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Rien ne va plus entre Ankara et Moscou

Depuis mardi, rien ne va plus entre Russes et Turcs. Erdogan et Poutine se sont lancés dans un bras de fer médiatique. Ainsi, c’est à coup de sanctions économiques plus ou moins concrètes et toutes plus nocives les unes que les autres pour leurs propres nations que s’affrontent ces deux mastodontes de la politique.

Un affrontement médiatique 

Après que la Turquie ait abattu mardi un avion de chasse russe SU-24, Turcs et Russes s’accusent mutuellement d’avoir été en tort. Ainsi, la Turquie ne présentera pas ses excuses à la Russie, comme l’avait pourtant exigé Sergueï Lavrov (le ministre russe des Affaires étrangères) mais également Vladimir Poutine, qui s’est indigné le 26 novembre de ne toujours pas avoir reçu d’excuses de la part du gouvernement turc. Recep Tayyip Erdogan refuse de s’excuser, estimant que la Turquie était dans son droit et avait déjà averti la Russie que tout appareil armé effectuant des incursions dans le ciel turc serait abattu :« La Turquie ne présentera pas d’excuses à la Russie, c’est au contraire à ceux qui ont violé notre frontière de le faire ».

l'avion Russe SU-24 sur le point de s'écraser après avoir été touché par les tires des avions turcs

l’avion Russe SU-24 sur le point de s’écraser après avoir été touché par les tires des avions turcs

La crise ne se limite plus à l’avion russe ; c’est maintenant des critiques des politiques intérieures et extérieures des deux nations qui sont faites. Ainsi, Vladimir Poutine accuse ouvertement la Turquie d’être responsable du développement de l’Etat Islamique en achetant sur le marché noir les hydrocarbures venant des zones contrôlées par l’EI et considère « difficile de croire que les dirigeants turcs ne le savent pas ».

Recep Tayyip Erdogan a rapidement répondu : « Ceux qui nous accusent d’acheter du pétrole à Daech ont l’obligation de prouver leurs allégations. Sinon, vous êtes des calomniateurs ». Et il a ensuite accusé la Russie et le régime de Bachar Al-Assad de financer l’EI et de le laisser proliférer afin de mieux écraser les rebelles syriens.

une manifestation à Ankara en novembre contre l'intervention russe en Syrie

une manifestation à Ankara en novembre contre l’intervention russe en Syrie

Vladimir Poutine a également critiqué la politique d’islamisation menée par le KPD en Turquie (parti politique d’Erdogan), ce à quoi le chef d’Etat turc aurait répondu : « Mais qu’est-ce qu’il dit ? La société turque est de toute façon musulmane à 99% ! ».

Une série de sanctions économiques 

Moscou multiplie les sanctions visant à affaiblir économiquement la Turquie et à mettre en place un fossé entre Turcs et Russes. La dernière mesure prise par le gouvernement russe a été annoncée le 27 novembre par Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères de la Russie : un retour aux visas obligatoires pour les touristes turcs se rendant en Russie. La veille, il avait demandé aux Russes de ne plus se rendre en Turquie et à l’ensemble des ressortissant de quitter le pays. L’agence fédérale du tourisme a ordonné la cessation des ventes de séjour pour la Turquie.

Depuis jeudi, des mesures de rétorsion économique sont prises par Moscou à l’encontre d’Ankara. Ces mesures touchent tous les domaines : produits alimentaires, hydrocarbures, services, tourisme… Cependant, il est difficile d’imaginer comment la Russie peut mettre en place de telles mesures sans elle-même en ressentir les conséquences. C’est simple, elle ne peut pas.

En effet, les marchés russes et turcs sont étroitement liés, 20% des légumes, 25% des agrumes, 90% des poissons vendus en Russie viennent de Turquie. De plus, le marché turc est une véritable aubaine pour la production d’hydrocarbures russes, qui ne peut plus uniquement compter sur l’Europe depuis la crise ukrainienne.

Les projets d’oléoducs russes passant par la Turquie sont également stoppés. Ils permettaient pourtant à la Russie de contourner l’Ukraine ou encore la Biélorussie pour approvisionner l’Europe, mais également de s’implanter dans le marché turc qui connait une croissance  gigantesque, destiné à devenir le premier marché européen d’ici 2050.

Alexei Ulyukayev, le ministre russe de l’Economie, a stoppé  le projet de création d’une zone de libre échange entre la Russie et la Turquie, tout comme le contrat de développement du nucléaire en Turquie, d’une valeur de 20 milliards d’euros.

10,4% des importations turques viennent de la Russie, ce qui fait des Russes les premiers fournisseurs de la Turquie. Si Ankara perd donc son premier partenaire économique, les conséquences économiques seraient dramatiques pour le pays.

Une tentative de sortie de crise ?

Vendredi 27 novembre, le Président Erdogan a déclaré vouloir rencontrer Poutine lors de la COP21 lors d’un « face à face » : « J’aimerais rencontrer M. Poutine en face à face à Paris pour parler ». Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu tente également de sortir de cette crise qui pourrait être désastreuse pour l’économie de son pays et a indiqué au Times que la Turquie allait désormais travailler avec ses alliés ainsi qu’avec la Russie afin de calmer les tensions.

Erdogan amorce progressivement une sortie de crise et a d’ailleurs annoncé : « s’il avait été clair que l’avion entré dans l’espace aérien turc était russe, l’attitude de la Turquie aurait pu être différente ». Cependant il n’est pas certain que ce changement de position d’Erdogan désamorce la crise et permette un retour aux relations qu’entretenaient les Russes et la Turquie il y a à peine une semaine.

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