Enfin, nous y sommes. Vendredi 3 juin, un peu avant 22h00, il est temps de retrouver la nouvelle édition du Weather Festival. A peine les divers contrôles passés, il faut choisir. La première scène que nous trouvons est celle de l’Automne. Birth of Frequency est déjà à l’ouvrage, en train de disséquer des percussions complexes. Habile, il nous annonce la couleur de cette édition : le niveau est à son summum. Pas encore suffisamment concentrés, nous nous dirigeons vers la scène Printemps, avec la promesse d’un démarrage plus délicat.
Là se dresse Molly, une résidente du Rex Club. Elle a des allures de sirène qui ne veut pas se mouiller dans son imperméable rouge et bleu. Son set vinyle est une effusion de House classique comme elle l’aime, mais comporte aussi quelques pépites surprenantes, ou qu’on a plus entendu depuis trop longtemps. Le temps commence à passer de plus en plus vite, trop même, on voudrait que ça ne finisse jamais, mais voilà déjà le trio Tuskegee.
Tout de suite, le ton change, les frères Martinez accompagnés de Seth Troxler ont un style qui leur est propre, et ils comptent le montrer. Les sonorités sont plus acides, le tempo plus élevé. Ce début de set finit de nous mettre en jambes pour ce qui s’annonce comme une démonstration de force de la part des (plus tout) jeunes mariés.
De retour à l’Automne, les suédois Adam Beyer et Ida Engberg, qui ont passé leur nuit de noces à célébrer dans le temple Techno du Berghain à Berlin, sont au contrôle des platines. Ils démontrent encore une fois l’efficacité des scandinaves quand il s’agit de délivrer des sons froids aux battements lourds. Le hall 5, tenu par quatre mains de fer, entre en transe, avec deux énormes carrés de flashs et projections en guise de pendule. Quand la séance prend fin, il faut paradoxalement aller chercher la chaleur sur la scène extérieure, tant ils nous ont fait frissonner. Au Printemps, le patron de Soft Touch prend le micro afin d’introduire un invité de marque.
De la chaleur, le natif du sud allemand Henrik Schwarz sait en produire. Son début de set nous rappelle une certaine chaufferie sud-africaine, et ce n’est pas pour nous déplaire. Avec tout ce qu’on sait sur la qualité germanique, il n’est pas surprenant de le voir en savant ingénieur du mélange House/World Music. La foule est emplie de bonheur, plus qu’un concert, c’est une célébration à l’Amour avec un grand A. En jouant son remix de « Wasting My Young Years », il annonce une intention toute particulière, celle de nous faire chanter, qu’il confirme avec son véritable hymne « Je Pense à Toi », morceau d’Amadou et Mariam qu’il a également retravaillé. Pas une paire de lèvres ne reste scellée. Une sensation extatique nous remplit, comme seul le Weather Festival sait nous procurer. La surprise de se retrouver à chanter en chœur dans un festival de musique électronique, ne serait-ce pas la patte de Brice Coudert, qui choisit avec soin chacune des performances présentes au Bourget ?
2 heures et demie plus tard, retour à la Techno. Collabs3000, le duo formé par Speedy J et Chris Liebing s’affaire dans l’énorme pièce sombre. Ce qu’ils font de mieux, c’est partager la joie qu’ils ont d’être dans le DJ booth. Ne vous méprenez pas, il s’agit bien d’un tabassage en règle, mais il est euphorique. On atteint des pics de puissance dans cet assemblage qui va à toute vitesse.
En guise de dessert, on nous sert celui qui se trouve à la tête du classement des meilleurs DJs selon Resident Advisor, le solide Dixon. Cette consécration apparaît comme une évidence quand on goûte à sa mixture unique. Les accords sont intrigants, les rythmiques sobres. Après avoir accompagné le lever du jour, il nous laisse avec un arrière-goût délicieux, comme si nous étions enchantés, une émotion qui nous hante, tout le long du trajet du retour et plus longtemps encore.
Cette première nuit n’a pas manqué à la réputation du Weather Festival, dont le ballon sonde s’envole toujours plus haut, toujours plus fort.