens. Certains hissent des panneaux imagés pour dénoncer les atrocités commises à Gaza. Mais ici, à Paris, l’ambiance est calme.
Présents de part et d’autres du boulevard Raspail, les CRS sont omniprésents. Organisés en bataillons, certains surveillent, immobiles, d’autres patrouillent en suivant le cortège. Equipés de leur gilet pare-balle et de leur bouclier, ils sont à l’affût de la moindre provocation.
Rassemblement autorisé par la préfecture
La tension est d’autant plus grande que, trois jours auparavant, des scènes de violence avaient éclaté à Barbès et Sarcelles, en marge de manifestations similaires. Le rassemblement est finalement autorisé par la préfecture, droit de manifester oblige, mais au prix d’une surveillance de fer : 1500 policiers sont déployés jusqu’aux Invalides.
Et pour éviter un nouvel épisode d’émeute, les organisateurs ont établi leur propre dispositif de surveillance, prêts à réprimer tout débordement. Mais également des syndicats et partis politiques, venus grossir les rangs des manifestants. Les couleurs de la CGT, du NPA, du Front de Gauche et d’EELV viennent se confondre avec le drapeau rouge-vert-blanc-noir de la Palestine.
Manifestation sous contrôle
Et ça marche. Le parcours se passe dans un calme à prendre au second degré, eu égard aux slogans qui pétardent un à un, à coup de « Solidarité avec la Palestine », « le massacre doit cesser » ou encore « Israël assassin ». De temps en temps, quelques rares excités – souvent jeunes, se détachent de la tête de cortège, mais sont vite ramenés à la raison. Les femmes y vont par la force des sentiments : « tu veux faire pleurer ta mère ? », les hommes par la force des bras. Les organisateurs forment une chaîne humaine pour que personne n’exfiltre le groupe. Ils assurent l’ordre et le respect.
Mais soudain, à quelques pas des Invalides, un vieil homme tombe. Tout le monde s’arrête. Les manifestants à proximité se précipitent pour l’aider à se relever. « On est ensemble, on reste solidaires ». Rien ni personne ne doit être laissé pour compte. Ce n’est qu’une fois arrivés sur la place que les pro-palestiniens se détendent et peuvent chanter « on a gagné ! ». Il n’y aura pas eu de débordements… ou presque.
Incident mineur
Une douzaine de jeunes manifestants se détachent du cortège. L’air vindicatif, ils semblent avoir envie d’en découdre avec les forces de l’ordre. Les CRS qui les accompagnaient reculent prudemment vers les véhicules de leurs collègues. Un pavé gros comme un poing vole. De l’autre coté, la police se prépare à intervenir. Puis, plus rien. La poignée de provocateurs est rapidement dispersée par les manifestants.
Le reste du cortège déambule lentement jusqu’aux Invalides. On s’allonge dans l’herbe en attendant les autres groupes. Le dernier fait sensation. Il est conduit par les Neturei Karta, un groupe de juifs orthodoxes qui prônent le démantèlement de l’état d’Israël. Ils sont accueillis en héros, serrent des mains, se laissent prendre en photo. Enfin, à 20h30, une minute de silence est demandée. Les cris et les rires s’arrêtent nets. Des centaines de personnes s’assoient pour observer cet ultime élan de solidarité envers les Palestiniens. Et quitter définitivement la place des Invalides.
La manifestation en images :