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Travelling N°6 : Hunger Games : La Révolution chez les Toupoutous

Critique :

Hunger Games

Ou

La Révolution chez les Toupoutous

Vous savez, je fais partie de ces gens un peu dérangés, un peu marginaux et un peu fous qui n’excusent pas la médiocrité d’un film juste parce qu’il est en fait moins mauvais qu’on pouvait s’y attendre. Surtout si ce film dépense des millions en effet spéciaux et qu’il ne tient pas forcément la route narrativement… Bon, le fait est que, j’aime aussi maintenir un pseudo suspens sur le titre des films dont je vais vous parler dans ma chronique alors qu’il est dévoilé au-dessus, dans le titre. On peut donc très légitimement se demander si j’ai un quelconque sens de l’écriture narrative. Et je ne vous en voudrais pas de perdre espoir et de vous en retourner lire les critiques cinéma du Figaro madame… Ou alors vous pouvez vous dire que réussir à tacler le Figaro entre une et deux fois par article sans passer pour un petit con (oui oui), c’est la preuve d’une science de la narration au moins aussi importante que Nolan dans Memento non ?

Bref ! Quoiqu’il en soit, aujourd’hui je vous parle de l’une de ces nombreuses sagas littéraires (prétendument pour ado) adapté dans un blockbuster gigantesque dont les motivations artistiques ou commerciales(?) (et oui, c’est souvent antinomique) transpirent à travers l’écran comme le parfum trop cher des midinettes du métro parisien : J’ai nommé (roulement de tambour) Hunger Games, Acte I.

 

Bon, on va expédier le cas de Twilight tout de suite : ce sont des bouses irregardables qui ne soutiennent pas deux secondes la comparaison avec Huger Games (malgré tout le mal que je peux penser de ce film). Donc, que tous ceux qui osent ne serait-ce que faire un petit rapprochement de rien du tout entre le renoncement cinématographique total et le cynisme de Twilight et l’ambition, certes défaite au bout de 20mn, mais ambition tout de même d’apporter au scénario bancal d’Hunger Games, un semblant de crédibilité, sortent immédiatement de la salle.

 

VOILA.

 

Alors Hunger Games (Les Jeux de la Faim), c’est tout d’abord l’adaptation du roman éponyme de Suzanne Collins, véritable bestseller aux USA et donc évidement grosse production américaine qui cherche à amortir les frais de ses investisseurs… (Quand je vous dis que la thune pourri tout !)

 

Ensuite l’histoire : C’est l’exemple parfait de la dystopie (« utopie négative » pour mon correcteur qui ne reconnait pas le mot) avec tout ce qu’elle a d’intéressant et de franchement jouissif : Que l’on parle d’Half Life 2, de 1984 ou de Metropolis, l’utopie négative comme mise en application des travers de notre système poussés à extrême pour mieux les dénoncer a toujours été un sujet passionnant mais très difficile à traiter.

 

Dans celle-ci, on est quelque part au milieu des États Unis qui semblent avoir essuyé un guerre très rude ou de lourdes catastrophes naturelles ce qui a permis à un pouvoir autoritaire de s’imposer gouvernant d’une main de fer les pays divisé en 12 Districts dont la pluparts sont utilisés comme greniers ou carrières du pays tandis qu’une minorité jouit de ses privilèges.
Un système injuste et tyrannique donc, qui a mené précédemment à une révolte des districts pauvres contre l’entité ville-district appelée : Le Capitole (on se souvient de ses cours d’histoire antique ça peut servir).
Le pouvoir ultra-policier ayant remporté la victoire en écrasant la rébellion, et pour maintenir les perdants dans un état de soumission, organise chaque année le tirage au sort d’un garçon et d’une fille entre 12 et 18ans dans chaque district pour s’entretuer dans la joie et la bonne humeur lors d’un grand jeu télévisé pour le plus grand bonheur de la population du Capitole (et là on ressort son bouquin de mythologie grecque et on relit le mythe de Thésée).

 

Le concept est plutôt affriolant non ? Il faut savoir que je suis très client des films d’anticipation, que je ne connaissais pas le réalisateur (donc aucun apriori de ce point de vue-là), et que je n’ai lu aucun des trois livres de la saga Hunger Games.

 

Et là le problème c’est que je veux bien être de la mauvaise foi la plus crasse lorsqu’il s’agit de défendre un film, pas parfait mais qui m’a complètement retourné, autant là, après 10mn de film, la dure réalité m’a rattrapé comme une ex un soir de saint valentin.

 

Alors oui, le film n’est pas une hérésie mais tout de même pour moi, à trop vouloir ratisser large, il en a perdu la puissance du message universel que semblait transmettre le livre…

 

Nous sommes donc dans un univers ravagé par la faim (HUNGER games), la violence, c’est un état policier dans laquelle est censé régner une pression dictatoriale constante.

 

Le film pourtant nous montre, dans la première partie de l’histoire qui se passe dans le District 12 (le plus pauvre),  des adolescents beaux, en forme, qui chassent, pêchent (…nature et traditions bref le rêve de Nihous), qui ne semblent pas si tristes que ça mis à part qu’ils stressent un peu quand même de se faire déchiqueter devant les caméras d’un jeu de téléréalité…

L’univers est édulcoré, il n’a pas d’odeur, pas de grain, pas de personnalité… Malheureusement on oublie une fois encore de travailler les personnages et leur tiraillement face à l’immoralité d’un système qu’ils ont complètement digéré pour certain… (qui vomira le premier ?)

 

Tout est véritablement trop lisse dans ce film (volonté que les jeunes puisse venir le voir à partir de 12ans) ce qui dénature en grande partie l’atmosphère de contestation face à l’ignominie et l’injustice que devait receler le livre.

Et pour preuve la plus évidente, là ou Fukasaku allait, dans Battle Royal (concept similaire et opposé à la fois) au bout du bout de la violence comme vision nihiliste de l’âme humaine engagée dans la survie, Gary Ross signe des scènes de carnage dignes de petit poney contre la méchante sorcière… En effet, tout est fait (sûrement pas une deuxième équipe abreuvée aux codes combat de The Bourne Ultimatum) pour que le spectateur ne soit pas choqué par le sang, l’horreur ou la violence du combat à mort entre ces jeunes gens (on ne voit rien, les mort semble apaisés etc…).

 

En témoigne un film complètement schizophrène puisque son fond voudrait révolter tandis que sa forme tente de nous faire passer la pilule… Une déception donc, pour quiconque voulait être bousculé, choqué, désorienté comme on l’est devant Battle Royal, ou Fall Out…

 

Bref, un film, certes regardable, mais mou et édulcoré qui a (évidement et malheureusement) trouvé son publique…

Donc si vous cherchez du Survival, du vrai, ce n’est pas ici que vous en trouverez car dans Hunger Games, on ne survit pas, on se promène, on fait un peu la gueule quand on doit tuer quelqu’un et on se lave la minuscule tache de sang sur la main pour montrer que « bah c’est quand même traumatisant quoi… comment ? vous ça vous fait rire ? »

 

Bon allez vous mater Battle Royal, l’Armée des Morts ou pourquoi pas Je suis une Légende et laissez Hunger Games aux gamins de 12ans puisqu’apparemment c’est la cible des producteurs…

 

Triste nouvelle pour le cinéma.

 

 

Etienne Richard

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