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20 ans de prison… pour avoir volé deux chemises

Les États-Unis n’en ont définitivement pas fini avec le racisme. Depuis la mort de George Floyd, ce sont quinze noirs non-armés qui ont été abattus par la police. Mais ces affaires ne doivent pas faire oublier les centaines d’autres, car condamner un homme à 20 ans de prison pour avoir volé deux chemises, c’est aussi lui enlever sa vie.

Au milieu des récentes affaires comme celle de Daunte Wright, jeune noir abattu par la police il y a quelques jours, cette information passe un peu inaperçue. Pourtant, elle témoigne tout autant du racisme d’État dont les États-Unis font preuve. Ce Vendredi 9 avril, Guy Frank est sorti de prison après 20 ans derrière les barreaux.

Aussi surprenant que cela peut paraître, c’est en plus tout à fait légal. En Louisiane, les procureurs ont le droit de requérir une peine plus sévère que celle prévue par la loi pour le dernier délit en date. Tout cela n’est possible que si l’accusé a déjà été condamné dans d’autres affaires précédentes.

En 2000, la police arrête Guy Frank pour le vol de deux chemises. À son procès, le tribunal constate qu’il avait déjà été arrêté 36 fois depuis 1975. Condamné plusieurs fois pour vol et possession de cocaïne, il avait passé trois ans en prison dans les années 90. Le tribunal le condamne à 20 ans d’emprisonnement. Durant sa peine, sa mère, sa femme, son fils et ses deux frères sont tous morts.

Guy Frank à sa sortie de prison – Instagram / Innocence Project New Orleans

Une affaire pas si unique…

Bernette Johnson, ancienne présidente de la Cour Suprême de Louisiane, a déjà eu affaire à ce type de condamnation. Encore en activité il y a presque un an, elle s’est prononcée sur l’affaire d’un homme condamné à la perpétuité pour avoir tenté de voler une cisaille. Après avoir passé vingt ans en prison, ce dernier avait demandé la révision de sa condamnation. Sauf l’ancienne présidente, tous les membres de la Cour Suprême de Louisiane avait votés contre cette requête.

Concernant l’affaire de Guy Frank, elle s’est exprimée dans le Washington Post. Pour elle, l’origine de ces lois est directement reliée à des mesures destinées à maintenir la communauté noire dans la pauvreté.

Voici ce qu’explique l’article du Post : Après la Guerre de Sécession, qui opposait les États esclavagistes du Sud aux États du Nord, les États-Unis rentrent dans ce que l’on appelle la « Reconstruction ». Les États du Sud ont introduit des peines très sévères pour des délits mineurs. Ces lois, connues sous le nom de « Pig Laws », criminalisaient les noirs et permettaient aux États de les condamner à des travaux forcés. La part de noirs dans la population carcérale a évidemment explosé et encore aujourd’hui cela est visible. En 2016, les noirs constituaient 13,6% de la population américaine et 40% de la population carcérale.

En Louisiane, c’est encore plus frappant. Ils représentent environ un tiers de la population et les trois-quarts de tous les prisonniers condamnés à perpétuité.

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