Un argument qui ne passe pas ! Les Etat-Unis ont encore été victimes de fusillades meurtrières. Les 248 et 249ème en 2019. Un chiffre que certains élus mettent sur le dos des jeux vidéo qu’ils accusent d’être responsables de ce phénomène.
Alors que les Etats-Unis sont encore une fois endeuillés par une énième tuerie de masse, certains élus républicains du pays accusent directement l’industrie du jeu vidéo d’être la cause de ces événements tragiques. Des responsables politiques, dont Donald Trump, ont accusé « les jeux vidéo macabres » d’être en partie responsables des récentes fusillades. Le Président a déjà utilisé cet argument pour justifier une tuerie dans un lycée de Floride en 2018.
Tout en condamnant le racisme, Donald Trump met plus largement en cause les supposés problèmes psychiatriques des tueurs et l’influence, selon lui néfaste, des divertissements électroniques. « Nous devons arrêter la glorification de la violence dans notre société. Cela inclut les jeux vidéo dégoûtants et macabres qui sont aujourd’hui monnaie courante », déclare t-il lors d’une élocution lundi 5 août.
« Ces jeux vidéos déshumanisent les individus. J’ai toujours estimé que c’était un problème pour les générations futures et pour les autres. Nous avons vu des études montrer ce que ça fait aux gens, et quand vous regardez des photos de comment ça s’est passé, vous pouvez voir ça aussi dans les jeux vidéo et autres » déclare Kevin McCarthy, le chef de file des représentants républicains.
Une justification ridicule
Un argument qui a été vivement contesté par de nombreux américains et par l’opposition de Donald Trump. Pour eux, la principale raison de ces tueries est le climat de racisme et de suprémacisme blanc qui touche les États-Unis. Ils accusent le président américain d’en être le principal responsable.
Dans un communiqué, le syndicat américain du jeu vidéo, l’Entertainment Software Association, convoque les mêmes études scientifiques utilisées par Kevin McCarthy pour renier tout lien entre violence et jeu vidéo.
« Plus de 165 millions d’Américains sont des gameurs et des milliards jouent à travers le monde. Pourtant, dans les autres pays, où l’on joue avec autant d’enthousiasme, on ne retrouve pas les niveaux tragiques de violence des États-Unis. Blâmer les jeux vidéo fait distraction des problèmes plus larges qui sont à portée de main. Il existe une quantité écrasante d’études scientifiques montrant qu’il n’existe aucun lien entre jeux et violence. »
Un bouc émissaire
Les actes de ce week-end ont bien évidemment relancé le débat sur le port d’armes aux États-Unis. Pour l’opposition, il n’est pas étonnant de voir les Républicains mettre plutôt la faute sur les jeux vidéos. Le parti est en faveur du port d’armes et possède des relations étroites avec le lobby NRA. Le professeur en game design Ian Bogost compare le jeu vidéo à un agneau sacrificiel, massacré au nom de la protection des droits liés à la possession d’armes.
Même si les jeux vidéo sont considérés comme une addiction, les accuser d’être responsable des tueries aux Etats-Unis n’est pas la bonne solution. Ce n’est qu’une nouvelle manière de détourner le débat sur un autre sujet que le rapport ambigu qu’entretient le pays avec les armes à feu.