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Wejdene, présidente de la France dans son premier album « 16 »

Après, son hit « Anissa », Wejdene vient confirmer son potentiel avec 16, son premier album, en cumulant 2,7 millions de streams en 24h sur Spotify France.

Wejdene a marqué les esprits avec son hit « Anissa » publié une première fois sur TikTok en avril 2020. Repris par plus de 900 000 utilisateurs et utilisatrices, elle sort un nouveau clip fin mai et explose les chartes. Le 30 juin, son single est certifié disque d’or, puis platine à la mi-août, cumulant 52 millions de vues sur YouTube. Ce succès lui permet de signer avec le label Caroline, appartenant au groupe Universal Music en juin 2020.

Son premier album 16 est disponible sur toutes les plateformes de streaming depuis le 25 septembre. La sortie de ce projet est l’occasion pour elle de renforcer la fidélité de sa communauté, et de confirmer son potentiel auprès de ses fans. La jeune femme et son producteur, Feuneu, ne pourraient pas surfer sur une vague plus actuelle avec leurs compositions. Ils jouent tous les deux sur des airs mélangeant la pop, le rap, le R&B, la trap, l’afrobeats et le kizomba, mélodies populaires auprès des jeunes. Si les sonorités restent attendues, se ressemblent beaucoup et qu’on a l’impression d’écouter le même air en boucle, l’album n’est pas non plus simpliste pour une jeune fille de seulement 16 ans.

Les thématiques de ses musiques sont celles d’une adolescente moderne : les amours, la jalousie, les réseaux sociaux, la mode et les relations familiales. Toutefois, Wejdene ne tombe pas dans les clichés et représente parfaitement ce que c’est d’être adolescente aujourd’hui. Sa sincérité permet à sa communauté de s’identifier à sa personne et à ses expériences, et c’est pour cela qu’elle plaît autant. C’est une adolescente qui s’assume, qui n’a pas peur d’être et de faire ce qu’elle a envie de faire.

Comme elle l’avait promis, cet album est personnel, sans featuring, elle est seule avec ses paroles. Si la plupart des titres sont plutôt dansants et joyeux, elle se confie tout de même beaucoup, sur ses émotions, son vécu et son succès soudain. Elle dresse un bilan du début de sa carrière et parle la pauvreté de sa famille avant son succès, « Bah ouais, j’suis plus pauvre / ça c’est mon passé ». Ce travail acharné, elle le fait principalement pour sa mère.

« J’ai signé un gros contrat, je ne suis plus endettée / D’ailleurs, j’ai plus de copines, elles m’ont toutes laissée / Elles pensaient que j’étais en forme alors que j’étais blessée / Elles critiquent et me rabaissaient. »

Wejdene, 16

Une icône féministe en devenir ?

Wejdene a tout pour être une nouvelle figure féministe comme Angèle ou Aya Nakamura. Bien qu’elle ne fasse pas preuve de militantisme, c’est une jeune fille pleine de caractère et d’ambition qui possède beaucoup d’autodérision. Elle met les femmes à l’honneur dans Ciao : « On est fraîches, apprêtées de la tête aux pieds /Tu l’sais qu’on est prêtes et y’a personne qui va déranger /J’te jure, top modèle, yah (yah, yah) » et prône la sororité, en préférant défendre ses copines plutôt que des mecs. « Tous ces mecs, des disquetteurs, j’prends pas l’temps d’leur dire “au revoir” (bye, bye) /Allez, on rentre dans l’ambiance, y’a ma copine qui te veut donc tu fonces (allez) /Allez, on rentre dans l’ambiance, et attention à elle ou j’te défonce ».

Dans « Anissa » elle racontait la tromperie qu’elle a vécu. Elle joue de la situation, et réalise avec SevenEyes un clip, rempli d’humour et de second-degrés, se montrant comme une fille qui ne se prend pas aux sérieux, « heureuse malgré les déceptions amoureuses » comme elle l’explique sur les réseaux sociaux.

Ses chansons font toutefois l’objet d’un grand snobisme comme beaucoup de musiques dites « commerciales » ou populaires, encore plus lorsque ce sont des femmes qui en sont à l’origine. Aduler une jeune fille, qui de plus a commis, une faute de français dans sa première chanson semble être une hérésie. Mais celle-ci, a raison quand elle parle de ses détracteurs comme des « rageux » ou de « jaloux ». Ces derniers font dans un premier temps preuve de classisme (discrimination liée à la classe sociale) et sont sûrement aussi frustrés de ne pas pouvoir danser et chanter à tue-tête ces nouveaux hymnes écrits par la plume d’une jeune fille au talent prometteur, et préfèrent rabaisser encore une fois les femmes qui ont du succès.

Mais Wejdene tient tête aux critiques. Pour l’annonce de son album, elle avait parodié Emmanuel Macron, avait investi la présidence, et s’était mis dans une position de pouvoir. Dans son costume rose, elle avait communiqué avec ses fans, les interdisant ironiquement de parler à toutes les « Anissa ». Elle avait repris les gimmicks du Président, en finissant son discours par « Nous sommes en guerre » comme il l’avait répété de nombreuses fois à l’annonce du confinement. Sur la couverture de son album, elle est de la même manière, représentée en tant que Présidente, à l’Élysée, statut jusqu’à aujourd’hui inatteignable pour une femme en France.

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Journaliste VL.
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