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5 éléments pour comprendre… qui était Jacques Mesrine

Jacques Mesrine était le criminel le plus recherché de France dans les années 1960-1970. Une succession incroyable de braquages, de prises d’otages et de vols à main armée ont marqué presque vingt années de sa vie mais également celle des Français. