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5 éléments pour comprendre … les années terribles de la Révolution française (1792-1795)

La Révolution française est une période aussi passionnante que complexe. En cette journée du 14 juillet où l’on commémore la prise de la Bastille de 1789 et la fête de la Fédération de 1790, nous revenons sur cette période qui a façonné la France. Place aux années terribles, de 1792 à 1795, souvent appelées à tort la « Terreur ».

De 1792 à 1795, la Révolution est bien en place. Le peuple, notamment parisien, a pris de l’importance et la royauté est remise en question. C’est une période de conflits et de désordres qui s’ouvre. Gouvernement révolutionnaire, Robespierre, « Terreur« , guerre européenne, ces années ne manquent pas d’événements et de personnages marquants. Nous vous proposons de retracer ces trois années en cinq éléments.

La mort de la monarchie en 1792

Roi et Révolution, ça ne fait souvent pas bon ménage. Pourtant, il était aimé par le peuple français et personne ne remettait en cause son autorité au début de la Révolution. Cependant, entre sa tentative de fuite ratée le 20 et 21 juin 1791 et ses vétos posés en mai et juin 1792 sur des lois qui étaient chères à de nombreux Français, sa « côte de popularité » a vite chuté. L’Assemblée Nationale n’a d’abord pas voulu toucher à la tête couronnée mais les Parisiens en ont décidé autrement. Dès le 4 août 1792, la section des Quinze-Vingt, un corps d’armée de Parisiens, demande la déchéance du roi avant le 9. Elle menace de s’en occuper elle-même si l’Assemblée ne fait rien. Chose promise, chose due et le 9 août 1792, des Parisiens armés envahissent la municipalité, la suspendent, et proclamant la Commune insurrectionnelle de Paris

Dès le lendemain, elle dirige une insurrection aux Tuileries, où réside le roi. En cette matinée du 10 août 1792, les gardes du roi sont vaincus. Louis XVI trouve refuge à l’Assemblée Nationale pour demander protection. Malheureusement pour lui, l’Assemblée se tourne du côté du peuple parisien en armes et conçoit une France sans roi. Une Convention remplacera l’Assemblée et sera élue au suffrage universel, une première. Dès le 20 septembre 1792, les nouveaux députés sont élus et le 21, la Ière République est proclamée. Louis XVI est jugé puis exécuté le 21 janvier 1793.

Mort de Louis XVI extraite de la partie 2 du film « La Révolution française »

Une période de conflit intérieur et extérieur

Mais au-delà de Paris, toute la France est en proie à des conflits. Entrée en guerre contre le roi de Bohême et de Hongrie (Autriche) et indirectement contre la Prusse le 20 avril 1792, la France est dans une situation militaire catastrophique. L’armée prussienne, la plus puissante du monde, marche sur la France et menace d’atteindre Paris. La mort du roi n’arrange rien puisque c’est toutes les monarchies européennes qui vont se liguer contre la France. En tout, l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne et les Piémontais sont contre la France révolutionnaire.

Image extraite de la partie 2 du film « La Révolution française »

Conflit extérieur donc, mais aussi intérieur. Pas de répit dans cette période si particulière de la Révolution et de guerre. Un petit événement, comme une simple rumeur, peut se transformer en drame. Par exemple à Paris, les fameux massacres de septembre 1792, du 2 au 7, ont démarrés d’une rumeur de complots dans les prisons. De nombreux Parisiens ont précédé à l’épuration chaque prison de la capitale, faisant de nombreux morts. De juillet à octobre, pas moins de 65 massacres localisés ont eu lieu. 

Au-delà de Paris, toute la France est en fusion. Face aux demandes de plus en plus contraignantes de levée d’hommes pour la guerre, l’Est de la France se soulève en mars 1793. C’est le début de la « guerre de Vendée« , qui voit s’affronter la Convention contre un melting-pot de royalistes et de paysans. Jamais maîtrisée par la Convention, elle mènera à de très nombreuses morts. De plus en plus critiquée, la Convention doit aussi faire face à des révoltes au Sud de Paris. Lyon, Marseille, Toulon ou encore Caen critiquent un gouvernement qui n’est pas légitime de diriger la France selon eux.

