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Victime de viol, Betty Galland raconte son combat pour faire arrêter son agresseur

Fait Divers – Betty Galland, 55 ans, victime d’un guet-apens, se fait violer en Martinique en 2003.  Aujourd’hui, elle sort un livre et se confie à Radio VL pour raconter comment elle s’est battue, souvent seule, pour faire arrêter son violeur multirécidiviste.

Le départ précipité en Martinique

Son calvaire commence au début de l’année 2003 lorsqu’elle décide de partir s’installer en Martinique avec son mari. C’était une volonté commune des deux époux qui a été précipitée par la menace pour leur sécurité. « Mon mari et moi, nous nous sommes rencontrés peu de temps avant de partir. On a quitté la métropole en catastrophe car le précédent mariage de mon mari, François, était compliqué à cause de son ex-femme schizophrène qui a essayé de le tuer » explique Betty. « Les structures françaises étant absentes, elle a été internée un temps mais ils ne pouvaient pas la garder à l’infini ». Betty Galland et François ont profité de l’internement durant quatre mois de cette femme pour partir en Martinique et éloigner la menace. « Le psychiatre nous avait bien mis en garde. Elle avait la volonté de nous tuer ». Encore aujourd’hui, Betty se sent toujours menacée par cette femme. « Elle habite à quelques kilomètres de chez nous et je reçois encore des coups de fil anonymes pour me dire qu’elle va me faire la peau alors que cette histoire date de 14 ans ».

Un piège qui se referme

Betty Galland est astrologue. « J’ai repris mon activité professionnelle un mois après mon arrivée en Martinique ». Pour se constituer une clientèle dans la région, elle décide de publier une petite annonce dans le journal. Quelques jours plus tard, elle reçoit un coup de téléphone d’un homme se présentant comme chef d’entreprise ayant besoin de conseils. Il refuse de la voir à son cabinet d’astrologie et lui donne rendez-vous à 20 heures, un soir de semaine. Le mari de Betty n’est pas rassuré et lui demande d’annuler le rendez-vous. Mais le besoin d’argent du couple la pousse à accepter. « Je ne pouvais pas imaginer une seule seconde que ça puisse m’arriver à moi. On se croit à l’abri. On pense que ça n’arrive qu’aux autres ». Lorsqu’elle arrive au rendez-vous, elle s’interroge. « Son look avec son pantacourt ressemblait à tout sauf à un chef d’entreprise mais il présentait bien avec une élocution parfaite ».  C’était un guet-apens qui a permis au violeur d’isoler Betty dans un endroit calme et désaffecté. Après le viol, Betty est sous le choc. « Je me suis sentie salie, complètement souillée, rabaissée à un tas de viande. On ne ressent plus rien. On ne se sent plus exister ».

Un violeur multirécidiviste

Betty Galland est loin d’être la première victime de ce violeur martiniquais multirécidiviste. « Bien avant mon agression, il a pris une petite gamine de 16 ans en stop qui a porté plainte pour agression sexuelle sur mineur. Mais il l’a retrouvée et l’a menacée de représailles ce qui a poussé la jeune fille à retirer sa plainte malgré la gravité des faits. » Les dysfonctionnements de la police sur cette affaire commencent ici car les enquêteurs ne relèveront jamais les empreintes génétiques de l’agresseur pour les rajouter au fichier national et l’homme ne fera l’objet que d’un rappel à la loi. Deux autres victimes suivront en plus de Betty. « Je suis sûre que certaines de ces agressions auraient pu être évitées comme la mienne. La seconde victime, serveuse, était allée à la police le lendemain de son agression en décrivant le lieu où travaillait son agresseur mais la police n’a pas enregistré sa déposition et lui a dit : « Mademoiselle rentrez chez vous, vous avez pris des coups sur la tête. Ça ne fonctionne pas très bien. Allez-vous faire soigner. Laissez-nous régler cette affaire. »

De nombreux dysfonctionnements dans l’enquête

Loin de se sentir comprise par les policiers, Betty ressent très rapidement un sentiment de culpabilité. Les policiers ne sont pas du tout préparés à recevoir les victimes. « Quand vous avez des gendarmes qui ont le toupet de vous dire après l’agression : « mais qu’est-ce que vous avez été foutre à cette heure-là sur cette route de campagne ? Vous deviez bien vous imaginer ce qui allait vous arriver. » Comment on peut dire des ignominies pareilles à une victime ? » Betty se sent complètement abandonnée. « Tout est à la charge de la victime. C’est un coût. » L’enquête n’avance pas.

Lorsque Betty Galland est convoquée au commissariat pour identifier le coupable, les suspects sont loin du compte. « Je me suis dit: ‘Ils se foutent de ma gueule’. Ils voulaient voir si j’avais la lumière à tous les étages et si j’étais capable de faire le distinguo entre mon imaginaire et la réalité ». Le manque de moyens de la police est énorme. « La justice a refusé la réalisation du portrait-robot de mon agresseur alors que je l’ai vu et que je n’oublierai jamais son visage. L’expert en charge de cette tâche était en Guadeloupe et a refusé de venir en Martinique ». Pire, un an et demi après le viol, lorsqu’elle demande toujours un portraitiste, les policiers doutent de sa mémoire et lui refusent.

Lors des résultats des analyses ADN, Betty est convaincue que les policiers ont mélangé les prélèvements et que la scène a été polluée. « Ils m’ont convoquée au commissariat pour me dire qu’ils avaient trouvé un troisième ADN et m’interroger pour savoir si je n’avais pas trompé mon mari. C’est complètement fou de rejeter la faute sur moi alors que cet ADN n’a rien à foutre chez moi ». Par conséquent, elle décide de payer un détective privé pour l’aider mais il ne trouvera jamais rien. « Il ne voulait que mon argent. Il était naze. » A bout de nerfs, elle alerte la presse et mène son enquête avec l’aide d’un journaliste de France Antilles. Elle apprend à ce moment-là grâce à ce journaliste qu’elle peut se porter partie civile mais personne ne l’avait prévenue. Le violeur sera arrêté quelques mois plus tard car la quatrième victime le connaissait. Par peur que le conjoint de cette victime le tue, la police a arrêté le coupable.

L’homme a été condamné à 15 ans de prison ferme sans peine plancher et à 10 ans de suivi socio-psychologique. « Avec les remises de peine et l’absence de structure de suivi psychologique en France. Je pense qu’il est aujourd’hui en liberté. » Betty Galland a publié son livre Silence… on viole ! pour raconter son histoire et éviter qu’elle se répète pour d’autres victimes.

«  Faut que l’on se taise en France. On n’a pas le droit de douter des compétences des forces de l’ordre alors que parfois il y a tout à remettre en cause comme pour mon cas. J’ai refusé ce tabou même si ça dérange. »


Silence… on viole !

Betty Galland

Editions Le Faucon d’Or

 

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