A l’occasion de la diffusion du documentaire de Philippe Guedj et Philippe Roure, Sériefonia s’envole aux côtés de Superman.
C’est la septième saison déjà… & C’est toujours SérieFonia…
[« SérieFonia : Season VII : Opening Credits » – Jerôme Marie]
[« EXTRAIT SONORE : Superman, 1978 »]
[« Theme from Superman (Main Title) » – John Williams]
A l’occasion de la diffusion du très bon documentaire concocté par Philippe Guedj et Philippe Roure, diffusé ce 25 octobre, il y a donc de cela quelques jours à peine, on s’est dit… « on » étant Alexandre Letren et moi, que ce serait une bonne idée de consacrer ce SériFonia au développement cinématographique et musical du Superman… Oui, du et pas de… car au bilan, celui qui marque, celui qui reste… autant dans les esprits que dans les cœurs… C’est bel et bien celui de 1978 signé par Richard Donner. Pour preuve : le documentaire en question a pour titre Christopher Reeve : Le Superman éternel… Et en voici la bande annonce…
[« TRAILER – Christopher Reeve : Le Superman éternel » ]
Ce documentaire, aussi bien construit que touchant, est d’ailleurs narré par Pierre Arditi qui, comme vous vous en souvenez surement, prêtait justement sa voix au comédien, et donc au personnage, à l’occasion de la version française du film dans son montage originel de 143 minutes. Par ailleurs, il bénéficie également d’une bande originale bien à lui et qui, sans jamais chercher à lorgner du coté de John Williams, parvient néanmoins à embarquer le téléspectateur dans les cieux de Metropolis et à exister conjointement aux nombreux extraits d’archives et d’interviews naturellement présents à l’écran… & Elle est signée de Grégoire Terrier ; jusqu’ici spécialisé dans les court-métrages et documentaires…
[« Christopher Reeve : Le Superman éternel – Superman’s flying » – Grégoire Terrier]
Alors, afin d’éviter toute ambiguïté, il me faut ici préciser qu’un autre documentaire sur l’exact-même sujet est quant à lui sorti au cinéma… Nanti d’une durée de 104 minutes, Super/Man : The Christopher Reeve Story est également réalisé par un tandem (Ian Bonhôte et Peter Ettedgui) et dispose lui aussi d’une partition 100% originale… composée par Ilan Eshkeri…
[« Super/Man : The Christopher Reeve Story – Super-Hero » – Ilan Eshkeri]
Ilan Eshkeri, vous le connaissez surtout pour l’excellent Stardust de Matthew Vaughn, 47 Ronin de Carl Rinsch, ou encore les séries Strike Back et Riviera… Mais avant de remonter dans le temps et d’évoquer un peu les origines-mêmes du plus grand super-héros de tous les temps, mettons tout de suite les choses au clair : quand on pense à Superman, je suis désolé mais on entend instantanément… ça…
[« Superman – End Title » – John Williams]
Et pas… ça…
[« Man of Steel – Suite, Part I (Live) » – Hans Zimmer]
Désolé les jeunes générations, je vais encore faire mon vieux con… Mais ça, ce n’est pas une signature… Ce n’est pas un « thème »… Et, au-delà de tout, ce n’est pas iconique. Vous aurez très certainement tous reconnu le Man of Steel de Hans Zimmer… Vous savez le film qui a tellement de mal à gérer le coté populaire de son personnage qu’il se refuse même à l’appeler par son nom durant tout le métrage. Pardon, je sais, je suis un peu méchant. Mais selon moi, Superman doit avant tout rester fun… aventureux… et, même, porteur d’espoir, avant de sombrer dans le seul propos christique. D’ailleurs, lorsque le même Man of Steel, puisqu’il faut bien l’appeler comme ça, débarque dans la Justice League, Danny Elfman y reprend non pas le motif de Zimmer qui est, pourtant, la marque du personnage dans cet univers là… Mais bel et bien celui que John Williams avait destiné à Christopher Reeve…
[« Justice League – The Final Battle » – Danny Elfman]
Alors oui, bien sûr, vous allez me rétorquer que la version de Zack Snyder a bien remis les pendules à l’heure quelques années plus tard… et rendu son « thème » à Henry Cavill… Désolé les non-initiés, je sens que vous galérez… T’inquiète, Père, ça va pas durer… Mais il n’empêche que la version officielle de Justice League… aussi mauvaise soit-elle… reste celle récupérée par Joss Whedon et sortie au cinéma en 2017. Point. Et puis tiens… J’ai failli oublier que, bien avant ça, même John Ottman illustrait le Superman Returns de Bryan Singer avec du Williams en veux-tu en voilà ! Mais avec sa p’tite touche perso quand même…
[« Superman Returns – Saving the World » – John Ottman]
