Hier lors d’un voyage avec la presse, le Pape François a accusé les manuels scolaires français de transmettre un « sournois endoctrinement de la théorie du genre ». Une déclaration qui fait polémique.
La théorie du genre c’est quoi?
A l’origine les « gender studies » sont des recherches américaines ayant pour but de déconstruire les fonctions attribuées à chaque sexe. L’idée étant d’abolir les stéréotypes de genre.
En France, leurs opposants les nomment « théorie du genre ». En 2014 le débat est à son apogée. Le nouveau programme d’éducation ABC égalité, visant à favoriser l’égalité des sexes, doit être abandonné. Les opposants lui reprochent de nier la différence sexuelle entre hommes et femmes, et d’ainsi créer la confusion pour les enfants.
Réactions politiques
« Ne dites pas que le pape sanctifiera les trans »
Le pontife argentin a tenté de modérer ses propos dans la suite de son discours. Il a insisté sur sa volonté que l’Eglise accueille, accompagne et intègre les homosexuels et transsexuels. Pour lui une différence majeure existe entre le fait naturel d’être homosexuel ou transgenre et l’idée de « fonder les enseignements dans les écoles sur cette ligne. ».
Najat Vallaud-Belkacem a réagit ce matin sur France Inter.
« Je n’imaginais pas que le pape François se laisserait embarquer par des intégristes et leur folie mensongère. Ça me met en colère ». Elle regrette les paroles du Pape qu’elle juge « légères et infondées » et l’invite à » venir rencontrer les enseignants en France « .
Invitée d’Europe 1, Nathalie Kosciusko-Morizet a déclaré à son tour « n’avoir jamais rien trouvé qui ressemble à la théorie du genre » dans les manuels scolaires français. Elle a jugé que le Pape François serait « allé un peu vite en besogne ».
Des antécédents
Ce n’est pas une première pour le Pape, déjà samedi en Géorgie il dénonçait la théorie du genre comme étant l’un des aspects d’une « guerre mondiale pour détruire le mariage ».
En 2015 également, lors d’une conférence de presse, le Pape avait exposé l’histoire d’un ministre de l’éducation nationale qui proposait de construire des écoles pour les plus démunis à condition que des manuels sur la théorie du genre y soient distribués.
Pour lui cette initiative témoignait d’un volonté de la part des pays riches et des organisations internationales d’influencer la moral des pays plus pauvres.
« Il s’agit de colonisation intellectuelle. Ils colonisent les peuples avec des idées qui cherchent à changer les mentalités et les structures. »
« Mais il n’y a rien de nouveau. Cela a été fait par les dictatures du siècle dernier », avait-il ajouté, évoquant les Jeunesses hitlériennes.
Si les déclarations plairont sans doute aux militants de la Manif pour tous, pas sûr que l’image de l’Eglise sorte renforcée par ce genre de polémiques. Eglise à laquelle le Pape François voulait pourtant redonner une image de modernité.
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Crédits photo à la Une: AP