La proposition qui prévoit le financement par la région des tests de dépistage salivaire de consommation de cannabis a été adoptée. Une mesure applicable seulement sur le papier. Explications.
C’était une promesse du programme de Valérie Pécresse qui avait suscité la polémique. Il y a cinq mois, la toute récente présidente de la région Ile-de-France avait dévoilé une proposition plus que controversée pour lutter contre les addictions de la jeunesse : le financement de tests salivaires pour les lycéens afin de dépister des résidus de cannabis. Agnès Evren, vice-présidente du Conseil Régional à l’éducation et à la culture, a présenté ce jeudi la proposition incluse dans le rapport « Pour des lycées sans drogues et sans addiction », proposition qui a ensuite été adoptée.
Une mesure simple dans la théorie
Concrètement, les directeurs de lycées pourraient demander à tout élève de procéder à un test salivaire. Les résultats de ce dépistage resteraient « sous couvert du secret médical » puis seraient ensuite envoyés au lycéen s’il est majeur ou à ses parents s’il est mineur. Quant au chef d’établissement, il n’accéderait pas aux résultats individuels mais pourrait accéder uniquement à un « un bilan global ». Cela semble simple, mais en réalité, le processus sera semé d’embûches.
Une utilisation du test marginale
La question de la légalité du processus reste obscure. La décision d’appliquer ces tests ne dépend pas du Conseil régional d’Ile-de-France mais des conseils d’administration des différents établissements. Pour l’instant, les principaux syndicats de proviseurs rechigneraient à appliquer ces tests. Bénédicte Monville, élue EELV, dénonce une mesure démagogique qui permettrait à Valérie Pécresse de décharger sa responsabilité pour dire : « Je n’ai pas renoncé à ma promesse de campagne. Si cela ne se fait pas, c’est à cause de la communauté éducative ».
Même si certains établissement acceptent de pratiquer de tels tests, les lycées qui ordonneront des tests ne seront donc pas forcément les premiers concernés par les problèmes de drogue. Enfin, pour passer tout test, l’établissement devra préalablement obtenir l’autorisation des parents et des lycéens eux-mêmes.
Des tests inefficaces
Si toutes ces étapes sont passées, le test viendra s’affronter à une réalité physiologique. Le dépistage salivaire ne peut remonter que sur un nombre limité d’heures. Contrairement aux tests urinaires ou capillaires, le cannabis est détectable sur la langue pour une durée qui s’étend de quelques heures à deux ou trois jours maximum. Un simple bain de bouche contribue à supprimer les résidus. A moins d’effectuer des examens « surprise » au beau milieu de la journée avec l’autorisation du lycée, du directeur et des parents de l’intéressé.