Jusqu’au 1er décembre 2013, le théâtre du Châtelet (1er) accueille la plus connue des comédies musicales, dans une mise en scène fidèle à l’originale. Rafraîchissant !
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On ne présente plus West Side Story, l’adaptation à succès de Roméo et Juliette par les piliers de Broadway Bernstein, Sondheim et Laurents. Depuis 1957, les Sharks Portoricains et les Jets Blancs ne cessent de claquer leurs doigts en rythme dans les rues de Manhattan. Seulement, depuis la version filmée de 1961 (Jerome Robbins et Robert Wise), la pièce a fait l’objet de nombreuses interprétations, pas toujours très heureuses. De plus, le film a vieilli. Et les idoles de ce musical se sont cristallisés dans la caricature kitschy-mielleuse de Grease.
«Je ne fais aucun compromis. Je ne me dis pas « Oh, il faudrait que ça ressemble au film. » Non, surtout pas, c’est une question de vie ou de mort, on y va.» Les propos du metteur en scène Joey McKneely traduisent le parti pris de cette version : reprendre le travail initial de Jerome Robbins pour lui rendre hommage et le dépoussiérer un bon coup.
Le rideau s’ouvre sur la grande scène du théâtre du Châtelet. Le plateau nu est encadré par deux structures métalliques, les fameux escaliers de service new-yorkais. Les teddys des Jets et les marcels colorés des Sharks sont toujours là. Le fond de l’écran affiche soit des images du New-York des années 1960, soit une simple couleur. Les vraies vedettes sont les acteurs qui sont également chanteurs et danseurs. Ils trépignent, s’agitent en rythme, et chantent juste (oui, juste et avec un orchestre en direct, c’est possible). Les tableaux s’enchaînent frénétiquement, transmettant la fièvre de la jeunesse américaine.
La direction d’acteurs rend parfaitement le côté violent et sexué de West Side Story, que la vieillesse a tendance à édulcorer. Elle révèle de véritable talents, tels que les interprètes des seconds rôles Riff, Anita ou encore Bernardo (respectivement Andy Jones, Yanira Marin et Pepe Menoz). On notera tout de même une réserve pour les premiers rôles, qui sont des chanteurs lyriques. Plutôt émouvantes pour les solos, les voix de Liam Tobin et Elena Sancho Pereg ont tendance à couvrir les subtiles harmonies des passages en choeur.
Mais ne serait-ce que pour entendre le côté dissonnant des portoricaines qui minaudent «America», ou pour s’extasier devant les chorégraphies enfin énergiques, ce classique mérite son titre, et vaut le détour.
« West Side Story » : Jusqu’au 1er janvier 2013. Les mardis, mercredis, jeudis et vendredis à 20h, les samedis et dimanches à 15h et 20h. Théâtre du Châtelet ; 01 40 28 28 40.
Crédit photos : Nilz Boehme, théâtre du Châtelet