Un homme de 31 ans désigné coupable d’avoir attaqué l’un de ses amis avec une lame de cutter. Il faisait pourtant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français depuis 2018.
Au Tribunal de Paris, les affaires jugées en comparution immédiate ne se ressemblent jamais. Alors que les Parisiens sont en congés, la justice elle, ne prend pas de vacances. Ce vendredi 30 juillet les dossiers présentés à la 23 chambre du Tribunal correctionnel de Paris s’empilent sur le bureau de l’huissier. Au programme aujourd’hui : des vols, des stups, des agressions, des fraudes et de la misère sociale, partout.
Victimes à la barre
Dans une affaire où une personne est suspectée de vol ou d’agression et qu’elle se retrouve au Tribunal sous le régime de la comparution immédiate, bien souvent la victime présumée n’a pas le temps de s’organiser pour assister à l’audience. Le but d’une telle procédure est de juger vite, de ne pas perdre de temps entre l’arrestation et le jugement. En deux jours, le dossier doit être complet pour que la justice puisse l’examiner et rendre son verdict. L’une des conséquences de ce mécanisme est que la victime des faits a bien souvent du mal à trouver le temps de se rendre au Palais de justice. Autre raison qui peut dissuader une victime : le face à face avec son agresseur. Ce vendredi 30 juillet, deux victimes ont eu le courage de se présenter à l’audience pour témoigner.
Madame L. s’est faite dérober sa carte bleue dans le RER B après avoir acheté son ticket en gare. L’auteur des faits, Monsieur Nedelcou a suivi sa victime du guichet jusqu’à la rame du train. Bien placé, il observe Madame L. composer son code à 4 chiffres lorsqu’elle paye. Il ne lui reste plus qu’à lui dérober sa carte et faire des achats avec. Belle opération, mais c’était sans compter la présence de la vidéosurveillance. Les policiers voient tout et l’interpellent rapidement.
Entre temps, Monsieur Nedelcou parvient à dépenser 1500 euros dans un PMU. À l’audience, le suspect reconnait enfin son entière responsabilité et demande maintes fois pardon à la victime, une femme d’une soixantaine d’années. « Je reconnais, j’ai fait une erreur, j’avais des dettes, il fallait que je trouve de l’argent pour rembourser ». Coupable des faits qui lui sont reprochés et en raison de son casier judiciaire, Monsieur Nedelcou est ainsi condamné à 12 mois d’emprisonnement et doit rembourser la victime.
Violences policières ?
L’affaire ne s’arrête pas là. Monsieur Nedelcou est arrivé au tribunal avec un oeil au beurre noir sanguinolent et des vêtements déchirés. A l’aide de son interprète, le ressortissant roumain explique avoir été tabassé par des policiers lors de sa garde à vue. Roué de coups, il aurait tenté de se défendre en vain. Son avocat commis d’office évoque des violences policières inexcusables et annonce saisir sans tarder l’IGPN. Mais en attendant l’enquête de la police des polices, son client est conduit dans un centre pénitentiaire.
Gestes honteux !
Une autre victime est présente ce vendredi 30 juillet et patiente dans le public. Monsieur Malour a déposé plainte après avoir été agressé par un homme qui lui aurait dérobé ses deux chaines en or, dont une qui se transmet dans la famille depuis des générations. Cernée de diamants, cette chaine aurait également une forte valeur symbolique. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 29 juillet à Paris. La victime se promenait près de Châtelet-les-Halles avec ses amis lorsque deux personnes les ont interpellé. Après une salve d’intimidations et de menaces, l’un deux arrache les chaines de Monsieur Malour et prend la fuite en courant. La victime entrainée aux sports de combat parvient à en rattraper un, l’autre s’échappe. La culpabilité de l’auteur de faits ne fait donc aucun doute.
Lors de l’audience, l’auteur présumé des faits nie en bloc sa participation à cette agression et à ce vol à l’arraché. « Moi j’ai raison, lui il a tort ». Devant la juge et ses deux assesseurs il se permet de faire des doigts d’honneur et des gestes de masturbation à destination de la victime présente. Visiblement très énervé de se retrouver dans une pareille situation, Monsieur Camara se fait à plusieurs reprises rappeler à l’ordre par l’escorte policière, par son avocat et par le Tribunal. Après la suspension de séance, il est condamné à 8 mois de prison ferme et doit indemniser sa victime. Cette condamnation sera la 16ème inscrite à son casier judiciaire, il a 31 ans.
« J’ai fait ça sur un coup de nerfs »
L’affaire la plus importante concerne un homme de 31 ans qui a agressé l’un de ses amis à l’aide d’une lame de cutter. Les faits sont simples, les caméras ont tout filmé près de la rue Saint-Denis à Paris. En plein après-midi, le 25 juillet Ichach Y. boit un café en terrasse avec l’un de ses amis. Une personne vient les rejoindre et après quelques minutes la tension monte. La personne à peine attablée se lève et part. Ichach Y. la rattrape et par derrière la lacère de deux coups de lame de cutter. La victime présente d’importantes plaies profondes, le sang coule et Ichach Y. préfère se carapater pour éviter la police. Il est retrouvé le lendemain à Marseille, les policiers ont tracé son téléphone.
« Je regrette, j’ai fait ça sur un coup de nerfs, je ne voulais pas le tuer ». Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à commettre ce geste, l’individu répond que les problèmes entre la victime et lui datent. En effet, un différent amical serait à l’origine de l’agression. Déjà condamné en 2020 pour consommation de stupéfiants, Ichach Y. doit quitter le territoire français depuis 2019. Finalement, le Tribunal le condamne à 18 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt, sans possibilité d’aménager sa peine. L’homme né à Constantine est également condamné à 5 ans d’interdiction de port d’armes et à 5 ans d’interdiction de présence en Ile de France.