Le célèbre studio d’animation japonaise ne produira plus de long-métrage.
Note de la rédaction (5 août) : Il n’a jamais été question pour Ghibli d’arrêter l’intégralité de ses activités. L’emballement médiatique autour du démantèlement définitif présumé du studio a pour origine un défaut de traduction pointé par le site Catsuka. Ces rectifications n’ont aucun impact sur le fond de notre article, étant donné que Catsuka a été ici notre source principale d’information. Nous avons malgré tout reformulé les phrases qui pouvaient prêter à confusion.
Triste jour pour les fans de japanimation. Après plusieurs semaines de rumeurs, le producteur Toshio Suzuki a coupé court en annonçant officiellement dimanche soir sur MBS que Ghibli ne produirait plus pour le grand écran.
Cette décision fait suite aux mauvais démarrages des derniers films du studio (Le Conte de la Princesse Kaguya, When Marnie was there) qui n’arrivaient pas à occuper le haut du podium, détrônés par les derniers longs-métrages Pokémon. D’après Kotaku, le business plan de Ghibli supposerait qu’un film engrange environ 100 millions de dollars de recettes pour couvrir les coûts de production. Le Vent se lève, dernier long-métrage de Hayao Miyazaki, n’a à ce jour rassemblé que 91 millions de dollars.
Le studio victime d’un modèle castrateur
D’après le site Catsuka, cette décision était largement prévisible. La sortie de scène progressive des trois géants du studio – les réalisateurs Hayao Miyazaki et Isao Takahata ainsi que le producteur Toshio Suzuki – ne permettait pas à Ghibli de se projeter dans l’avenir, d’autant qu’aucun jeune réalisateur ne semble avoir les épaules suffisamment larges pour reprendre l’héritage.
Hiromasa Yonebayashi (Arrietty) n’a pas réussi à s’imposer, et son dernier film When Marnie was there peine à percer au box-office. C’était avec beaucoup de réserves que le maître avait finalement accepté de soutenir son fils Gorô Miyazaki (Les Contes de Terremer, La Colline aux coquelicots). Mamoru Hosoda (Summer Wars, Les Enfants Loups), alors jeune espoir du cinéma d’animation japonais, s’était également vu retirer en 2003 la réalisation du Château ambulant par Miyazaki. Si ce conservatisme a permis au studio de produire des films de qualité à court terme, il l’a de facto privé d’une relève qui lui aurait permis de tenir sur la durée.
De Porco Rosso (1992) jusqu’à aujourd’hui, le studio Ghibli était l’un des seuls studios à employer la majorité de son personnel à plein temps. Une exception coûteuse autrefois rentable mais qui aujourd’hui ne tient plus, alors qu’une écrasante majorité des studios tend à sous-traiter auprès d’animateurs freelance coréens.
Disparition ou reconversion ?
So they just stop the current system. Before Porco Rosso, Studio Ghibli staff was freelance. They’re coming back to this previous system.
— Catsuka (@catsuka) 3 Août 2014
C’est une équipe resserrée qui gardera les rênes du studio, en se focalisant sur le licensing et la gestion des droits des productions déjà existantes. Ghibli conservera cependant une petite équipe pour les projets personnels de Hayao Miyazaki. Le département Momonoma de Yoshiyuki Momose, dédié à la réalisation de publicités et de clips vidéos et constitué d’animateurs freelance, sera également préservé. Retour à la case départ, en attendant un modèle plus viable.
Si Toshio Suzuki et le président Koji Hoshino préfèrent parler d’un changement de modèle entrepreneurial, l’animation japonaise perd indiscutablement son plus grand studio.
Images : Kotaku, FC2, Studio Ghibli