Grandiloquent… Epique… Majestueux… Aventureux à souhait et… Plus simplement… immédiatement aérien… Le thème de Superman par John Williams reste indélébilement dans les consciences collectives depuis cet an de grâce 1978 où Richard Donner a prouvé au Monde qu’un homme pouvait voler… Mais l’aurait-il fait aussi bien sans la musique ? Enfin… Sans cette musique, précisément. Il y a fort à parier que tel n’aurait pas été le cas… D’ailleurs, durant les sessions d’enregistrements, tous… à commencer par le réalisateur et les producteurs… sont littéralement restés cloués sans voix sur leurs sièges… pendant que le London Symphonic Orchestra faisait décoller Christopher Reeve encore plus haut… encore plus loin vers le firmament du cinéma…
[« Superman – Cat Rescue and Air Force One » – John Williams]
Pourtant, John Williams a bien failli ne jamais composer Superman. En toute logique, puisqu’il sortait du succès de sa Malédiction, The Omen si vous préférez, Richard Donner souhaitait naturellement poursuivre sa collaboration avec Jerry Goldsmith… Qui, j’en suis sûr, aurait certainement proposé quelque chose de tout aussi hallucinant… Ou à minima… de très réussi. Mais, déjà engagé vis-à-vis de Peter Hyams pour Capricorn One, Goldsmith n’a d’autre choix que de décliner l’offre de Donner… Néanmoins, le premier volet de Star Wars ayant remporté tous les suffrages l’année précédente, se tourner vers John Williams afin de le remplacer tombait sous le sens. D’autant que, dans Superman, il n’y a pas que la Marche héroïque… Mais bel et bien toute une palette de couleurs musicales et d’émotions aussi variée que contrastée… Et ce, dès le départ, avec la découverte de la planète lointaine de Krypton…
[« Superman – The Planet Krypton and the Dome » – John Williams]
Juste au cas où vous seriez né dans une grotte avant d’être abandonné sur une île déserte… ça parle de quoi Superman au juste ? Bah… C’est l’histoire d’un gamin de l’espace, envoyé dès son plus jeune âge vers la Terre par ses parents restés sur leur planète d’origine au moment-même où cette dernière était sur le point de disparaître, qui… une fois arrivé dans notre atmosphère… se découvre toute une batterie de pouvoirs extraordinaires. Il est d’une force inouïe… Il résiste aux balles… Comme s’il était fait d’acier… Ses yeux lancent des lasers… son souffle peut devenir glace… Et, en plus de tout cela… Il peut voler. Adopté à Smallville par Martha et Jonathan Kent, il se voit inculqué les meilleures des valeurs… et décide, une fois adulte, d’user de ses facultés pour venir en aide à cette humanité dont il s’octroie la responsabilité. Afin de protéger ses proches… et, occasionnellement, de pouvoir souffler un peu… Il reste « à la ville » le très gentil et tantinet maladroit Clark Kent… Journaliste au Daily Planet de Metropolis… où il rencontre l’amour de sa vie : Lois Lane. Voilà… ça va, c’est bon, je peux arrêter là ? J’ajoute juste que son ennemi juré le plus illustre est le richissime Lex Luthor : toujours à l’affût du moindre artefact qui pourrait bien mettre le héros en difficulté…
[« EXTRAIT SONORE : Superman »]
Les amateurs de VO auront reconnu les voix originales de Christopher Reeve et de Gene Hackman… C’est le moment où Luthor expose Superman à un fragment de Kryptonite… Littéralement un morceau… une météorite… de sa planète natale qui, une fois sur Terre, l’affaiblit au point d’en perdre tous ses pouvoirs… Un élément magique… quasi mystique… Que John Williams ne manque pas d’identifier musicalement à travers une approche sinueuse et minimaliste parfaitement adaptée… où les thèmes des deux protagonistes se mêlent et s’entrecroisent jusqu’au dénouement momentanément fatal…
[« Superman – Luthor’s Fatal Weapon » – John Williams]
A regarder aussi : « C’est un oiseau ? Un avion ? Non, c’est Superman!!! » | Le Club #28 | VL Média
Williams a beau se réfugier derrière le fait qu’à ses yeux Superman est avant tout un film fun et agréable… Théâtral même… Essentiellement grâce aux jeux de Christopher Reeve en Superman et Margot Kidder en Lois Lane… Sa musique n’est pas moins révélatrice d’une œuvre cinématographique hors norme… où les situations effectivement les plus légères côtoient successivement les plus dangereuses… voire les plus dramatiques. En toutes occasions, Williams met dans le mille et sublime chaque image tournée par Donner… pourtant déjà magnifiques à elles seules. Quand il entend pour la première fois les premières mesures du thème principal, le réalisateur a même la sensation que la musique épelle le mot Su-Per-Man… Allez, même pas honte, j’essaie de vous la faire… Siffle-Siffle-Siffle… Su-per-man… Siffle la suite… Sur le coup, Donner est tellement impressionné qu’il ne peut contenir sa joie ! Il se met à crier : « génial ! formidable ! »… Et la prise d’être… eh bien foutue… Bah oui, en recording sessions, mieux vaut faire silence. Mais bon… merde après tout… on l’comprend !
