Nouvelle série de la franchise de Dick Wolf Law & Order True Crime revient sur une affaire criminelle qui défraya la chronique à la fin des années 80
Dick Wolf, l’homme derrière la franchise Chicago depuis 2012 (Chicago Fire, Chicago PD, Chicago Med, Chicago Justice) est aussi le producteur à qui l’on doit l’un des plus grands franchises de l’histoire de la télévision, forte de pas moins de cinq séries (Law & Order (New York District ou New York Police Judiciaire de 1990 à 2010), Law & Order : Special Victims Unit (New York Unité spéciale depuis 1999), Law & Order : Criminal Intent (New York Section Criminelle de 2001 à 2011), Law & Order : Trial By Jury (New York Cour de Justice de 2005 à 2006) et Law & Order : Los Angeles (Los Angeles Police Judiciaire de 2010 à 2011). Wolf ajoute une nouvelle pierre à l’édifice avec la diffusion depuis ce mardi 26 septembre sur NBC de Law & Order True Crime : The Menendez Murders.
Sur le modèle de la série documentaire Making a Murderer et la colossale réussite de la première saison de American Crime Story qui racontait par le menu l’affaire et le procès contre le footballeur et comédien O.J Simpson, Law & Order True Crime s’immerge dans une histoire véridique débutée en 1989 et qui conte le procès pour parricide qui fut intenté à Erik et Lyle Menendez. Le producteur qui s’est fait une spécialité d’utiliser les gros titres de la rubrique des faits divers pour les scénarios des séries antérieures use cette fois-ci du mode anthologique très en vogue à Hollywood afin de raconter en détails cette affaire très médiatisée qui recouvre de nombreuses zones d’ombre et qui relate l’histoire de ces deux frères accusés du meurtre de leurs parents à des fins de s’octroyer leur héritage. La recette appliquée aux séries Law & Order et qui a déjà bien fait ses preuves fonctionne t-elle avec toujours autant d’efficacité ?
Le premier épisode de Law & Order True Crime est plutôt réussi, convenons-en (si ce n’est qu’il est, quel dommage, expurgé de l’introduction en voix-off, du générique, des cartons et de leurs sons caractéristiques, typiques de la franchise ). Produit avec soin, écrit par l’un des piliers de la franchise, le chevronné René Balcer, filmé de manière efficace, le téléspectateur y trouve sans problèmes ce qu’il vient y chercher dans une mécanique qu’il connait et apprécie. Une affaire sordide, une enquête menée de manière pointilleuse par des policiers aguerris, des suspects hauts en couleurs aux agissements suspicieux et des personnages qui apparaissent par petites touches, voici notamment ce que ce nous offre cette épisode introductif qui, si il nous donne le goût de l’œuvre qui va suivre, ne peut en aucun cas présager de ce que sera la série dans son entièreté).
Si l’affaire est suffisamment tortueuse pour nous intriguer d’emblée, si la présence de comédiens de haut vol (Eddie Falco, Josh Charles, Anthony Edwards...) est un plaisir qui se savoure, on est malgré tout un peu surpris par la tournure conventionnelle que prend l’ensemble, en ce sens que l’on est en terrain archi connu, balisé par des centaines d’épisodes de Law & Order, dont la structure feuilletonnante est ici la seule réelle originalité. Il est difficile de passer derrière la structure d’American Crime Story qui avait pour elle un traitement suffisamment remarquable pour être difficile ne serait-ce qu’à égaler et que Law & Order True Crime essaye de reproduire par moments dans son esthétique et ses plans.
A la différence de American Crime Story qui affichait d’entrée de jeu une densité impressionnante, on a le sentiment que True Crime en garde sous le pied refusant de nous plonger d’un seul coup dans le grand bain, malgré un rythme d’ores et déjà prenant. Moins fin que sa devancière, écrit plus platement et interprété avec moins de subtilité (on pense surtout à l’interprétation un peu outrancière parfois de Gus Halper et de Miles Gaston Villanueva), Law & Order True Crime nous donne paradoxalement très envie d’en connaitre les tenants et les aboutissants. Les rebondissements d’une telle affaire et l’éclairage porté dessus, les promesses de voir des comédiens adorés par ailleurs trouver leur rythme de croisière et une place dans le récit plus conforme à leurs statuts, nous permettent, malgré un premier acte classique, une série qui saura trouver sa place au milieu d’autres programmes du même acabit qui ont déjà faits leurs preuves.