Après « LuxLeaks », au tour de « SwissLeaks ». Le Monde publie la première partie d’une enquête qui dévoile un vaste système d’évasion fiscale alimenté par le deuxième groupe bancaire mondial, HSBC. L’établissement britannique aurait fait transiter plusieurs milliards d’euros vers des paradis fiscaux pour le compte de ses clients français entre 2005 et 2007. Si les échos de l’affaire sont si tonitruants, c’est que des grands noms circulent parmi les fraudeurs.
5,7 milliards d’euros auraient été dissimulés par la filiale suisse de HSBC. Les contribuables français concernés auraient été démarchés puis invités par HSBC Private Bank à « mieux camoufler leur argent derrière le paravent de structures offshore” situées au Panama ou dans les îles Vierges britanniques. Objectif premier : échapper à l’ESD, une taxe européenne mise en place en 2005 (année du début de ce système d’évasion fiscale), qui visait l’épargne des clients européens. Les enquêteurs possèderaient désormais assez d’éléments matériels qui attestent les délits.
Gad Elmaleh, Dugarry & coe
Comme on pouvait s’en douter, le monde des paillettes est bien représenté sur la liste HSBC. Les activités varient – cinéma, sport, show-biz, art – mais les comptes en banque concernés sont tous bien garnis. Si ceux-ci, bien que très rarement déclarés à leur ouverture, ont pour la plupart été régularisés depuis, la période 2005-2007 fût très fructueuse en économies pour bon nombre de personnalités.
Gad Elmaleh est sans aucun doute la figure la plus connue des clients français de la filiale bancaire suisse. L’acteur qui, malgré une publicité pour une banque française dans laquelle il brossait le tableau, sous une pluie de rires et d’applaudissements, de sa banque idéale, a en effet opté pour un compte genevois. 80 000 euros y auraient été déposés entre 2006 et 2007. L’acteur aurait régularisé sa situation auprès de l’administration fiscale.
Le nom de Christophe Dugarry apparait aussi dans cette liste noire. Le champion du monde 98, désormais consultant sportif, aurait ouvert en 2005 un compte via une société offshore des îles Vierges britanniques, garni de plus de 2 millions d’euros selon les données de la banque. Contacté par Le Monde, l’ancien footballeur n’a pas souhaité répondre à leurs questions.
Les personnalités du monde du spectacle se trouvent à la pelle. Liza Azuelos, réalisatrice du film LOL, le chanteur Philippe Lavil, l’artiste Christian Boltanski… Tous assurent que « tout est maintenant réglé » (attaché de presse de Liza Azuelos).
Milieux affairistes et monde politique trempés
Les dirigeants d’entreprise sont aussi très présents dans la ligne de mire du fisc hexagonal. Le célèbre coiffeur Jacques Dessange en tête. Il a lui aussi régularisé sa situation, en 2012, comme le confirme l’un de ses conseillers : « Monsieur Dessange s’est mis en règle avec le fisc en 2012. Cela lui a coûté cher ». On le plaindrait presque. Rassurons-nous en épluchant les relevés 2006-2007 qui indiquent que le coiffeur aurait dissimulé 1,6 million d’euros, notamment par l’intermédiaire d’un paravent d’une fondation au Panama, Hacienda.
Côté politique, l’heureux élu (un autre type d’élection) se nomme Aymeri de Montesquiou, sénateur (UDI) du Gers. L’homme politique aurait ouvert un compte dans les années 90, compte lui-même associé à une société écran basée au Panama, Susumi Finance Corporation. Reprenant le célèbre adage cahuzacien, M. de Montesquiou dément : « Je n’ai pas de compte à l’étranger ».
Les paradis fiscaux sont donc de drôles de lieux où l’on retrouve côte à côte footballeurs, acteurs, patrons et stars du show-biz. Profils divers mais même sens de l’épargne, dirons-nous.