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Stade Matmut Atlantique : l’heure du bilan

Inauguré en mai 2015, le stade de Bordeaux — ou « Matmut Atlantique » — est devenu une véritable référence architecturale, sportive et culturelle. Son architecture innovante, sa capacité, son emplacement, autant de facteurs qui ont rendu ce stade iconique. Sur le papier, une grande réussite, qui peut faire continuer à nourrir de grandes ambitions pour ce bâtiment devenu emblématique de la ville de Bordeaux. Dans les faits, tout n’est pas aussi rose. État des lieux. 

   Il faut remonter à 2011 pour retrouver les premières traces officielles de ce projet pharaonique : doter Bordeaux d’une nouvelle enceinte sportive pour le club de football des Girondins, qui accueillera également des événements de premier plan. Pour mener ce projet à son terme, la ville de Bordeaux privilégie un partenariat public-privé (PPP), laissant le soin de la construction au groupe Vinci, associé au groupe Fayat. Le contrat d’exploitation est alors attribué à une société dédiée, émanation de ces deux majors, Stade Bordeaux Atlantique (SBA), pour une durée de 30 ans. Le 4 novembre 2012, la première pierre est posée. Une construction imaginée par deux architectes suisses, Jacques Herzog et Pierre de Meuron, déjà concepteurs du stade futuriste du Bayern de Munich (Allemagne), l’Allianz Arena. Une nouvelle construction achevée 3 ans plus tard, et inaugurée lors d’un match des Girondins de Bordeaux le 23 mai 2015. Depuis, le site a bénéficié d’une reconnaissance internationale, confirmée par plusieurs prix : celui du plus beau stade du monde de l’année 2015 (décerné par le site stadiumdb.com) ou encore celui de l’architecture sportive de l’année 2016 (selon le site spécialisé archdaily.com). De quoi nourrir de grandes ambitions, malgré le faible remplissage et le déficit de SBA, exploitant du stade. 

Un nouvel écrin pour la ville de Bordeaux

   Depuis sa mise en service, le stade de Bordeaux, renommé Matmut Atlantique à la faveur d’un naming, n’a pas manqué d’activité. L’enceinte de 42 000 places a abrité tous les matchs des Girondins de Bordeaux, mais également quelques uns de l’UBB de manière exceptionnelle. Sans oublier des événements d’ampleur, comme des demi-finales de Top14, des matchs de l’Euro 2016, de nombreux concerts ou encore plus d’une centaine de séminaires par an. Comme nous l’expliquait Xavier Lapeyraque, directeur général délégué au stade Matmut Atlantique, patron opérationnel de l’enceinte, que VL Média a pu interroger : « C’est un stade ‘‘nouvelle génération’’, le plus moderne en France, et le seul de cette taille là sur toute la façade Atlantique, de Lille jusqu’à Perpignan». Cette hégémonie territoriale a mis l’écrin sur le devant de la scène. La sienne a, elle, accueilli de nombreuses célébrités, comme Céline Dion ou Paul McCartney. Selon Xavier Lapeyraque, il est aussi question d’une création en son sein d’un opéra, pour des concerts de musique classique.
En seulement quelques années, le nouveau bijou bordelais s’est imposé comme une pièce maîtresse des événements sportifs et culturels de la région. C’est en tout cas ce qu’assure son directeur : « Son importance dépasse les limites de l’enceinte, nous sommes devenus un symbole de Bordeaux, comme la Cité du vin, et nous générons plusieurs centaines de millions d’euros sur le territoire de la métropole bordelaise ». Un gros coup de pouce pour cette dernière, certes, mais insuffisant. Car si l’architecture reconnue et l’activité soutenue du stade n’ont pas à rougir, on ne peut pas en dire autant de ses finances : la société exploitante du stade, SBA, est menacée par un déficit de 15 millions d’euros. Au Stade Matmut Atlantique, emblème bordelais, le rose vire au rouge  …

Le « Matmut Atlantique » et son architecture atypique

   En théorie, avec une telle activité, SBA n’avait pourtant aucune raison de voir le trou financier se creuser. D’autant que le faible remplissage des Girondins de Bordeaux, club résident, n’a d’impact direct que pour ces derniers. La pratique est toute autre. Un déficit à hauteur de 15 millions d’euros accumulés depuis sa création, des déceptions à la pelle (comme un naming bradé à Matmut par SBA, pour la moitié de la somme espérée) et un concurrent qui pointe le bout de son nez, aux couleurs marines et blanches…
   Comme si les choses n’étaient déjà pas assez complexes pour la société exploitante du stade, SBA doit désormais faire face à une nouvelle complication : les envies de rachat par les Girondins de Bordeaux, jusqu’ici simples locataires, projet soutenu majoritairement par la métropole. Des discussions ont d’ailleurs été entamées avec SBA, comme l’a révélé Sud-Ouest. L’idée d’une sous-traitance, sur le modèle marseillais (stade Vélodrome), a aussi été évoquée. 
Après 5 ans d’exploitation, un bilan sportif et culturel à la hauteur, ainsi que 15 millions d’euros de déficit plus tard, SBA pourrait bien s’apprêter à lâcher la main. Le directeur, Xavier Lapeyraque, assure que SBA sera soutenue par ses actionnaires. Les faits commencent à dire l’inverse. L’avenir les départagera. D’ici là, le stade Matmut Atlantique continue de rayonner : sélectionné pour accueillir des rencontres de la coupe du monde de rugby 2023, il abritera également des matchs de football des Jeux Olympiques de 2024. Joli programme !

   Triomphe sportif et culturel, échec financier, le bilan du stade Matmut Atlantique est en demi-teinte. Désormais, le temps du changement semble être arrivé. Une reprise par les Girondins, désormais sur toutes les bouches, ferait beaucoup d’heureux dans la capitale du Sud-Ouest. 
Après les nuages, le soleil ?

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