Dans l’état du Rhode Island, USA, les cas de MST augment exponentiellement, particulièrement concernant la syphilis. Une étude pointe la responsabilité des applications mobiles de rencontre, comme Tinder, Grindr ou Happn.
Ces applications sont en plein développement : Happn, lancée en 2014 compte 100 000 utilisateurs à Paris. Tinder revendique deux cent millions d’utilisateurs à travers le monde, 2 milliards de matche et 850 millions de « swipes » par jour.
Le département de Santé du Rhode Island a remarqué une augmentation significative des cas de MST entre 2013 et 2014 : les cas de syphilis ont augmenté de 79%, les infections urinaires de près de 30% et 33% de victime de VIH en plus ont été détecté. Bien que les experts admettent que ces augmentations peuvent être dues à une amélioration des techniques de détection, les applications de rencontres sont explicitement pointées du doigt.
Les plus touchés seraient les afro-américains, les latinos et les jeunes âgés de 15 à 24 ans, public cibles de ces applications. L’éducation sexuelle est un instrument primordiale pour palier à ces augmentations, comme le souligne Rosemary Reuilly-Chammat, spécialiste de la sexualité du ministère de la santé du Rhode Island : « ces nouvelles données soulignent l’importance d’encourager les jeunes à parler avec un médecin, une infirmière ou à une éducatrice des dangers des maladies sexuellement transmissibles avant le démarrage de leur vie sexuelle.« .
Selon le communiqué, avoir des relations sexuelles non protégée grâce à une application mobile avec une personne que l’on ne connait pas, ou peu, est un comportement à risque au même titre que de multiplier les partenaires ou d’avoir des relations sexuelles sous drogue ou alcool.
Les applications de rencontre déjà pointées du doigt précédemment
Ce n’est pas la première fois que les sites de rencontre sont désignées comme responsable de l’augmentation de MST. En 2013, l’université de New-York avait publié une étude « Internets Dirty Secret » qui faisait le lien entre le site Craigslist, un site de petites annonces anglo-saxonne, et l’augmentation de 16% de cas dépistés de VIH entre 1999 et 2008. La conclusion était alors : « Les individus sont enclins à brader leur assurance de ne pas être touchés par le VIH ou une autre MST et prêtent une haute valeur à la gratification instantanée qu’offrent les rapports sexuels occasionnels.« .
Cependant, les résultats de ces études étaient relativisés par Peter Greenhouse, lui-même chercheur et auteur de la phrase choque « Grace à Gindr ou Tinder, vous pouvez attraper des chlamydias en cinq minutes« . Il explique que malgré la prise de conscience autour du safe sex, de moins en moins de jeunes se protègent durant le sexe oral, pourtant à risque : l’augmentation des cas de MST peut y être liée.
Contacté par rue 89, l’Institut de Veille Sanitaire (IVS) affirme ne pas pouvoir du tout faire de liens directs avec les applications de rencontres. Cependant, le nombre de cas de syphilis a doublé depuis quelques années dans l’hexagone.
La solution brésilienne ; de faux profils préventifs
Le brésil fait face à une recrudescence de porteur du virus du sida, particulièrement chez les jeunes : le nombre de cas a augmenté de 32% depuis 10 ans, avec 39 000 nouveaux cas recensés chaque année.
Le ministère de la santé a donc créés cinq profils tinder, photos aguicheuses à l’appui. La description est sans appel : « Cherche à rencontrer hommes et femmes pour relations sans engagement, de préférences sans préservatifs« . Lorsque l’utilisateur choisi de matcher ce profil, un message apparait : « Attention, il est difficile de savoir qui est porteur du VIH. Amuse-toi mais prends soin de toi. Ceci est une campagne du ministère de la Santé. ».
Alors on ne le répétera jamais assez, sur les sites de rencontre comme dans la vie réelle, protégez-vous et sortez couverts.