Samedi, Nicolas Sarkozy se rendait à Bordeaux pour un des derniers meetings de sa campagne. Le rendez-vous était pris avec Alain Juppé, son grand adversaire pour 2017, le principal objectif de Sarkozy pour sa reconquête de l’Élysée. Première étape dimanche, avec sa probable élection à la tête du parti.
L’interview donnée à Laurent Delahousse au 20h de France 2 sonnait comme le coup d’envoi de son retour. Un retour qui se disait tonitruant, fracassant, une aubaine pour la droite puis pour la France. Il ne s’est clairement pas passé comme prévu. Et pour cause, les deux années de « réflexion », de prise de recul sur la politique de Nicolas Sarkozy n’ont pas servi à renouveler ses idées et l’image qu’il véhicule de lui-même. La preuve en est depuis le début de la campagne pour la présidentielle de l’UMP. Ultra-favori des sympathisants, Nicolas Sarkozy ne devrait pas s’offrir une victoire si large samedi. Ses deux concurrents mettant beaucoup plus en avant leurs convictions et n’hésitent pas à être en désaccord avec les militants, sans renier leurs lignes politiques concises pour le parti. Bruno Lemaire gagne d’ailleurs de plus en plus de voix à l’approche du scrutin et se met à rêver de second tour depuis quelques jours. Lors de ses derniers meetings, il a pu se mettre en confrontation avec les idées de ses concurrents.
Contrairement à Nicolas Sarkozy qui a plus assuré le « show » dans ses meetings, allant chercher les réactions les plus vives et remarquées quitte à faire l’essuie-glace entre les idées centristes et d’extrême droite. Le but était d’attirer la couverture. Prenons l’exemple d’Hervé Marriton, le pourfendeur de la « manif pour tous » au sein de l’UMP, qui a vu Nicolas Sarkozy s’embraser sur la loi Taubira. En campagne depuis six mois, Hervé Marriton n’est pas aussi populaire qu’il l’espère, 52 % des Français indiquent ne pas avoir entendu parler de sa campagne, 4% des sympathisants de l’UMP ont l’intention de voter pour lui. Sauf cataclysme, Sarkozy sera élu président de « son » parti d’ici deux semaines, dans la logique des choses, des samedis soir. Reste donc à voir quelles stratégies et lignes politiques va-t-il mettre en place ? Comment et avec qui va-t-il travailler ? Nous saurons donc si sa volonté de rassembler servira à reconstruire l’UMP ou à la détruire.
Qui va essayer de le doubler ?
Bruno Lemaire sera le premier à affirmer son désaccord avec les idées de Sarkozy à l’UMP. Annoncé comme grand perdant il y a des mois, le Chiraquien commence à faire un soupçon d’ombre à l’ancien chef de l’État. Son objectif d’aller embêter Nicolas Sarkozy jusqu’au bout, et montré surtout que l’UMP n’est plus totalement sous son contrôle. Mais cette popularité qui grimpe de Lemaire pour la présidentielle de samedi, et d’autres pour une primaire 2016 pourrait entraîner Sarkozy à prendre des mesures plutôt radicales pour s’assurer ce pour quoi il est de retour, l’Élysée. Tout d’abord, le fait d’avoir la mainmise sur le parti et donc sur les élections organisées, va lui permettre de décider si les primaires seront ouvertes ou non. Le détail semble anodin, mais à sa véritable importance. Aujourd’hui, à deux ans du scrutin, François Fillon et Alain Juppé devraient être les principaux concurrents de Nicolas Sarkozy. Si l’ancien Président est devant dans les sondages auprès des sympathisants, la cote de popularité des deux hommes est bien plus forte, surtout pour le Maire de Bordeaux, auprès des Français. Ils ont tous les deux un programme défini, avec des idées vaguement marquées au centre-droit, et des positions précises sur les divers thèmes importants qui occupent les Français.
Les relations sont plus ou moins tendues entre ces hommes. Samedi, à Bordeaux, Sarkozy a laissé son public hué Alain Juppé, avant de vanter les qualités de l’homme auprès de ces mêmes gens. Juppé a balayé la rumeur en sortant, se concentrant sur son objectif. Avec Fillon, c’est beaucoup plus compliqué. En témoigne l’affaire Jouyet de ces dernières semaines. Entre Sarkozy et son ancien Premier ministre, les relations sont quasi inexistantes, et chacun cherche à écarter l’autre de la course. Impossible néanmoins de dire quels rebondissements mettra à terre l’un ou l’autre. Une question que ne se posent pas Sarkozy et une option qui ne séduit pas Alain Jupé, qui pourrait voir en Sarkozy un poids à porter face au désamour des Français envers la politique menée entre 2007 et 2012. L’ancien Premier ministre semble donc bien éloigné des plans de Nicolas Sarkozy. Alors que le Maire de Bordeaux, fondateur de l’UMP, pourrait être l’un des plus grands atouts de l’ancien chef de l’État. S’appuyer sur la capitale sympathie auprès des Français d’Alain Jupé, ainsi que son expérience et sa connaissance du pouvoir est primordial. Mais après sa candidature aux primaires 2016, l’ancien Premier ministre ne semble pas être prêt à rallier Sarkozy. Ce qui irrite ce dernier. Comment un ancien président pourrait se ranger derrière son ancien ministre ? Une question que ne se posent pas Sarkozy et une option qui ne séduit pas Alain Juppé, qui pourrait voir en Sarkozy un poids à porter face au désamour des Français envers la politique menée entre 2007 et 2012. Quoiqu’il en soit la guerre des chefs de l’UMP ne fait que commencer, et petit à petit Sarkozy perd du terrain dans son parti, et pour son objectif principal, 2017.