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Les vampires au cinéma : Fright Night, Tom Holland (1985)

Aux États-Unis, la période allant de la fin des années 1970 au début des années 1990, voit la domination d’un cinéma fantastique à grand spectacle, sous l’initiative et le financement des studios hollywoodiens. Grâce à la profusion des effets spéciaux de plus en plus sophistiqués, le pays assoit sa domination sur le genre. Les années 1980 voient donc le retour des monstres classiques tels que le loup-garou ou le vampire. Plusieurs des succès de cette période mélangent le fantastique et la comédie, ce qui est notamment le cas de Fright Night de Tom Holland, sorti en 1985.

L’idée de départ du scénario de Fright Night germa de l’esprit de Tom Holland qui se prit à imaginer un fan de film d’horreur convaincu que son voisin était un vampire. Mais un problème se posa alors au réalisateur : Que pourrait faire un personnage dans une telle situation ? S’il en parle à quelqu’un, on va le prendre pour un fou ! Surtout s’il appelle la police. Holland pensa alors à Vincent Price. Cet acteur connu pour ses rôles dans de nombreux films d’épouvante, animait une émission d’horreur à la radio dans les années 1970. A cette époque, de nombreuses télévisions américaines possédaient leur propre émission d’horreur. Holland décida donc qu’il était naturel qu’un jeune garçon se tourne vers son animateur local.

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Charley Brewster est passionné par les films d’épouvante. Pour rien au monde il ne raterait « Fright Night », une émission consacrée au cinéma fantastique et présentée par Peter Vincent, un célèbre chasseur de vampires. Lorsque Jerry Dandridge et son garde du corps emménagent dans la maison voisine de celle de Charley, ils n’ont qu’un seul bagage : un cercueil. Quelque temps plus tard, une prostituée disparaît. Charley comprend que ses voisins sont des vampires. Il avertit la police, qui ne le prend pas au sérieux. Pour faire plus ample connaissance, la mère de Charley invite son nouveau voisin…

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Fright Night commence comme une comédie de mœurs : dans une petite banlieue américaine typique, un couple d’adolescents connaît ses premiers émois amoureux. Le film ne semble pas assez sérieux pour devenir effrayant, les personnages étant par ailleurs presque comiques, voire ridicules – tel qu’Edward, alias « Evil Ed », le meilleur ami de Charley. Mais progressivement, l’histoire bascule dans le fantastique, puis dans l’horreur avec une efficacité étonnante. Les éléments terrifiants apparaissent au fur et à mesure du récit, laissant ainsi à l’intensité dramatique le loisir de s’enraciner dans l’esprit du spectateur, comme elle le fait dans celui du personnage principal. Tout comme lui, nous surprenons le nouveau voisin transportant un cercueil, puis nous apercevons les canines surdéveloppées du vampire par la fenêtre, et enfin nous découvrons son apparence monstrueuse dans la chambre de Charley. Le processus horrifique se fait de manière crescendo, empruntant au cinéma d’épouvante des techniques de mise en scène traditionnelles tels que la suggestion ou l’effet de surprise.

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Fright Night n’est pas un film d’horreur conventionnel, d’autant plus qu’il s’inscrit dans un registre comique, voire parodique pendant une bonne partie de l’intrigue. L’humour est en partie dû à l’interprétation exquise et attachante de Roddy McDowall en ersatz raté de Peter Cushing. L’acteur en fait certes un peu trop par moment, mais n’est-ce pas là l’esprit du film ? Fright Night est en fait une re-contextualisation du mythe du vampire dans les années 1980, avec tout ce que cela comprend : bande originale au synthétiseur, séquence tournée en boîte de nuit, effets spéciaux faits à la main juteux et dégoulinants à souhait – notamment lors de la mort des vampires. Par ailleurs, le film se tourne vers les laissés pour compte de la société avec par exemple, le personnage de Peter Vincent, présentateur télé has been qui n’intéresse plus personne, ou encore le petit Edward, jeune loser par excellence. Cette dimension sociale, aussi modérée soit-elle, était totalement inexistante des films de vampires classiques.

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Dans son film, Tom Holland évite assez habilement les pièges du fantastique contemporain, notamment l’abus de scène sanglantes et inutilement gores, et préfère s’orienter vers l’humour noir, l’incorrection et la provocation. Lors d’une séquence particulièrement cocasse, Edward apprend à Sharley qu’un vampire ne peut pénétrer chez quelqu’un sans y avoir été invité. Charley découvre dans la minute qui suit que sa mère a convié Jerry Dandrige chez eux. Cette tournure récréative lui permet de remettre le film de vampire au goût du jour, tout en conservant certains codes intrinsèques au genre. De cette manière, de nombreuses références historiques sont faites à la tradition des films de vampires.

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Le personnage de Jerry Dandrige, interprété par Chris Sarandon, mélange les caractéristiques de plusieurs types de vampires déjà rencontrés au cinéma : c’est un séducteur qui réussit très finement à jouer de son physique, pouvant néanmoins revêtir une apparence monstrueuse que l’on avait pas vue depuis Nosferatu. Son personnage est entouré d’une aura sexuelle latente, puisqu’il envoûte littéralement la petite amie de Charley lors d’une scène de danse lascive relativement osée. Alors qu’elle rechignait à passer à l’acte avec son petit ami, elle succombe aux avances du vampire, perdant sa virginité d’une part, et devenant vampire elle-même d’autre part. Puisqu’elle est attirée par le Mal, sa métamorphose est immorale et illustre la perversion de la créature, encline à la pire des sauvageries. Tout le processus de séduction entre ces deux personnages fait l’objet de scènes particulièrement sulfureuses, octroyant ainsi au film une atmosphère troublante.

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En définitive, Fright Night revisite avec intelligence et volupté, la grammaire des films de vampires. De nombreux éléments appartenant à la mythologie vampirique sont subtilement intégrés au récit, comme le fait qu’un vampire ne possède pas de reflet. Le film met également en scène certaines facultés corrélatives aux vampires, initialement établies dans Dracula de Bram Stoker. Ainsi, les vampires de Fright Night, et principalement Jerry Dandrige, possèdent des capacités physiques bien supérieures à celles des hommes et peuvent se transformer en différents animaux, comme des loups ou des chauve-souris monstrueuses. Globalement, le résultat est très réussi et l’on prend plaisir à suivre cette aventure pleine d’humour et de terreur.

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