Le chef d’oeuvre expressionniste allemand est un des tous premiers film de vampire au monde, il reste encore aujourd’hui une référence de cinéma !
Icône de l’expressionnisme allemand
Ce film s’est notamment inspiré de deux grands films expressionnistes, le Cabinet du docteur Caligari (1920) de Robert Wiene, ainsi que du Golem (1920) de Carl Boese et Paul Wegener. Le tournage avait entièrement lieu dans des décors réels et en extérieur, ce qui était particulièrement novateur pour l’époque. Nosferatu (1922) incarne l’expressionnisme allemand, car il traite un univers à cheval entre l’horreur et le fantastique. La caméra épouse des formes convexes et tordues propres à l’angoisse et l’onirisme recherchée du film.
Nosferatu est une adaptation illégale de Dracula
L’histoire de Nosferatu est amusante. Murnau n’ayant pas eu assez d’argent pour payer les droits d’auteur du roman Dracula de Bram Stoker (1897), il a décidé de changer le titre Dracula en Nosferatu (qui signifie vampire ou non-mort en roumain). De plus, le réalisateur avait fait quelques changements sur les personnages et le lieu. Dracula est devenu le Comte Orlok, et l’histoire a lieu non pas à Londres mais dans la ville imaginaire de Wisborg. Cependant, cela n’a pas suffit à essuyer les procès qu’a intenté la veuve du romancier. Elle est même parvenue à faire supprimer les négatifs de toutes les copies du film en 1925. Heureusement, certaines copies cachées ont été retrouvées aux États Unis dans les années 1930. Ainsi le film existe encore, car victime de son succès, certains avaient conservées des copies de la précieuse pellicule.
La tête du réalisateur volée !
84 ans après sa mort, la tombe du réalisateur Friedrich Wilhelm Murnau fut saccagée. En effet, entre le 4 et le 12 Juillet 2015, dans le cimetière de Stahndorf (à proximité de Berlin), le caveau du défunt a été forcé. On s’est rendu compte qu’il manquait sa tête au cadavre ! Le vol de sa tête a été commis par des gens jamais identifié. Cet acte profane, selon les rumeurs, pourrait être lié à des activités occultes. C’est dire si le cinéaste a alimenté les fantasmes !
La légende de l’acteur
Autre anecdote amusante du film. Toute l’équipe technique a entretenu un mystère autour du comédien Max Schreck qui incarne le fameux vampire. Ces derniers prétendaient qu’il était véritablement un vampire, et pour cause l’acteur ne se montrait jamais sans maquillage durant le tournage. Cet ancien soldat de l’armée allemande pendant la première guerre mondiale avait un physique vraiment atypique. Ce film l’a fait connaitre internationalement, mais il a également joué dans des pièces de théâtre et tourné dans un autre film de Murnau : Les Finances du Grand Duc (1924). Film qu’il n’appréciait guerre.
Les remakes
Ce film a tellement marqué les esprits que de nombreuses adaptation ont été faites. On retient le remake de Werner Herzog, Nosferatu, fantôme de la nuit (1979), avec Klaus Kinski, parfait pour interpréter ce rôle de vampire fou. Mais également le film L’ombre du vampire (2000) qui relate l’histoire secrète du tournage du film de Murnau. C’est Wilhelm Defoe qui interprète le rôle de l’acteur allemand qui serait un vrai vampire. C’est d’ailleurs grâce à ce rôle que l’acteur américain a été choisi pour endosser le rôle du bouffon vert dans Spider Man (2002). Enfin on peut mentionner Christopher Walken qui s’appelle Max Shreck, en référence à l’acteur originel de Nosferatu dans Batman, le défi (1992) de Tim Burton.
Pour comprendre la force et l’impact du film à travers le temps, cette description du film par le fondateur de la Cinémathèque, Henri Langlois, sonne très juste : « Nosferatu le vampire est le film muet par excellence. Il engloutit en nous l’esprit critique, fait surgir l’inconnu, cet univers démoniaque fait d’autosuggestion et de peur panique que provoquèrent la sorcellerie et la prière. Il nous sensibilise à nouveau à la mentalité primitive, au monde des esprits, aux vertus mystiques des présages, à l’action des forces nuisibles et inaccessibles aux sens, propres à la mentalité prélogique. Il ressuscite en nous la croyance en la puissance effective du désir. » (Henri Langlois)
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