[« Superman – Prelude and Main Title » – John Williams]
Je ne sais pas si vous le remarquerez, mais je ne vous passe pas deux fois la même itération du thème… Alors, oui, c’est subtil, mais je fais attention… Cette signature… Cette Marche… est en réalité composée de plusieurs parties, à la manière d’une fanfare. Les trois premières notes deviennent le motif de la chemise ouverte… Ce geste furtif que fait Clark et qui précède le fait de dévoiler, via d’autres notes, son S emblématique, jusque-là dissimulé sous ses vêtements… Après quoi, c’est tout le costume qui apparait… encore via d’autres notes… La musique reflète cette succession d’actions… ce mode opératoire systématique… que pratique le héros pour mieux se dévoiler… et s’envoler. Voilà le niveau de détail que John Williams applique à ce film « fun ». Une partition que le compositeur souhaite héroïque, grandiloquente, opératique même… Mais qui ne se prennent jamais réellement au sérieux…
[« Superman – The March of the Villains » – John Williams]
Bon OK, là, je vous ai dégainé le thème des Méchants… qui est ouvertement parodique. Du coup, j’avoue, mon effet démonstratif est un peu trop facile. Mais, en réalité, si j’ai fait ça, c’est pour mieux mettre en relief tout le propos précédemment énoncé grâce à un passage culte du film… Celui où Superman sauve Lois pour la première fois, tandis qu’elle est perchée à un hélicoptère près à tomber du haut d’un building… Ecoutez bien… Il y a tout : suspense, action, aventure, héroïsme, légèreté… voire dérision… Notamment grâce à ce sens du rythme frénétique et de l’orchestration déchainée qui caractérisent tant la « patte » Williams…
[« Superman – The Helicopter Sequence » – John Williams]
Vous le savez : cette saison, SérieFonia revient autant sur les origines des films que des musiques qui les accompagnent… De fait, il est grand temps de faire comme Superman lui-même à la fin du métrage et de remonter le temps… Jusqu’au début des années 30… Lorsqu’un jeune scénariste et un tout aussi jeune dessinateur de Cleveland ont eu l’idée d’unir leurs talents pour mieux révolutionner la figure-même du héros des temps modernes…
[« Superman, 1940 (Animated) – Main Title » – Sammy Timberg]
Ce que vous venez d’entendre, c’est le générique de la série d’animation Superman de 1941… Ce qui en fait la toute première musique jamais créée pour le personnage, à peine sorti des pages du magazine Action Comics quelques années plus tôt… soit en avril 1938. Le compositeur s’appelle Sammy Timberg et il est connu pour avoir œuvré sur les séries Popeye et Betty Boop ; en sus de ses collaborations avec Chico Marx des Marx Brothers… New-Yorkais d’origine, il a vécu de 1903 à 1992… Et son thème me paraissait être parfaitement approprié à un petit rappel des faits… Du coup, on l’écoute un peu mieux…
[« Superman, 1940 (Animated) – Main Title » – Sammy Timberg]
Je vais vous la faire courte mais la genèse de Superman remonte à 1933 ; lorsque ses créateurs Jerry Siegel et Joe Shuster alors âgés de seulement 17 ans, publient dans leur fanzine-maison une courte histoire intitulée Le Règne du Superman. Rien à voir pourtant avec leur futur Kryptonien, leur anti « héros » est alors un vagabond rendu télépathe grâce à l’absorption d’une drogue expérimentale… Un pouvoir dont il use à mauvais escient… Face au flop de leur proposition, ils décident finalement de lorgner du côté des comic-strips comme Tarzan et Flash Gordon ou des récits pulp du type John Carter. Après plusieurs refontes… et surtout plusieurs rejets… Superman devient peu à peu le protecteur de l’humanité tel qu’on le connait toujours aujourd’hui. Une première proposition d’édition survient dès 1935… De la part du gérant de National Allied Publications, Malcolm Wheeler-Nicholson. Mais l’auteur et l’illustrateur préfèrent décliner car ils n’ont tout simplement pas confiance en lui… Et grand bien leur en a pris puisque Wheeler-Nicholson fait faillite moins de deux ans après. La société est reprise par Harry Donenfeld et Jack Leibowitz… Qui proposent également à Siegel et Shuster de publier leur Superman si et seulement si ils renoncent à leurs droits d’auteurs… Ce qu’ils acceptent pour la petite somme de 130 dollars d’alors… De toute façon, ils n’y croient plus… aucune chance que leur super-héros puisse se frayer un chemin vers la postérité…
[« Superman – Golden Gate Bridge » – John Williams]
Pour faire simple… Ils se sont bien fait enfler. Car, en définitive, Superman est un carton instantané… Tandis qu’il ne leur appartient déjà plus. Heureusement, ils en restent, dans les premiers temps, les scénaristes et dessinateurs principaux… Ce qui leur garantit tout de même un certain salaire… Mais à la première occasion… C’est-à-dire l’appel de Siegel sous les drapeaux en 1943. DC s’empresse de créer dans son dos une série de comics dérivés… Superboy… avant de le licencier purement et simplement dès 1946. Voilà, voilà, voilà… Encore un bel exemple de l’absurdité de l’industrie. Des décennies durant, les deux créateurs tenteront désespérément de récupérer leurs droits… En vain… Toujours en vain. Et ce jusqu’en 1975… où Warner, qui est propriétaire de DC, leur propose de leur payer une pension annuelle… s’ils consentent à ne plus tenter d’actions en justice. Eh ouais… C’est beau tout ça…
[« EXTRAIT SONORE : Superman, 1948 »]
Pendant ce temps-là, le personnage prend également son envol sur les ondes et, surtout, sur les écrans… Dès 1948, Superman Comes to Earth devient le premier épisode d’un serial en 15 chapitres, avec Kirk Alyn dans le rôle-titre et Noel Neill dans celui de Lois Lane. Vous venez d’ailleurs d’entendre leurs voix dans l’extrait que je viens de vous diffuser. Et à la musique, on retrouvait le compositeur russe Mischa Bakaleinikoff… qui avait au préalable œuvré sur Les Nouvelles Aventures de Tarzan en 1935. Deux ans plus tard, une première suite verra le super-héros se confronter à Atom Man… Puis une seconde, dès 1951, aux Mole Men. Après quoi, Kirk Alyn laissera son costume à George Reeves… qui pendant 6 ans deviendra vraiment le Superman de sa génération. Mais après pas moins de 104 épisodes, le comédien se suicide le 16 juin 1959… enfin… C’est ce que dit la version officielle… Car plusieurs théories, dont l’accident et l’assassinat, restent d’actualité. En un sens, la malédiction des Superman venait de commencer… Aux principaux thèmes de cette séries culte : Leo Klatskin.
