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On a vu pour vous… The State, la série controversée sur Daesh

The State vous plonge au cœur du quotidien des recrues de l’Etat Islamique. Une fiction intense et documentée en 4 épisodes qui va faire polémique. Rendez-vous sur Canal + les 4 et 11 septembre pour une immersion sans précédent.

C’est quoi The State ? Un groupe de jeunes britanniques rejoint les rangs de Daesh en Syrie. Un même but : servir l’Etat Islamique au nom d’Allah. Jalal suit les traces de son frère ainé érigé au rang de martyr. Son meilleur ami Ziyaad le suit. Shakira est capable de tout pour offrir ses talents de médecin aux combattants. Isaac, son timide fils de 9 ans, l’accompagne. Ushna, adolescente radicalisée sur internet, arrive avec sa valise rose déterminée à accomplir son devoir religieux. Après avoir tout abandonné, ils découvrent la réalité de leur enrôlement : combat sanglant, mariage forcé, esclavage sexuel… Ces destins croisés connaîtront différentes trajectoires. Jusqu’où seront-ils prêts à aller pour accomplir leur devoir ?

Immersion réussie de « l’autre côté »

The State plonge directement le spectateur au cœur de l’action. Les nouvelles recrues s’aventurent dans les ténèbres de la frontière turco-syrienne. On surprend leur regard emplis d’excitation. Sans hésiter, ils prêtent allégeance à l’Etat Islamique. D’un geste symbolique, Jalal efface la photo de sa mère. Ce saut dans l’inconnu marque le début de leur nouvelle vie. Dès lors, on se pose la question centrale de la série: pourquoi ces britanniques ont-ils basculé dans le camp ennemi ?

Le panel varié de personnages proposé permet à chacun de s’identifier. Et c’est là que se trouve l’intérêt et le danger de la série. On devient complices de leur folie. Son originalité repose sur une immersion dans le quotidien des recrues de Daesh. Le récit est rythmé par une alternance entre des scènes d’intimité et de violence. Le contraste est saisissant entre les personnages que l’on apprend à connaitre et ceux qui les entourent, complètement enrôlés. Tandis que Jalal, Ziyaad, Shakira, Ushna, tous révèlent une part d’humanité. Les masques tombent. On se surprend à les apprécier. Mais dès que l’on ressent de l’empathie envers l’un des « héros », la barbarie revient sur le devant de la scène. Comme un avertissement.

Longue descente aux enfers

La série agit comme une véritable déconstruction de la propagande de Daesh. Confrontés à une réalité loin du paradis fantasmé, les doutes surgissent. La mort est omniprésente. Chaque révélation remet en cause la vie qu’ils ont choisie. Jusqu’où sont-ils prêts à aller ? L’horreur réside parfois là où l’on ne s’y attend pas : l’amour destructeur d’une mère pour son fils. On assiste à la transformation d’Isaac, un enfant innocent à la fois protégé par sa mère et élevé pour tuer. En témoigne une scène insoutenable lorsque Shakira se rend à l’école de son fils. Les enfants jouent au ballon. La caméra suit son regard. D’autres s’amusent à frapper sur un homme en mousse en hurlant kâfir, mécréant en arabe. Le plan revient à nouveau sur le ballon. Elle s’aperçoit avec effroi qu’ils tirent dans une fausse tête décapitée !

Daesh

Les nouvelles recrues de Daesh

Un récit polémique et courageux

La série britannique signée par Peter Kosminsky offre une analyse psychologique originale et troublante. Il pourrait être accusé de complaisance envers le terrorisme. Il ne cherche pas à essentialiser les méchants. Au contraire, il expose les nuances d’une réalité complexe. Son but : tenter de faire comprendre l’inimaginable.

« L’Etat islamiste et ses partisans ont causé effroi et souffrance dans le monde entier. Mais à moins de comprendre pourquoi certains de nos jeunes, élevés dans nos démocraties, choisissent de renoncer à cette vie et de s’engager en Syrie, comment peut-on espérer combattre cette idéologie nihiliste ? »

N’imaginez pas apprendre les étapes historiques de l’avancée de l’EI. La série illustre ce qui est écarté des débats : l’aspect psychologique. Pour crédibiliser son récit, Kosminsky a rencontré de véritables recrues de Daesh. Il brosse ces portraits contrastés plongés dans univers impitoyable.
Un regret : l’analyse des quatre britanniques est inégale. Ziyaad et Ushna demeurent insaisissables, peut-être car leur radicalisation est plus profonde.

Kosminsky n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit The Promise, étonnant récit d’une histoire d’amour en plein conflit israélo-palestinien, Warriors sur la guerre en Bosnie (FIPA d’or du meilleur téléfilm en 2000), Britz, téléfilm sur l’après 11 septembre d’une famille musulmane britannique ou encore plus récemment Wolf Hall, Golden Globes de la meilleure série. Il s’appuie sur un casting remarquable. Les acteurs principaux Sam Otto alias Jalal et Ony Uhiara, qui insuffle toute la force du personnage de Shakira.

Une série ambitieuse et courageuse qui ne manquera pas de susciter de vifs débats. En seulement 4 épisodes d’une heure chacun, Peter Kosminsky dresse avec brio le portrait d’hommes qui se croient surhumains et se rêvent en martyrs. Par un brutal retour à la réalité, ils voient leurs certitudes ébranlées. La série s’achève sur un goût amer, celui de vies gâchées.

A lire aussi : On débriefe pour vous … la saison 6 de Homeland

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Intéressée par tout et tout le monde. Surtout le Moyen-Orient. Aime voyager et se poser des questions. Tente d'apprendre l'arabe et la guitare. Désire être journaliste depuis toujours !
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