Dans une interview accordée aujourd’hui au journal 20 Minutes, la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso détaille son projet pour « faire émerger des Zuckerberg à la française ».
Déjà annoncé en octobre 2013, l’idée de la création d’un statut d’étudiant-entrepreneur se concrétise. Il verra même le jour à la rentrée prochaine, comme le confirme Geneviève Fioraso. Son objectif : faire de l’entrepreneuriat un véritable choix d’orientation pour les jeunes, alors que le chômage au sein de cette population explose (23,5% chez les moins de 25 ans, soit presque un quart).
Etudiant-entrepreneur : pour relancer l’attractivité française…
« Selon l’APCE (Agence pour la création d’entreprises) seulement 3 % des créateurs d’entreprises étaient étudiants en 2013. C’est trop peu par rapport aux Etats-Unis, où de grandes entreprises comme Google ou Facebook ont été créées par des étudiants », déplore Geneviève Fioraso.En effet, au niveau mondial, les grandes universités ont depuis longtemps développé une politique de soutien à l’entrepreneuriat étudiant afin de lutter contre leur inertie professionnelle. C’est pourquoi la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, désireuse de concurrencer l’Oncle Sam en matière d’encouragement de l’innovation jeune, vise la création ou la reprise de 20 000 entreprises par des étudiants d’ici à 2018. Et ce grâce à un statut d’étudiant-entrepreneur, permettant à ceux « qui [veulent] monter [leur] entreprise de se consacrer à [leur] projet, en parallèle de [leur] cursus », décrit Geneviève Fioraso. Par cet état particulier, l’étudiant « pourra obtenir un aménagement de ses études, en ayant par exemple la possibilité de travailler sur son projet à la place d’un stage. Il pourra aussi suivre des modules de formation à la création et obtenir un diplôme d’établissement «étudiant-entrepreneur», qui lui attribuera des crédits ECTS comptant dans son cursus ». Mais surtout, « il sera accompagné dans l’élaboration de son projet par deux tuteurs (un enseignant et un chef d’entreprise) ». Enfin, la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur assure que ce statut spécial d’étudiant-entrepreneur « sera également une sorte de label qui crédibilisera l’étudiant auprès des banques ainsi que de ses futurs fournisseurs et clients ». Les seules conditions pour en bénéficier : être un jeune diplômé de moins de 28 ans.
… et contrer un avenir morose
Rappelons que, dans l’optique de favoriser l’esprit d’entreprise et l’audace chez les jeunes, le gouvernement avait auparavant mis en place le Plan Etudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat (PEPITE). Un fond de 4,6 millions d’euros sur trois ans avait alors été prévu pour soutenir financièrement 29 projets. C’est d’ailleurs demain que le président François Hollande recevra les lauréats de ces premiers Tremplins pour l’entrepreneuriat étudiant. Bref, le gouvernement met le paquet pour donner envie à la jeunesse française de prendre des initiatives sur son territoire, alors que la fuite des cerveaux s’est accrue ces dix dernières années. En effet, selon Le Figaro, le nombre de créateurs d’entreprises ayant pris le large a augmenté de 10 à 18%. A cause notamment du matraquage fiscal que subit la majorité des PME (d’où la révolte des Pigeons, née en 2012) et de l’impression que la méritocratie n’est actuellement plus de mise dans leur pays.
A noter également que selon l’étude OpinionWay commandé par la MACIF et publié hier dans Le Parisien, 46% des Français âgés de 18 à 25 ans vivent encore chez leurs parents faute de revenus suffisants, bien que deux tiers d’entre eux souhaitent plus que tout prendre leur indépendance et avoir leur propre logement. Espérons donc que ce nouveau statut étudiant-entrepreneur les aidera, à long terme, à prendre leur envol.