Deux « Intouchables » se sont affrontés lors des élections présidentielles en Inde lundi 17 juillet. L’issue du scrutin ne sera connue que jeudi.
Un président indien issu de la communauté des Intouchables ? C’est ce sur quoi les 4900 élus des assemblées nationales et régionales se prononçaient lundi 17 juillet. Tous ont voté pour élire un remplaçant au président sortant Pranab Mukherjee, bien qu’il s’agisse d’un poste principalement honorifique – l’essentiel du pouvoir revenant au Premier ministre.
En lice, deux « dalits », anciennement nommés les « Intouchables ». Le Premier ministre Narendra Modi a désigné un membre de cette communauté défavorisée d’Inde, Ram Nath Kovind.
Cet ancien avocat de 71 ans a une longue carrière politique derrière lui. Après avoir été sénateur à plusieurs reprises pour le BJP – le Bharatiya Janata Party – et avocat à la Cour suprême, il occupe actuellement le poste de gouverneur de l’Etat du Bihar. « C’est un fils de paysan qui vient d’un milieu humble et qui a consacré toute sa vie à la chose publique, au service des pauvres et des marginaux », a plaidé Narendra Modi.
Renforcer la mainmise du président sur le pouvoir
Mais cette élection revêt avant tout un enjeu stratégique puisqu’elle renforcerait la mainmise du président sur le pouvoir, en gagnant des points au sein de la communauté dalit, forte de 200 millions de personnes. « N’importe quel politicien voudrait le soutien de ce bloc de 16% [de la population] pour une élection », estime Vimal Thorat, un militant dalit.
Bien que nombreuse, cette communauté est socialement et économiquement marginalisée, car considérée comme au bas de la hiérarchie des castes. Le BJP souhaite ainsi élargir sa base électorale, permettant de compenser le vote musulman – 14% de la population – qui ne vote guère pour M.Modi.
Pour ne pas apparaître en décalage, l’opposition, emmenée par le parti du Congrès, a également porté son choix sur un dalit, l’ancienne diplomate Meira Kumar.
Des métiers ingrats
Ainsi, quel que soit l’issu de l’élection, le nouveau président deviendra le second dalit à accéder à une si haute fonction après K R Narayanan (1997-2002). Cette élection serait hautement symbolique. En effet, malgré l’abolition de la discrimination des castes par la Constitution de l’Inde indépendante, ce système demeure une réalité. Les dalits sont souvent cantonnés à des métiers ingrats, tels que le nettoyage d’excréments ou la prise en charge des cadavres d’animaux.
De part la composition du Congrès, M. Kovind est annoncé favori. Les résultats définitifs ne seront connus que jeudi.