Le régime de l’an II : les années terribles et non la « Terreur« 

Cette Convention décriée par beaucoup a longtemps été nommée responsable de ce que l’on a appelé la « Terreur« . Cette appellation n’est cependant pas juste. Certes, en mars 1793, elle met en place un tribunal révolutionnaire, des commissions militaires, la surveillance des étrangers. Certes, les Comités de Salut public et de sûreté générale, mis en place en mars et avril 1793, ont été créés pour réprimer et surveiller toute personne dissidente. Le gouvernement a en effet pris des positions très dures et commis des atrocités pour réprimer les révoltes mais il n’a jamais mis « la Terreur à l’ordre du jour » malgré les multiples demandes du peuple parisien. Le gouvernement n’est pas un gouvernement de « Terreur » mais un gouvernement révolutionnaire. En effet, il a pu commettre toutes ces exactions légalement par une loi du 4 décembre 1793, lui permettant d’omettre légalement la Constitution dans ses actes.

Image extraite de « Révolution ! » de France TV

C’est d’ailleurs ce peuple parisien que la Convention va faire arrêter. Jugés trop extrémistes, les leaders des groupes comme les Enragés ou les Républicaines Révolutionnaires sont mis derrière les barreaux à l’été 1793.

La « Terreur » n’est qu’un terme utilisé a posteriori par le gouvernement de 1795 pour décrédibiliser leurs prédécesseurs et se légitimer. L’utiliser pour parler de la période de 1792-1794 n’est donc pas juste historiquement. Il s’agit juste de la volonté du gouvernement de reprendre en main et d’institutionnaliser la violence. Une justice extraordinaire et violente donc, mais une justice d’État.

Robespierre, le tyran de la Révolution ? (Non)

Une réelle légende entoure Robespierre durant ces années de la Révolution. Alors non, Robespierre n’a jamais été le dictateur que l’on croyait au XIXe siècle mais oui, il a été un personnage important. Élu député du Tiers-État en 1789, il devient vite une des personnes les plus en vue des Jacobins, groupe très radical. Durant le régime de l’an II (1793-1794), il est une des figures principales du Comité de Salut public. Certes, il participe à l’arrestation de tous les ennemis des Montagnards, son groupe politique radical, mais il est loin d’être seul. 

Influent, il n’est cependant pas le tyran que ses ennemis ont décrié après sa mort. Le Comité de Salut public, dans lequel il a exercé pendant les années 1793 et 1794, avait 9 puis 11 membres élus. 

Maximilien de Robespierre interprété par Thomas Espinera dans « Révolution ! » de France TV

En fait, sa légende s’est créée après sa mort. Les « thermidoriens« , c’est-à-dire les personnes qui ont orchestré l’arrestation et la mort de Robespierre, étaient d’ailleurs pour certains d’anciens amis de ce dernier. Ils l’arrêtent le 27 juillet 1794 et le font exécuter sous la guillotine le lendemain. Ce sont eux qui montent la légende de la Terreur et du tyran Robespierre pour prôner une soi-disante remise à la norme du pays.

La fin des années terribles, du mieux ?

En fait, après la mort de Robespierre et malgré ce qu’avaient annoncé les thermidoriens, beaucoup d’instruments d’exception sont maintenus. Malgré tout, des choses bougent à l’automne 1794. Le club radical des Jacobins, dont Robespierre faisait partie, est fermé. Les thermidoriens veulent se démarquer en annonçant le retour à une justice ordinaire. Pour cela, tous les acteurs de crimes de 1793-1794 sont tous jugés. C’est une réelle chasse aux « subalternes de Robespierre » qui est mise en place. Il fallait bien trouver des boucs émissaires pour une période si dure et exceptionnelle. C’est un tour de vis politique. Les prisons sont ouvertes, les Comités de surveillances sont supprimés.

Tout cela ne résout pas les troubles publics. De nombreuses personnes veulent toujours leur vengeance contre l’ancienne Convention. Le courant modéré et royaliste prend de l’importance dans les régions en lançant de nombreuses révoltes début 1795. Lyon, Nîmes, Aix-en-Provence, Marseille sont autant de villes qui ont connu la « terreur blanche ». Ex-jacobins font face aux royalistes et modérés pour des affrontements extrêmement violents sous le signe de la vengeance. Face à cela, la Convention est prise de court. Elle qui ne veut plus avoir recours aux moyens extraordinaires va donc laisser faire et parfois même justifier l’extrême violence. Certains députés se rendent sur place pour tenter de calmer la situation.

La France et la Convention sont donc dans une situation très peu stable. Les thermidoriens, pour enliser leur volonté de changement, créent un nouveau régime, le Directoire, dès novembre 1795. Un régime qui va connaître d’énormes difficultés avec de nombreux coups d’État.

Pour aller plus loin, le documentaire « Révolution ! » est disponible sur France TV.

A lire aussi : 5 éléments pour comprendre … les années Lumière de la Révolution française (1789-1791)

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Rédacteur VL Média et étudiant à l'École d'Histoire de La Sorbonne.
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