Lundi 7 janvier, juste avant l’aube, un groupe de militaires prend le contrôle des studios de radio de la Radio-Télévision gabonaise (RTG) et annonce la mise en place d’un conseil national de restauration. Mais le discours prend très vite la pente d’un oratoire putschiste.
Le jeune lieutenant de la garde républicaine gabonaise, Ondo Obiang Kelly, prend la parole pendant le discours, détaillant ses pensées révolutionnaires au travers de son “Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon”. Tous les archétypes du discours putschiste y sont présents “Nous ne pouvons abandonner la patrie”, a-t-il déclaré, jugeant les institutions “illégitimes et illégales” et soulignant que “le jour tant attendu est arrivé où l’armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos “.
“Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Levez-vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue. J’appelle tous les hommes du rang et les sous-officiers à se procurer armes et munitions et à prendre le contrôle des points stratégiques, comme les édifices publics et les aéroports.” A déclaré le putschiste
Mais même contre le commando putschiste accompagné de soldats portant leurs fusils d’assauts M-16 serrés contre eux, la police du pays n’a pas hésité à investir les lieux quelques heures après la prise de la radio. De nombreux coups de feux ont été entendus dans la matinée autour de la radio, située en plein centre de la capitale Libreville. Selon le gouvernement, deux révolutionnaires auraient été tués durant l’attaque et le dirigeant arrêté. Les otages sont sortis quant à eux indemnes de l’attaque.
Cette situation est rendue possible par l’absence depuis maintenant deux mois du président de la nation Ali Bongo. Victime d’un accident cardio-vasculaire le 24 octobre 2018, le président a été soigné en Arabie Saoudite et passe désormais sa convalescence au Maroc. Il a été très absent au niveau de la communication, à un point tel que plusieurs rumeurs annonçant sa mort courent les rues depuis plus d’un mois. Cependant, le soir du réveillon, le président est apparu à la télé pour annoncer ses vœux pour l’année à venir. Sans pour autant rassurer sur son état de santé, cette apparition a mis un terme aux rumeurs de sa mort.
Une source, sous couvert d’anonymat pour sa sécurité, a expliqué que les révolutionnaires étaient “une vingtaine de jeunes soldats surendettés qui n’ont pas figuré sur le tableau d’avancement de la fin d’année”. Une enquête a été ouverte et nous attendons des nouvelles de la part du gouvernement en place.