Dans la nuit du 26 juillet 2015, Eva Bourseau, jeune toulousaine de 23 ans, est violemment assassinée par Taha Mrani Alaoui et Zakariya Banouni. Une histoire effroyable qui a fait l’objet d’un numéro de « Faites entrer l’accusé » sur RMC Story. L’occasion de revenir sur cette affaire en 5 éléments.
Eva Bourseau, Taha Mrani Alaoui et Zakariya Banouni, étudiants plongés dans la drogue
Arrivée à Toulouse en 2011 après avoir obtenu un bac littéraire à Cahors, Eva Bourseau entreprend des études en langue étrangère appliquée en anglais et japonais. Malgré sa passion pour la culture japonaise, elle ne valide pas son année et finit par quitter l’université en 2014. Au moment du drame, elle n’est alors plus étudiante. C’est au début de l’année 2015 qu’Eva fait la rencontre de Taha Mrani Alaoui, 22 ans, et Zakariya Banouni, 18 ans, à la prairie des Filtres, une zone verte toulousaine. Elèves brillants au lycée, les deux jeunes hommes se sont eux-mêmes rencontrés en mai 2014 à une soirée entre étudiants marocains du très prestigieux lycée Pierre de Fermat.
En septembre 2014, ils rejoignent tous les deux l’Université Paul Sabatier pour étudier en fac de maths. Ils fument des joints ensemble et délaissent petit à petit leurs études pour élargir leur consommation de drogue à d’autres substances, tels que les champignons hallucinogènes, la LSD ou la MDMA. A partir du moment où Eva fait leur rencontre, elle les suit dans leurs séances de défonce et sombre également peu à peu dans la dépendance, jusqu’au jour du drame.
La terrible nuit du 26 juillet 2015
Les évènements ont lieu dans la nuit du 26 juillet 2015. Ruinés par leurs dettes auprès de leur dealer et grossiste, Taha et « Zak » décident ce soir-là d’aller cambrioler l’appartement de leur « amie » Eva, en espérant qu’elle ne soit pas chez elle à ce moment. Munis d’un poing américain et d’un pied de biche, les deux étudiants sont déjà sous l’emprise de la kétamine et du cannabis lorsqu’ils arrivent au domicile de la jeune femme. A leur grand désarroi, celle-ci est bien chez elle. Ils décident alors de passer la soirée avec elle comme si de rien n’était et en profitent pour consommer d’autres drogues dures, telles que des ecstasys ou encore de l’atropine.
Finalement, vers six heures du matin, alors que les deux jeunes étudiants s’étaient résignés à exécuter leur plan, Eva leur demande de rentrer chez eux. C’est seulement au moment où Taha et « Zak » sont dans la rue que Taha décide de retourner dans l’appartement pour passer à l’action. « Zak » entre le premier et fait mine d’avoir oublié ses clefs dans l’appartement, avant de frapper violemment Eva au visage avec son poing américain. Affolée, Eva se met à courir, mais le jeune homme de 18 ans lui assène un second coup. Taha lui demande où est son argent et la drogue, mais ne parvient pas à les trouver, alors il se met également à frapper au visage la jeune femme à l’aide de son pied de biche. Finalement, après plusieurs coups assénés, les deux jeunes hommes trouvent l’argent, mais il est déjà trop tard. Eva ne respire plus, elle a succombé aux coups des deux étudiants. Affolés, Taha et « Zak » cherchent alors un moyen de faire disparaitre le corps et décident de s’inspirer, selon leurs dires, de la série Breaking Bad pour arriver à leurs fins. Ils achètent alors une immense malle qu’ils remplissent d’acide dans le but de dissoudre le corps, et ainsi faire disparaitre toute trace de ce dernier.
La découverte du corps
Pendant plusieurs jours, « Zak » et Taha vont revenir pour voir l’avancée de décomposition du corps et s’assurer que personne ne se rende compte de ce qu’il s’est passé. Finalement, tandis qu’Eva ne donne plus de nouvelles depuis plusieurs jours et que ses proches s’inquiètent, Thomas, un voisin d’immeuble d’Eva, finit par se douter de quelque chose. Ce qui le met sur la piste, c’est cette odeur insupportable qui a envahit l’immeuble depuis quelques temps.
Un matin, il entend des craquements dans son plafond, qui correspond au plancher de l’appartement d’Eva. En allant devant la porte d’entrée de chez la jeune femme, il comprend que quelqu’un est à l’intérieur, mais est persuadé que ce n’est pas elle. Au matin du huitième jour sans nouvelle, la mère d’Eva et Camille, une amie de la jeune femme, se rendent chez thomas après que celui-ci les ait contactées. Ils décident d’appeler les pompiers, qui finissent par défoncer la porte de l’appartement pour découvrir la terrible scène. Après huit jours d’inquiétude, ses proches en ont la confirmation, Eva est décédée.
Un procès long de 12 jours
C’est plus de trois ans après les faits que s’ouvre le procès de Taha Mrani Alaoui et Zakariya Banouni à la cour d’assises de Haute-Garonne à Toulouse. Peu de temps après les évènements, Taha était allé dénoncer « Zak » et leur dealer au commissariat, avant de se raviser et de raconter la vérité. Après quelques gardes à vue en 2016, le procès des deux étudiants débute donc le 10 décembre 2018, réunissant 52 témoins et 19 experts. Les familles et les proches des deux accusés sont présents et ne semblent toujours pas croire que ces deux garçons, décrits comme si brillants et gentils, aient pu commettre un tel acte. « Si lui [Zakariya, NDLR], il a fait un assassinat, n’importe qui peut faire un assassinat », relève Olivier, un ami du jeune homme. Les deux meurtriers sont décrits comme calmes et honnêtes durant l’intégralité du procès. Tous les faits sont dévoilés et les deux anciens étudiants confirment s’être inspirés de la série Breaking Bad pour tenter de faire disparaitre le corps. Leur but était de faire croire qu’Eva s’était volatilisé dans la nature sans laisser de trace. Finalement, le procès, marqué par les pleurs des familles des deux accusés, prend fin le 21 décembre 2018, scellant le sort et l’avenir de « Zak » et Taha.
Un épilogue contrasté
Le verdict est rendu. Taha Mrani Alaoui, 25 ans, et Zakariya Banouni, 22 ans, sont respectivement condamnés à 30 et 25 ans de réclusion criminelle. Des peines qui prennent en compte l’horreur absolue du crime mais aussi la jeunesse des accusés au moment des faits. L’excuse de la drogue n’a pas été prise en compte dans la décision, au contraire de la certaine emprise psychologique que Taha semblait exercer sur son cadet Zakariya. Quant à la famille de la victime, la Cour d’assises de Haute-Garonne avait octroyé 80 000 euros à chaque parent d’Eva, mais le fonds de garantie des victimes a finalement refusé d’indemniser en totalité les parents d’Eva, considérant qu’elle aurait une part de responsabilité dans ce qu’il lui est arrivé. Une situation insoutenable pour ses parents, qui continuent de se battre pour obtenir justice et conserver le souvenir intact de leur fille unique.