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Valls I : un gouvernement de combat vaincu par lui-même

Ce matin après une longue discussion avec la Président de la République, Manuel Valls a annoncé la démission de son gouvernement. Après 147 jours « d’activité », les déclarations de Montebourg ont rompu le lien gouvernemental et ouvert la voie à de nouvelles spéculations quant au nom des futurs ministres.

Il y a une semaine, le gouvernement faisait sa rentrée, le président aussi, quelques jours seulement après avoir fêté ses soixante bougies. Tout le monde sait que la gauche était divisée entre frondeurs et confiant du gouvernement. Cependant, personne ne s’attendait à ce que Manuel Valls décide de tout changer. La tendance était plus à se dire « de toute façon, faut qu’ils gouvernent jusqu’en 2017 comme ça, qu’ils s’entendent ou non ». Manuel Valls ne l’a pas entendu de cette oreille-là. 147 jours après avoir pris place à Matignon, avec son gouvernement dit de « combat », l’ancien Maire d’Évry, vivement critiqué à gauche, surtout à gauche de la gauche (oui, tout cela devient un peu compliqué) tape du poing sur la table à l’Élysée ce matin. Quitte à être l’un des gouvernements les moins longs de la Ve République, Manuel Valls a souhaité tout remanier, pour faire face aux critiques et aux écarts de conduite que certains de ses Ministres pratiquent depuis des mois. Tout a été balayée d’un coup sec par le Premier ministre.

Montebourg et Valls, plus sur la même ligne politique

Montebourg et Valls, plus sur la même ligne politique

A. Montebourg, qui se comporte en « sauveur de la France » et en « grand seigneur » depuis 2012, s’est plus que fait remettre à sa place. Lui qui, depuis quelques semaines, s’amuse à critiquer le gouvernement auquel il appartient. La politique défendue par ses patrons. Ses « amis ». La masse de frondeurs qui se forme au PS et à gauche a couté sa place à Montebourg et aux autres ministres. Non par, car le Ministre de l’Économie est responsable de cette fracture, mais bien, car il en est un artisan. Après une interview au Monde, dans la semaine, qui appelait le Président à revoir sa politique, l’hôte de Bercy s’était déjà mis dans une position délicate vis-à-vis de l’Élysée. Avec les fêtes de la Rose à Frangy, Arnaud Montebourg et son invité d’honneur Benoît Hamon se sont mis dans une drôle de situation. Ils n’ont cessé de rappeler qu’ils flirtaient avec les « frondeurs socialistes » tout en restant « loyal » en Hollande et Valls. Mais au cours de la journée, ils ont « cassé » la politique de Hollande et Valls, sans arrêt. Ils paraissaient tous les deux très décontractés, soutenus par quelques membres importants du gouvernement (Filipetti, Taubira) et s’imaginaient quasiment déjà à Matignon. C’était sans compter sur l’autorité de Valls, qui dit stop et tout le monde dehors !

Qui restera sur la photo de famille ?

Qui restera sur la photo de famille ?

Qui dans le gouvernement Valls II ?

Il est quand même assez rare qu’un Premier ministre à la tête d’un pouvoir impopulaire arrive à rester à Matignon malgré la fin du gouvernement. Manuel Valls si ! L’ancien Ministre de l’Intérieur le sait, son autorité sur la gauche est forte. Non pas car ses idées font l’unanimité. Mais bien parce qu’il est seul à être capable de virer tout le monde pour repartir sur des bases plus saines, quitte à se séparer de ses meilleurs éléments (ou moins mauvais, tout dépend de la façon de voir les choses). Maintenant, la question est de savoir qui va-t-il garder ? Qui va rentrer ? Qui est menacé ? Qui a critiqué ? Nous évoquions le soutien, via Twitter, de la garde des Sceaux, Mme Taubira, et la Ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, à Montebourg et Hamont lors des fêtes de Frangy. Déjà, deux personnalités qui peuvent commencer à trembler. Même si Filipetti, une des rares membres des deux gouvernements Hollande à avoir pleinement satisfait depuis le début de sa mission, devrait être reconduite, elle ne souhaite pas participer à ce nouveau gouvernement. Elle l’a annoncé tout juste il y a quelques minutes. Situation différente pour Christiane Taubira. Adorée par certains, détestée par d’autres. La garde des Sceaux devrait souffrir de sa nouvelle réforme pénale qui indigne la France, des jeunes aux plus anciens, quant à la liberté offerte aux délinquants. Si Claude Bartolone, président de l’Assemblée, est reçu aujourd’hui par Valls, on peut se poser des questions. Dont celle d’une dissolution de l’Assemblée assez proche et quémander par l’ensemble de l’opposition.

Aubry et Placé derrièrent Hollande le 6 mai 2012, prémisse du gouvernement Valls 2 ?

Aubry et Placé derrièrent Hollande le 6 mai 2012, prémisse du gouvernement Valls 2 ?

Inutile de dire qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, respectivement à l’économie et l’éducation ne devraient pas être sur la photo de famille du nouveau gouvernement. Tous vont en revanche rencontrer Valls aujourd’hui. Ségolène Royal, Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Dryan ne devraient pas bouger. Il se peut que François Rebsamen, lui, où Michel Sapin bouge de ministères. Le premier cité peut d’ailleurs être un candidat à l’économie. Mais en deux gouvernements, il semble que la gauche ait épuisée son stock de politique en capacité de gouverner. Seuls les noms de DSK et Martine Aubry reviennent, mais entre les antécédents de l’un et la politique jugée trop à gauche de la Maire de Lille peuvent être un frein. Le retour des écologistes est envisageable, Jean-Vincent Placé en tête de liste. Cependant, on pourrait plutôt partir sur une ligne plus sociale-démocrate, largement apprécié par Manuel Valls.

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