L’affaire Grégory remonte à 1984… Un fait divers marquant le XXème siècle. 35 ans après sa mort, son meurtrier est toujours inconnu. TF1 proposera bientôt Une affaire française, sa nouvelle fiction revenant sur l’affaire. On revient sur les grands moments de cette histoire hors normes.
1. Le corbeau
Le 16 octobre 1984, vers 21h, le petit Grégory Villemin est retrouvé dans les eaux de la Vologne, noyé, les pieds et les mains attachés. 4h plus tôt, l’enfant jouait dans le jardin de la maison familiale à Lépanges-sur-Vologne, dans les Vosges. Que s’est-il donc passé entre temps ? Depuis déjà deux ans, la famille recevait des lettres et appels de menaces de la part d’un mystérieux corbeau, reconnaissable à sa voix rauque. Le lendemain de la mort du petit garçon, sa mère et son père, Christine et Jean-Marin Villemin, reçoivent une énième lettre de ce dernier. « J’espère que tu mourras de chagrin. Ce n’est pas ton argent qui te redonnera ton fils« . Les enquêtes se concentrent rapidement sur le cercle familial dans leurs recherches. La publication d’une photo du corps sans vie marque un tournant dans l’affaire Grégory. L’enquête est alors définitivement placée sous le feu des projecteurs.
« J’espère que tu mourras de chagrin. Ce n’est pas ton argent qui te redonnera ton fils. »
2. La médiatisation de l’affaire Grégory
Les doutes et pistes se multiplient. Les journalistes cherchent eux-aussi à connaitre l’auteur du crime. Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin est le premier membre de la famille suspecté. 17 jours après le meurtre, Murielle Bolle, adolescente à cette époque, témoigne contre ce dernier qui n’est d’autre que son beau-frère. Selon ses dires, ils auraient ensemble kidnappé le petit garçon avant que Bernard ne le tue. Mais sa plainte est retirée peu de temps après. Pour s’expliquer, elle raconte aux journalistes avoir subi des pressions de la part de la police. Après avoir été inculpé pour assassinat et incarcéré pendant 91 jours, le principal suspect est donc libéré puis très suivi par les médias. Les pistes se tournent alors vers la mère de Grégory, Christine Villemin. Les experts la désignent auteur des lettres.
Après la libération du premier suspect, un journaliste de Paris Match fait écouter le témoignage de Murielle Bolle aux parents du défunt. Ce qui ne fait qu’attiser leur haine. Ils sont arrêtés par le journaliste lui-même avant que l’irréparable ne soit commis.
3. Le juge Lambert…
Le juge d’instruction, Jean-Michel Lambert est l’homme qui a placé la mère de Grégory, Christine Villemin, sous le feu des projecteurs. Trois de ses collègues, renommées « les filles de la poste » l’auraient un jour vu poster une lettre. Le juge l’estime alors coupable. Cette accusation fait alors couler beaucoup d’encre. Dans les médias, son nom apparait dans tous les gros titres. La cour d’appel de Dijon la blanchie définitivement pour « absence de charges » le 3 février 1993.
Convaincu de la culpabilité de Bernard Laroche et ne doutant pas une seconde de l’innocence de sa femme, Jean-Marie se rend au domicile de Laroche quelque temps après sa libération. Assoiffé de vengeance, il lui tire une cartouche de chevrotine dans la poitrine. La victime meurt peu de temps après. Après six semaines de procès, le père du petit Grégory est condamné à 5 ans de prison dont un an avec sursis. Après deux meurtres et deux accusations, l’affaire Grégory connait un tournant.
Dans l’ouvrage Le petit juge publié en 1987, le juge évoque brièvement l’affaire et cite Anatole : « LA JUSTICE N’EST QUE LE RÊVE IMBÉCILE DE QUELQUES HOMMES. L’INJUSTICE EST LA VOLONTÉ DE DIEU «
La première phase de l’instruction dirigée par le Juge Lambert prend fin en 1986. Son manque de pièces à fournir au sujet de l’accusation de Christine Villemin le conduit à voir sa crédibilité largement remise en question. Il est alors accusé par la presse d’avoir réalisée une « enquête bâclée« .
4. Mais qui a tué le petit Grégory ?
En mars 1987, la Cour d’Appel de Dijon récupère le dossier. Le juge Simon devient donc un acteur central de l’enquête. Et 3 ans après le meurtre, on ne sait toujours pas qui a tué le petit Grégory. A plusieurs reprises, en 1999, 2008 et 2013, les analyses d’ADN permettent de relancer l’enquête. Mais les analyses ne sont pas concluantes… En 2017, l’affaire connait un nouveau tournant avec la désignation de deux nouveaux suspects. Jacqueline et Marcel Jacob, l’oncle et la tante de Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory. Selon une enquête, ils seraient les responsables de l’enlèvement, et Bernard Laroche, le chargé du meurtre, lui-même accompagné passivement par Murielle Bolle. Les trois sont alors placés en détention mais nient les faits. Les poursuites de cet « acte collectif » ont été annulées par la suite.
5. 35 ans plus tard… Et après
Le 11 juillet 2017, le juge Lambert, figure de « l’échec de la justice dans cette affaire » est retrouvé mort à son domicile. La piste du suicide est privilégiée.
35 ans plus tard, la justice annule la garde à vue de Murielle Bolle, témoin phare de l’affaire. La cour de Cassation a reconnu le 19 février son caractère « inconstitutionnelle« . Son histoire ne s’arrête pas là. Après la diffusion d’un documentaire mondialement connu sur Netflix en 2019 au sujet de cette affaire, cette dernière avait porté plainte pour avoir reçu des « courriers menaçants« .
Aujourd’hui l’enquête se poursuit… L’affaire Grégory reste une des plus énigmatiques du XXème siècle.
La mini-série « Grégory » est le deuxième documentaire le plus regardé de la plateforme streaming en 2019. Actuellement, à Haguenau, commune d’Alsace, TF1 tourne une mini-série à ce sujet. Gérard Jugnot, Michaël Youn ou encore Guillaume de Tonquédec se partageront l’affiche. Pour le moment, il n’y a pas de date de diffusion communiquée.