[« Superman, 1952 – End (Long Version) » – Leo Klatskin]
Après quoi, Superman se fait un peu oublier du petit comme du grand écran… Car ce n’est qu’en 1974 que Ilya et Alexander Salkind, conjointement avec Pierre Spengler, obtiennent les droits d’exploitation cinématographique de l’homme d’acier. L’idée est carrément de tourner deux films à la fois et de les faire distribuer par la Warner. Pour écrire le script, ils se tournent vers William Goldman, qui a remporté l’Oscar en 69 pour Butch Cassidy et le Kid. Puis vers la romancière Leigh Brackett, qui a signé le scénario de Rio Bravo. Mais c’est en fin de compte l’auteur spécialisé dans la science-fiction Alfred Bester qui est recruté. Son premier traitement laisse Alexander Salkind perplexe… si bien que le producteur préfère le remplacer par… un « nom ». Et l’auteur en vogue à ce moment-là à Hollywood n’est autre que celui du Parrain, puis du Parrain II… Mario Puzo…
[« Superman – Destruction of Krypton (Extended) » – John Williams]
Puzo accepte à hauteur de 600 000 dollars… Mais l’ambition des producteurs père et fils ne s’arrêtent pas là. Au poste, indispensable de réalisateur, ils voient bien Francis Ford Coppola, justement… ou encore William Friedkin, Sam Peckinpah ou… George Lucas et Steven Spielberg. Néanmoins, c’est finalement à Guy Hamilton, qui s’est illustré à travers la saga James Bond, qu’ils font leur proposition. Goldfinger, Les diamants sont éternels, Vivre et laisser mourir, L’homme au pistolet d’or… C’est lui ! Le hic, c’est qu’il n’a pas le droit de passer plus de 60 jours sur le sol anglais pour des raisons fiscales. Or, les films doivent justement se tourner en grande partie aux studios Pinewood, non loin de Londres. Alors… et seulement alors… entre en scène Richard Donner…
[« Superman – The Trip to Earth » – John Williams]
Ne reculant devant rien, la production se paye quelques minutes de Marlon Brando pour la modique somme de 4 000 000 de dollars. Puis ils se tournent le non moins respecté Gene Hackman pour incarner Lex Luthor… D’abord récalcitrant, Hackman finit pas se faire à l’idée de devenir ce méchant vraiment pas comme les autres… continuellement à mi-chemin entre l’humour et la folie la plus destructrice. Brando, quant à lui, vient toucher son chèque en ayant hâte de quitter le plateau de ce film qu’il juge stupide… Chacun ses goûts… et, accessoirement, son égo… Glenn Ford, l’acteur-phare de Gilda au côté de Rita Hayworth devient pour sa part le père adoptif de Clark pendant que les Lois et Clark de 1950, Noel Neill et Kirk Alyn font une courte apparition clin-d ’œil en devenant les parents de la jeune Lois Lane… Le très charismatique Terrence Stamp est recruté pour jouer le redoutable Général Zod… Un peu dans le 1 mais surtout dans le 2… Bref… Tout se met en place avec la ferme intention de proposer un film prestige… Un comme aucun super-héros n’en a jamais connu… Ne restait plus qu’à trouver le couple-vedette…
[« Superman – Love Theme from Superman » – John Williams]
Pour le coup, Richard Donner souhaite confier les rôles de Clark et de Lois à des quasi-inconnus. Ce qui est loin d’être le cas de DC, qui verrait déjà bien Al Pacino ou Clint Eastwood… Voire même Dustin Hoffman… en Superman ! Ah bon ? Vraiment ?… Bref, passons. Lors de son audition, Margot Kidder crève l’écran… Elle y apparait à la fois forte et vulnérable… Séduisante et malicieuse… Parfois suffisante mais jamais irritante… Elle devient Lois quasiment sur le moment… Superman, de son côté, donne du fil à retordre à toute l’équipe de casting. Plus de 200 comédiens passent des essais… Dont Nick Nolte, Christopher Walken ou encore Robert Redford. A un moment, Paul Newman est même en passe de signer… Quand Richard Donner jette finalement son dévolu sur un jeune homme de 24 ans… et 77 kilos seulement.
[« Superman – Chasing Rockets » – John Williams]
Afin de développer sa musculature, Christopher Reeve suit un entrainement drastique sous la tutelle de David Prowse… L’homme qui se cache alors sous le costume de Darth Vador dans la première trilogie Star Wars… Grâce à lui, l’acteur atteint bientôt les quasi 100 kilos et, son charme naturel faisant le reste, enfile le costume du Kryptonien avec une aisance… un naturel… et une classe presque déconcertante. Il est grand. Il est beau. Il est fort et, contre toute attente… Il est crédible. Rien qu’à son regard, on pourrait croire qu’il peut – effectivement – voler…
[« Superman – Theme from Superman » – John Williams]
Grace au talent de Donner… Au-delà même de sa volonté de faire de Superman une œuvre crédible… jumelé aux effets visuels de Derek Meddings et Les Bowie… au incroyables designs de John Barry… Non rien à voir avec le compositeur… les cascades de Vic Armstrong… Les maquillages de Stuart Freeborn… la photographie de Geoffrey Unsworth… Et… Bien sûr… La musique de John Williams… Superman est un succès massif et immédiat. Le film a coûté 55 millions de dollars… et en rapporte vite plus de 300… Aux Oscars, il est nominé pour son montage, sa musique, son son… et remporte la statuette dédiée aux effets spéciaux… La Superman-Mania est née… Les producteurs autant que le publique en redemandent… Ca tombe bien ! Je vous rappelle que Superman I et Superman II était tournés simultanément. Quand le film sort en décembre 1978, le second volet est donc déjà aux trois quarts en boite… Richard Donner a de quoi être fier… Il a littéralement réalisé l’impossible. Et, en toute logique, les Salkind ne peuvent que le remercier… Et c’est très précisément ce qu’ils font… Au lendemain de la distribution du film, ils le remercient… Oui, oui, vous avez bien compris… Dans le sens où… il est viré !
