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Un marché de la littérature qui s’adapte à la crise

 

« Les paroles s’envolent, les écrits restent » dit un proverbe latin aujourd’hui devenu populaire. Comme vous pouvez le deviner chers lecteurs, les latins ne semblent pas avoir vécu une crise comme la notre; pourtant même aujourd’hui, avec un marché de la littérature de plus en plus fragile, la vente de livres semble bel et bien résister en s’adaptant à une nouvelle demande.

 

Télévision, cinéma, jeu vidéo, internet et j’en passe… ces mots ne vous sont pas inconnus et ne le sont encore moins pour les éditeurs ! Ils menacent en effet le temps accordé au plaisir simple et subtil qu’est la lecture. Néanmoins, s’insurgeant d’un regard maléfique et sournois dans notre quotidien selon certains puristes, ces nouvelles « activités sacrilèges » semble peu toucher notre bon vieux livre qui continue à représenter plus de 50% du marché des biens culturels avec un chiffre d’affaire net éditeurs de 2804 millions d’euros selon le syndicat national de l‘édition. L’économie de la littérature demeure donc bel et bien une économie attractive et dynamique malgré quelques réticences (baisse de 1,2% du chiffre d’affaire par rapport à 2011)..Alléluia !

En espérant vous rappeler certains de vos laborieux cours de français, nous qualifierons cette résistance de « surréaliste »…C’est donc face à cette résistance étonnamment surréaliste, que nous sommes allés étudier pour vous, le visage que prennent actuellement ces ventes au niveau des livres purement littéraire (roman, théâtre, poésie, essais) en observant les tendances générales.

 

Plongé au bas fond de cette abominable chose que l’on nomme crise, le lecteur d’aujourd’hui cherche avant tout à se détendre et à se « déconnecter » . Les romans mettant en scène des univers différents ou décalés du monde réel peuvent y jouer un grand rôle. Telle une clé usb déconnectée de l’ordinateur, ces nouveaux univers permettent au lecteur d’oublier l’angoisse quotidien (pour la retrouver ensuite bien sur!) …et si cette découverte entraine également l’instruction, tant mieux! On remarque ainsi une importante publication de livres éloignés du monde contemporain et dotés d’un contexte historique où se déroulera l’intrigue. Ce sont les romans historiques. Certes, beaucoup d’historiens risquent de crier au sacrilège à la vue de certains passages, mais l’atmosphère générale est majoritairement préservée.

Comme vous pouvez vous en douter, l’œil du chasseur-lecteur se portera également sur le fantastique et le merveilleux comme autre moyen de se détendre par « exil de la pensée » Cet intérêt provient des adolescents mais contrairement à ce que l’on peut parfois croire, il provient aussi beaucoup des adultes.

Selon la fameuse expression (certes inventée de toute pièce), « Tant qu’il restera des pépites dans le ruisseau, on gardera notre ruisseau! », on remarque qu’une part non négligeable de cette littérature rime également avec séries de grande envergure. Le tout est d’exploiter au maximum l’univers d’un auteur si le succès est présent. Cela me frustrerait de ne pas donner comme exemple la série des « Chevaliers d’Emeraude » avec pas moins de 12 tomes. Enfin, ce type de romans, avec des intrigues touchant une large part de la jeunesse, sont d’autant plus favorisés que les parents privilégient les plus jeunes en matière de budget littéraire. Les éditeurs de fantastiques et merveilleux semblent donc avoir tout prévu!

J’aimerais maintenant adresser une larme symbolique à la connue mais limitée (certes, relativement tout de même) science-fiction qui ne semble pas s’intégrer dans les mœurs actuels et est parallèlement moins mise en avant par les éditeurs, ah les fourbes… La science fiction semblait pourtant répondre aux critères du lecteur cités plus haut. Certains libraires expliquent cela par l’absence de grands auteurs accessibles à tous dans ce domaine. Alors, en attendant le J.RR Tolkien de la science fiction, celle-ci semble stagner avec un nombre de ventes limité.

