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21 avril 2002 : l’extrême-droite accède pour la première fois au second tour de la présidentielle

Le 21 avril 2002, c’est un choc : le candidat du Front National Jean-Marie Le Pen déjoue les pronostics et arrive au second tour des élections présidentielles face à Jacques Chirac. C’est la première fois que l’extrême droite touche de si près le pouvoir sous la Vème République.

Un « séisme politique »

Les sondages étaient formels : le deuxième tour des élections de 2002 se tiendrait entre Jacques Chirac (Rassemblement Pour la République) et Lionel Jospin (Parti Socialiste), alors respectivement président et premier ministre. Jean-Marie Le Pen (Front National) était estimé en troisième position avec 14% des voix. Le candidat Jospin était serein : depuis son arrivée au gouvernement en 1997 les résultats étaient bons : le taux de chômage en baisse, la croissance en reprise…

Mais le 21 avril 2002, les Français surprennent. Le Pen dépasse Jospin avec 16,86% des voix contre 16,18% . Le président sortant arrive en tête avec 19,88% des suffrages. Nombre de médias titrent sur ce « séisme politique« .

La surprise est aussi grande pour Jean-Marie Le Pen. Le journaliste Olivier Beaumont raconte qu’il a « une forme de léthargie pendant de longues minutes jusqu’à 21h, jusqu’à ce qu’il encaisse le coup, qu’il comprenne. » Il explique cela par la position de contre-pouvoir que le candidat est habitué à occuper. Il aime effectivement choquer, être cynique, fédérer les mécontents qui ne se sentent pas écoutés, et même faire des dérapages haineux. Mais il ne s’imagine pas à la tête du gouvernement français.

Une élection historique

Comment expliquer un tel revirement ? Tout d’abord, les candidats de la gauche sont divisés. Très divisés même, puisque l’élection compte 16 candidats en lice pour le premier tour, un record jamais égalé depuis. Sur 16 candidats, 9 se situent à gauche de l’échiquier politique. Ce qui a joué en défaveur du Parti Socialiste.

Le taux d’abstention a lui aussi été historique en 2002 : 28,4% des inscrits ne sont pas allés voter. Ce qui a pu faire pencher la balance en faveur de Le Pen. Les experts s’inquiète de cette « crise de la représentation des Français » : un véritable désintérêt à la politique est montré pour la première fois. Le score de Le Pen est révélateur d’une impression de coupure entre les préoccupations des électeurs et celles exprimées par les hommes politiques.

De plus la campagne du leader du FN est un peu différente des trois précédentes. Bien qu’il garde son crédo principal : l’immigration, il essaie de se normaliser et se concentre sur des thèmes d’actualité, tels que l’insécurité, thème sur lequel Jacques Chirac insiste également. Il réalise ainsi son meilleur score, toutes élections confondues, depuis la création de son parti 20 ans auparavant, malgré la scission de l’extrême droite avec la candidature de son ancien ami Bruno Mégret (Mouvement National Républicain).

La « cohésion nationale » pour le second tour

Les réactions sont immédiates. Dès les résultats annoncés, de nombreux responsables politiques appellent à voter pour le candidat-président pour « faire barrage ». Le dimanche soir, même des rassemblements « anti-Le Pen » réunissent plus d’un million de personnes partout en France.

Le Pen dénonce ce Front Républicain qui s’érige contre lui : « ce combat est celui de Goliath contre David, et pourtant David l’a terrassé« . Jospin annonce quant à lui qu’il se retirerait de la vie politique dès la fin du second tour, ayant réalisé le plus bas score d’un candidat socialiste à la présidentielle depuis 1969.

Jacques Chirac refuse catégoriquement un débat d’entre-deux-tour avec l’extrême droite. C’est la première fois depuis 1974 qu’aucun débat n’a lieu avant l’élection du futur président de la République. Le soir du 21 avril 2002, il ne prononce pas un discours de victoire, mais il appelle à la « cohésion de la Nation ». Certains y ont également vu un moyen de ne pas apeurer les électeurs de gauche qui auraient pu être réticents à sa réélection. Il sera effectivement déclaré à nouveau président le 5 mai 2002, avec un score record de 82,2%.

« Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible. Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national, et ceci quel qu’en soit le prix politique, je n’accepterai demain de débat avec son représentant. »

Jacques Chirac
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