[« Superman II – Sad Return » – Ken Thorne]
Du coup, je vous ai glissé un p’tit bout du II composé par Ken Thorne… Oui, vous avez bien entendu… Un peu à la façon des créateurs Siegel et Shuster, Donner se voit donc déposséder de son dur labeur et remplacé sans sommation par Richard Lester… De quoi rappeler que le cinéma reste avant une industrie ; avec tous les travers et coups bas que cela comporte. Une décision qui laisse les comédiens et les équipes sans voix… presque au bord du découragement… Mais qui n’empêche malgré tout pas Superman II d’arriver sur les écrans deux ans plus tard… En décembre 1980. Bon après, faut croire que tout ne s’est pas passé si mal que ça… Puisque c’est encore Lester qui met en scène Superman III en 1983…
[« Superman III – Rockets, Video Games, Big Missile » – Ken Thorne]
En revanche, c’est Sidney J. Furie, à qui l’on doit L’Emprise et Au cœur de l’enfer, qui se charge du quatrième opus, The Quest for Peace, en 1987… De loin, de très loin… le plus cheap de la saga mettant en vedette Christopher Reeve…
[« Superman IV, The Quest for Peace – Nuclear Man Theme » – Alexander Courage]
A l’orchestre, on retrouve cette fois le père musical de Star Trek, Alexander Courage. Mais toujours avec les thèmes de Williams nichés de-ci de-là… La suite… Je l’ai déjà évoqué en partie… Superman Returns en 2006, avec Brandon Routh. Man of Steel, puis Batman v Superman et Justice League avec Henry Cavill en 2013, 2016 et 2017. Sans oublier la Snyder Cut en 2021. Pour le reste, il faut se tourner vers la télé… avec Lois & Clark : Les nouvelles aventures de Superman, avec Dean Cain et Teri Hatcher entre 93 et 97… Sur des musiques de Jay Gruska…
[« Lois & Clark – Lois and Clark’s First Love Theme » – Jay Gruska]
L’excellente Smallville, avec Tom Welling, le temps de 10 saisons à partir de 2001… Sur des partitions de Mark Snow… Amateurs d’X-Files, vous allez voir… ça s’entend… et comprenant d’émouvantes apparitions de Margot Kidder et de Christopher Reeve, pourtant handicapé depuis sa chute de cheval en mai 1995 !
[« Smallville – Freaks » – Mark Snow]
D’ailleurs, en parlant de Smallville… A l’occasion du Festival Jules Verne… au Grand Rex de Paris… Avec lequel je collaborais en tant que partenaire du festival du temps où je bossais pour CinéFonia Magazine, j’avais encadré la venue secrète du chanteur Cinjun Tate, du groupe Remy Zero… C’était une vraie surprise pour les spectateurs présents dans la salle… Et cela reste un merveilleux souvenir… Dont il me reste quelques traces…
[« Smallville – Save Me (Live) » – Remy Zero]
Depuis, on a pu voir le personnage dans les différentes séries du Arrowverse, sur The CW… Notamment dans Supergirl et… enfin… Superman & Lois, avec Tyler Hoechlin et Bitsie Tulloch… Et des partitions de Dan Romer…
[« Superman & Lois – The First Son of Krypton » – Dan Romer]
Je vous passe les séries animées… Les dérivés du type Superboy ou Krypton… Et je vous dirais simplement que Richard Donner a malgré tout réussi à remonter sa propre version de Superman II pour le marché de la vidéo en 2006. Y a du bon… Y a du moins bon… Mais ça vaut l’coup d’œil… Voilà, j’espère que cet élan de nostalgie vous aura fait plaisir… et je vais vous quitter, justement, sur un souvenir… Nous sommes en 1996, au Barbican Center de Londres… John Williams dirige en personne les membres du London Symphonic Orchestra… et je suis là… dans cette salle magnifique… à vivre le rêve éveillé d’observer et d’écouter mon idole… Par chance, le concert est retransmis à la radio… et j’en conserve précieusement l’enregistrement. Alors, OK, le son est ce qu’il est… Mais moi, j’m’en fout… J’étais là et je peux vous assurer que… je décollais…
[« Superman – Superman March (Live) » – John Williams]
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