L’affaire Laëtitia Perrais, c’est l’histoire tragique d’une jeune femme de 18 ans, qui vivait avec sa sœur jumelle au sein de sa famille d’accueil à Pornic. En janvier 2011, elle est enlevée et assassinée. Ce fait divers deviendra une affaire médiatique et une affaire d’Etat inédite. A l’occasion de son adaptation en mini-série diffusée sur France 3 en septembre, retour sur les 5 points les plus importants de l’affaire Laëtitia Perrais .
1/ La disparition de Laëtitia Perrais
Le 19 janvier 2011, le scooter de Laëtitia Perrais, 18 ans, serveuse dans un hôtel-restaurant de la Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique) est retrouvé dans un fossé à quelques centaines de mètres de son domicile. On y trouve également l’une de ses chaussures, et l’inquiétude monte. D’autant plus qu’avant de disparaître, la jeune femme a dit avoir été violée, le temps d’un bref message laissé sur le téléphone d’un de ses amis. Rapidement, les soupçons se portent sur un homme d’une trentaine d’années, qui a été aperçu en train de boire un verre avec elle la veille. Cet homme, c’est Tony Meilhon, multi-récidiviste bien connu des services de police pour diverses affaires. Il est arrêté le 20 janvier. Les enquêteurs retrouveront dans le coffre et sur les sièges de sa voiture du sang de la jeune femme, des photos d’elle prises lors de leur rencontre sur la plage, et plusieurs outils de découpe dans les cendres d’un feu près de la caravane où il vit. Dans sa cellule en garde à vue, Meilhon nie en bloc son implication. Il avouera finalement en partie sa culpabilité, après une funeste découverte…
2 / La découverte macabre
Les semaines passent, et le macabre suspens sur la disparition de Laëtitia Perrais prend fin le 1er février 2011. La tête et les membres de la jeune femme de 18 ans sont retrouvés au fond d’un étang à Lavau-sur-Loire. Le 9 avril, son tronc sera découvert soixante kilomètres plus loin, et l’autopsie finira de livrer la vérité sur l’affaire : après avoir subi de nombreuses violences, Laëtitia fut étranglée et poignardée à plus de trente reprises, avant d’être démembrée. Confronté à cette découverte, Tony Meilhon dans un premier temps affirme avoir heurté accidentellement Laëtitia en voiture. Au terme de l’enquête, les enquêteurs parviendront à établir que la nuit du 18 au 19 janvier, il est passé la chercher a fin de son service. Après être allés dans plusieurs bars, il l’aurait emmené dans la caravane où il habitait, où il l’aurait violée, après qu’elle ait refusé ses avances. Il la ramènera ensuite à son scooter, mais après avoir réalisé qu’elle risquait de porter plainte pour viol, il la renversera à quelques dizaines de mètres de chez elle, la mettra ensuite dans le coffre de sa voiture et l’assassinera avant de la démembrer et de jeter ses membres dans deux étangs différents
3 / De fait divers à affaire d’Etat
Ce terrible fait divers a rapidement pris une dimension inédite en France. Nicolas Sarkozy, Président de la République de l’époque, recevra plusieurs fois la famille d’accueil de la jeune fille à l’Elysée, et n’hésitera pas à mettre en cause le travail des différents magistrats et travailleurs sociaux qui ont selon lui fait preuve d’un important laxisme : « Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s’assurer qu’il sera suivi par un conseiller d’insertion, c’est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés « . Cette intervention entraînera une importante grève des magistrats pendant dix jours dans toute la France. L’affaire Laëtitia Perrais aura tenu la Une pendant plus de six semaines, chose rare pour les faits divers de l’époque. Une affaire qui ne manque pas de rebondissements puisqu’en août, une nouvelle étape sordide intervient…
4/ La réalité sur son père d’accueil
Lorsqu’une affaire sordide en entraîne une autre…En août 2011, soit seulement sept mois après l’assassinat de Laëtitia Perrais, Gilles Patron, le père de sa famille d’accueil, est mis en examen pour agressions sexuelles sur les enfants qu’il hébergeait avec sa femme Michèle, dont la sœur jumelle de Laëtitia, Jessica. Cette dernière se serait durant un stage en gendarmerie confiée au sujet de viols et d’agressions sexuels qui auraient duré depuis « au moins 2006« . Deux de ses amies lui emboîteront le pas en déposant plainte pour des « gestes déplacés » dont aurait fait preuve le sexagénaire. En 2014, Gilles Patron est condamné à huit ans de prison par la cour d’assises de Loire-Atlantique pour viols et agressions sexuelles sur cinq victimes, dont Jessica.
5/ Un procès qui dure et une affaire qui secoue encore la France
Si l’affaire a eu lieu en 2011, pendant de nombreuses années elle a continué de secouer le pays. Tony Meilhon est jugé en première instance en juin 2013, où il reconnait les faits tout en évoquant un complice qui l’aurait aidé à se débarrasser du corps. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de vingt-deux ans de sûreté. Il sera jugé en appel en 2015 par la Cour d’appel de Rennes, qui confirme cette condamnation. En 2016, il écope même d’une nouvelle année de prison pour avoir intentionnellement incendié sa cellule, et reviendra devant le tribunal en 2019 pour se plaindre de ses conditions de détention. L’affaire Laëtitia Perrais revient donc régulièrement dans les médias. Encore plus depuis la sortie en 2016 de Laëtitia ou la Fin des hommes de l’historien Ivan Jablonka, une biographie sous forme d’enquête qui reçut le prix Médicis et le prix littéraire du Monde en 2016. Ce livre donnera donc lieu à une adaptation en série sur France 3, qui sera diffusée en septembre prochain, avec notamment Alix Poisson, Marie Colomb, Sam Karmann et Yannick Choirat au casting.