En France, 1.2 à 1.8 million de personnes seraient végétariennes. Chacune d’elle a déjà rencontré cette situation : au cours d’un dîner, après avoir évoqué son régime, elle se retrouve au cœur de la conversation. Et les remarques suscitées demeurent toujours les mêmes. Voici un palmarès de ces quelques questions et blagues lourdes que les végétariens entendent quotidiennement (et qu’ils ne veulent surtout plus entendre…).
N°1) « Bah, tu manges quoi alors ? Du tofu et de la salade ? »
Eh non ! L’alimentation d’un végétarien ne se limite pas à la verdure, tout comme celle d’un carnivore ne peut être constituée que de viande. Une idée pourtant bien ancrée dans l’imaginaire collectif, car dans la plupart des restaurants, les légumes constituent l’accompagnement quand le plat s’organise autour de la viande. Et pourtant, les recettes sans produit carné sont légion. Les végétariens et végétaliens mangent du tofu et du soja, certes, mais aussi des produits à base de céréales ou encore des légumineuses. Ils apprennent à végétaliser leur alimentation, c’est-à dire à concocter de bons petits plats à base de légumes. Autre possibilité : les déclinaisons végétaliennes de tous les aliments traditionnels (faux bœuf, faux poulet et même faux gras), qu’il est ensuite facile de cuisiner en lasagnes, pâtes à la bolognaise, saucisses ou steaks, de sorte que l’alimentation demeure variée. De quoi faire crier certains carnivores au blasphème…
N°2) « L’homme mange de la viande depuis qu’il est homme »
Abattu telle une massue censée assommer le pauvre végétarien de la bande, l’argument de l’héritage gastronomique est tout simplement faux. Premièrement, parce que non, tous les hommes n’ont pas toujours consommé de produits carnés. Nos ancêtres les plus lointains (les Australopithèques) ne chassaient pas, ils cueillaient. De plus, il n’existe aucune norme alimentaire universelle : les régimes varient en fonction des continents. Si les Occidentaux privilégient les produits carnés, les pays asiatiques organisent leur repas autour du riz et des légumes. En Afrique subsaharienne, la viande est également rare. Et au-delà de ces faits, les arguments de la tradition et du plus grand nombre n’ont jamais été gage de bon sens, et encore moins de justice.
N°3) « Mais t’as pas de carences ? »
Vraiment, inutile de s’inquiéter à ce point pour les végétariens. Leur régime n’engendre ni carences ni maladies. Les protéines (qui ne doivent constituer que 10 à 15% de l’alimentation humaine, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé), le fer ou le calcium se retrouvent dans bien d’autres aliments. Par exemple, l’aliment qui fournit le plus de protéines est le soja (40% contre 15 à 20% pour la viande). En revanche, il est prouvé que les végétariens souffrent moins de maladies coronariennes, de sclérose en plaques, de cholestérol, d’hypertension, de diabète de type 2 et de cancers du sein, de la prostate et du côlon.
N°4) « Sûr(e) ? Tu ne veux même pas goûter mon pâté ? »
Après le temps du débat vient généralement celui des bonnes blagues. Chacun propose alors généreusement au végétarien de céder à la tentation. Saucisse, escalope, pâté, tout y passe… jusqu’aux bonbons faits de gélatine de porc.
N°5) « Et la chaîne alimentaire, tu en fais quoi ? Après tout le lion tue aussi la biche. »
Alors que les carnivores répètent à qui veut l’entendre que les hommes sont bien supérieurs aux animaux, ils n’hésitent pas à se définir comme des bêtes au sommet de la chaîne alimentaire. D’un côté, l’homme est supérieur à l’animal, de l’autre, il se comporte comme lui. Il semble bien plus cohérent de considérer que la supériorité intellectuelle de l’homme doive le conduire à protéger l’environnement qui l’entoure. Rappelons également que le lion est carnivore, et qu’il n’a donc pas le choix, contrairement à l’homme.
N°6) « En fait, les animaux ne souffrent pas »
A en croire les carnivores, ces bougres d’animaux seraient presque heureux d’aller tous ensemble à l’abattoir. En réalité, ils souffrent tous au moment de leur mort, et beaucoup souffrent durant leur vie. En France par exemple, d’après Viande.info, 82% des poulets de chair, 90% des cochons et 99% des lapins proviennent de l’élevage intensif. Sans oublier leurs horribles conditions d’abattage, notamment révélées par l’association L214.
A lire aussi: Inspections d’avril : trois abattoirs fermés
N°7) « Ça ne sert à rien. Il y aura toujours quelqu’un pour manger de la viande. »
Certes, mais si chacun agit à son échelle, la situation évoluera davantage que si l’on choisit l’immobilisme. Sans oublier qu’il faut parfois simplement écouter sa propre conscience, sans se soucier du nombre de personnes qui feront de même.
N°8) « Tu ferais mieux de t’occuper des enfants qui meurent de faim en Afrique. »
Cette thèse a aussi fait bondir de nombreux végétariens. Leur réponse est généralement celle-ci : s’occuper des animaux n’implique pas de délaisser les hommes, bien au contraire. Pourquoi ? Premièrement, parce que notre manière de nous comporter à l’égard d’un animal, souvent désarmé, risque d’influer sur notre manière de nous conduire vis à vis d’un homme. De plus, toujours selon Viande.info, 2/3 des terres agricoles dans le monde sont consacrées à l’élevage ou à la production d’aliments pour le bétail. Ainsi, « si les pays riches et émergents divisaient par deux leur consommation de viande, la ration calorique des habitants du Tiers-Monde augmenterait et au moins 2,2 millions d’enfants échapperaient à la malnutrition chronique ».
N°9) « Et qui te dit que les tomates ne souffrent pas quand on les cueille ? »
Généralement utilisé avec humour, parfois avec sérieux, l’argument dit du « cri de la carotte » constitue un autre basique de la défense du carnivore. Pour ceux qui le pensent fondé, rappelons simplement que les végétaux ne possèdent pas de système nerveux et ne connaissent donc pas la souffrance, contrairement aux animaux. En outre, 33% des terres cultivables de la planète sont utilisées pour nourrir les animaux d’élevage. Alors, si vraiment la souffrance des carottes et des navets vous inquiète, un conseil : devenez végétarien ou végétalien.
N°10) « Moi aussi je suis végétarienne. Je mange juste de la volaille et une entrecôte de temps en temps. »
Bien essayé. Mais non, le diplôme de végétarien se mérite. Inutile donc d’essayer, par un obscur tour de passe-passe, de présenter la volaille autrement que comme de la viande. De plus, un végétarien ne consomme jamais aucun produit carné, de même qu’un végétalien ne mange que des aliments composés de végétaux, et qu’un vegan n’utilise ni ne consomme aucun produit d’origine animale.