Bref, là, tapi dans l’ombre, prêt à conquérir le top des top, la science fiction attend patiemment son heure…

« Le lecteur d’aujourd’hui cherche avant tout à se détendre et à se déconnecter ». Cette phrase devrait vous rappeler quelque chose puisqu’elle est tiré de ce même article. Celle-ci explique bien la véritable chute des livres politiques dans les ventes aujourd’hui. C’est un constat assez marquant depuis les présidentielles jusqu’à maintenant au moins (top chrono jusqu’à la publication de cet article minimum). Ces publications font souvent office de feu de paille en bénéficiant de belles entrées sans pour autant s’intégrer durablement dans les ventes. Certains revendeurs nous ont d’ailleurs fait remarquer que de nombreux moyens avaient été investis dans ces livres à polémique sans résultat conséquent au final. Prenons parmi tant d’autre, l’illustration du livre de Trierweiler sur la campagne d’Hollande qui ne s’est vendu qu’à un peu plus de 1170 exemplaires depuis sa sortie le 21 Juin. Nous sommes loin des files d’attente à 7h du matin devant la librairie pour obtenir le livre dès sa sortie pour ainsi dire…

Finalement, rebondissons vivement (Bwiiing!) sur le genre policier qui garde une mention honorable avec une augmentation lente mais constante du nombre de ventes. On relève une augmentation de 7,4% en volume du nombre de livres vendus en 2011 par rapport à l’année précédente. Ces histoires aisément accaparables par une lecture simple, permettent un nombre régulier de ventes et avec de très bons résultats pendant les vacances en particulier: le joyeux sentiment de lire paisiblement un bon policier au bord de la plage ne vous ait sans doute pas inconnu.

Néanmoins, dans certains cas particuliers, l’intérêt envers les romans plus ancrés dans la réalité perdure et prospère encore! Car malgré la domination d’univers totalement différent du notre, certains livres plus réalistes parviennent à s’imposer dans les meilleurs ventes grâce à un fort décalage humoristique. Prenons par exemple la récente publication du roman « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » qui figure et a figuré dans les meilleurs ventes chez de nombreux libraires. Dans ce type de livre, Fou rire et sourire perpétueront un concert avec un contexte atypique sur lequel reposera une histoire tout aussi original: cela permet alors au lecteur de retrouver détente et découverte malgré un environnement aux premiers abords communs (seulement aux touts petits premiers abords crie l’arbitre).

Globalement, il serait indigne de l’article de vous laissez ignorant du constat actuel de la grande généralisation des livres de poche en ces temps de crise. La révolution est donc en marche! Ce format répond aux attentes de ceux (et ils sont nombreux je précise) dont le prix reste un critère non négligeable d’achat: il représente entre 26 et 28% des exemplaires vendus ces dernières années.

En plus du prix d’achat, prestige d’un gain de concourt et auteurs reconnus sont souvent les ingrédients essentiels pour assurer l‘attirance envers le lecteur. Le lecteur semble moins tenté de rechercher par lui-même de nouvelles publications au profit des gros éclairs aux chocolats que peuvent être les auteurs classiques avec une large moitié des ventes, ou des mille feuilles contemporains devenus célèbres suite à de nombreuses œuvres que peuvent être les auteurs contemporains. Dans tous les cas, seul les pâtisseries générales que sont les romans semblent rester profitables à l’insu de la poésie et du théâtre dont la consistance particulière est communément consommée dans un cadre scolaire. Ces derniers se maintiennent discrètement avec un chiffre d’affaire de 8,7 millions d’euros environ…soit moins de 1% du revenu global des éditeurs. Bon appétit!

Ces caractéristiques actuelles des lecteurs montrent bien que le livre demeure un moyen de s’exiler du quotidien. Ce quotidien semble donc de plus en plus difficile et il s’en traduit ainsi de nouveaux critères d’achat. Quoi s’il en soit, la crise peut aussi bien représenter un problème qu’une nouvelle opportunité pour la littérature car la demande semble davantage s’adapter que disparaitre totalement.

auteur: Yonathan Van der Voort

mise en page: Serena de Chabot

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