Battu (9-19) en Irlande samedi, le XV de France a affiché ses limites sur la pelouse de l’Aviva Stadium. Pour les Bleus, les rêves de victoire dans le tournoi s’évaporent. Mais pas seulement…
Et si les fameuses «défaites encourageantes» de novembre contre l’Australie (22-24) et la Nouvelle-Zélande (19-24) et celle d’il y a trois semaines à Twickenham face à l’Angleterre (16-19) n’étaient que des feux de pailles ? S’il y avait de quoi être optimiste jusqu’ici de par le jeu produit, le match de l’équipe de France samedi en Irlande laisse place à un tout autre constat. A Dublin, la marche était trop haute. Et elle fut révélatrice de ce qui sépare les hommes de Guy Novès du gratin du rugby mondial. Sur la pelouse de l’Aviva Stadium, face à des Irlandais un ton au-dessus dans tous les compartiments du jeu, les Bleus n’ont pas su rivaliser.
Ou plutôt si, ils l’on fait pendant 25 minutes. Un premier tiers du match qui aurait pu changer toute la physionomie de la rencontre. Avec, comme fait marquant, cet essai refusé à Remi Lamerat pour un en-avant de Gaël Fickou (18e).
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Le déchet, le déchet, toujours le déchet, qui vient gâcher les bonnes séquences françaises. Et donner raison aux médias anglo-saxons, lesquels se moquent de plus en plus de nos lacunes techniques. Trop c’est trop ! Surtout qu’à ce moment-là, les Irlandais étaient dans le dur. Et cette entame de match laissait augurer d’une belle après-midi et peut-être d’un exploit tricolore.
Les Bleus étouffés par la marée verte
Il n’en fut rien. En Angleterre, les Français, s’ils avaient cédé en fin de partie, avaient au moins répété leurs efforts offensifs jusqu’à l’heure de jeu, trouvant finalement le chemin de la terre promise par Rabah Slimani. En Irlande samedi, le jeu a disparu en moins d’une demi-heure. La faute à un XV du Trèfle revigoré. Profitant de l’inefficacité française (seulement six points inscrits par les Tricolores dans leur temps fort), les hommes en vert ont peu à peu refait surface, récitant leur jeu. Un rugby redoutable d’efficacité (100% en conquête, 22/22 en touche, 69 ballons gagnés dans les 22 mètres adverses contre 8 côté français).
Les hommes de Joe Schmidt ont étouffé et usé leur adversaire, à l’image de leur redoutable troisième ligne, face à laquelle Louis Picamoles a (un peu) tenté de soutenir la comparaison. L’essai de Conor Murray (30e), la botte de Jonathan Sexton et quelques décisions clémentes de Nigel Owens ont permis à l’Irlande de prendre les commandes puis se détacher au tableau d’affichage.
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En panne de solutions offensivement, la France n’a jamais su répliquer à un collectif irlandais huilé et sûr de sa force. «Après leur essai, on a commencé à perde le fil du match», concédait le capitaine Guilhem Guirado après la rencontre. La preuve dans l’évolution du score. Après avoir été menés 6-0, les Irlandais ont infligé un cinglant 16-0 aux Bleus en l’espace de 55 minutes (de la 19e et la 74e).
Et maintenant…
Et les propos de Guy Novès en conférence de presse d’après-match sonnent comme un aveu d’échec. «Je n’ai pas l’impression qu’on progresse, mais on construit, c’est sûr. On stagne plutôt, je n’ai pas le sentiment qu’on recule. On se rend compte du chemin qui nous reste à parcourir». Et celui-ci est aussi long que semé d’embûches, tant l’Irlande a balayé les quelques espoirs entrevus sur les matches précédents. Défaite magnifique ou victoire sans saveur, il n’y eut cette fois-ci aucun des deux. Il faut pourtant vite se remobiliser pour tenter de sauver les meubles dans cette fin de tournoi. Les Bleus ont encore deux matches à disputer. Le 11 mars, ils se rendront en Italie. Puis ils recevront le pays de Galles au stade de France le 18 mars. Pour peut-être terminer sur le podium. A condition de montrer autre chose.
Alexis Cimolino