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5 éléments pour comprendre ce que subissent les Ouïghours

Mardi 24 mai, des milliers de photos de détenus Ouïghours au Xinjiang ont été publiées par 14 médias internationaux. Ces documents, appartenant à la police chinoise, sont une preuve irréfutable du génocide que subit cette population musulmane chinoise. Voici 5 éléments pour comprendre ce qu’ils subissent.

Contexte historique

En 1949, la Chine annexe le Turkestan oriental après une guerre civile perdue par les habitants Ouïghours, Kazakhs et Mongols dzoungars contre la République Populaire de Chine. Les dirigeants acceptent que leur pays soit une nation pluriethnique dans laquelle les minorités peuvent préserver et entretenir leurs particularismes. L’Etat chinois implante alors des colons Hans. Le contrôle du Parti Communiste Chinois sur la région empêche son développement. Les minorités manifestent et les nationalistes ouïghours finissent par adopter le djihadisme. En juillet 2009, de grosses émeutes au Xinjiang inquiètent le PCC. La Chine commence alors une politique d’assimilation des cultures et c’est ainsi que débute l’internement et la répression des populations minoritaires, comme les Ouïghours.

Camps d’internement et travail forcé

Une partie de la population Ouïghour, hommes, femmes et enfants, est internée dans des camps de rééducation. En 2018, plusieurs experts internationaux, accompagnés d’ONG de défense des droits de l’Homme et de l’ONU, avait annoncé l’internement de près d’un million de Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. Le gouvernement chinois de son côté a toujours réfuté ces accusations, répétant qu’il s’agit de « centres d’enseignement et de formations professionnels ».

Dans ces camps, des centaines de milliers de prisonniers sont forcés de renier leurs convictions religieuses. Ils doivent également jurer fidélité au PCC, le Parti Communiste Chinois. De plus, des dizaines de milliers d’entre eux sont réquisitionnés et forcés de travailler pour des multinationales. Parmi ces entreprise, BMW, Nike, Apple ou encore Zara. Au total, ce sont plus de 80 enseignes qui sont sur cette liste de la honte.

Contrôle des naissances

Pose contrainte de dispositifs de contraception, avortements forcés, viols… En 2019, The Washington Post a publié une série de témoignages de femmes Kazakhes et Ouïghoures réfugiées au Kazakhstan. Un an plus tard, une étude publiée par la fondation Jamestown accuse la Chine d’avoir accentuer sa politique de contrôle des naissances. Les femmes Ouïghoures sont soumises à des campagnes de stérilisations forcées, notamment dans les zones du Xinjiang où la population musulmane est majoritaire.

Fin juin 2020, une enquête va dans le sens du travail de l’expert Adrian Zenz. Se basant sur des témoignages, l’agence de presse Associated Press affirme que le gouvernement chinois impose un test de grossesse, un avortement, un dispositif contraceptif voire la stérilisation à des femmes issues de minorités nationales. L’objectif avec cette politique est clair : réduire la croissance de la population Ouïghoure.  

Discriminations religieuses

Population musulmane, les Ouïghours sont persécutés. Le gouvernement chinois tente de décourager les Ouïghours dans la pratique de leur religion. Depuis le 1er avril 2017, le port du voile en public et les barbes trop longues ont été interdites. Pratiquer le ramadan, s’abstenir de boire de l’alcool, de fumer ou de manger du porc est vu comme un comportement suspect. Préférer l’alimentation halal constitue également un motif de suspicion de radicalisation. Les enfants aux prénoms musulmans risquent de ne pas recevoir le hukou, le livret de famille qui ouvre les droits d’accès à la santé et l’éducation.

Contrôle social et trafic d’organes

Le gouvernement chinois utiliserait les mégadonnées pour contrôler la population Ouïghoure. La technologie biométrique, la reconnaissance faciale, les drônes et les réseaux Wi-Fi sont utilisés par les autorités chinoises afin de suivre les individus. Le contrôle social s’intensifie et la présence policière a été multipliée par douze en 8 ans, entre 2009 et 2017. En plus de cela, la Chine vendrait des organes de Ouïghours, morts ou vivants, à des musulmans fortunés d’Arabie Saoudite ou du Koweit notamment.

Un génocide en cours en Chine

Tout ceci entraine des accusations de génocide de la Chine envers la population Ouïghoure. L’internement, les discriminations et la stérilisation des femmes Ouïghoures contribue au contrôle et au frein du développement de cette population. Depuis 2020, de nombreux pays et ONG ont accusé la Chine de génocide. En août, c’est Joe Biden qui dénonçait un « génocide perpétré apr le gouvernement autoritaire de la Chine ». Le 22 février 2021, la Chambre des communes canadienne affirme à son tour que les Ouïghours sont victimes d’un génocide. Le 25, le parlement néerlandais adopte une motion rejoignant le Canada et les Etats-Unis.

Plusieurs pays participent à un boycott diplomatique des Jeux de Pékin 2022. Malgré l’appel au boycott de 200 ONG dans le monde, les Jeux se tiennent. Adrian Zenz, spécialiste de la région, emploi le terme de « génocide démographique » et n’emploie pas le terme d’extermination de masse.

Le monde est partagé dans un bras de fer diplomatique. Fin juin 2020, 27 pays, dont la France, signent un communiqué alarmant sur la situation de la population Ouïghoure. La Biélorussie présente le lendemain une déclaration officielle, signée par 46 pays, dénonçant une campagne de désinformation anti chinoise.

Avec la publication de milliers de photos hier, la répression contre le peuple Ouïghour est irréfutable. De son côté, la Chine a dénoncé des « mensonges » et qualifier cette fuit de « dernier exemple de la façon dont les forces antichinoises essaient de diffamer la Chine en répandant des rumeurs et des mensonges ». Michelle Bachelet, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme est actuellement en visite en Chine. Son déplacement s’annonce extrêmement tendu.

A lire aussi : Ouïghours : la France agit pour la première fois

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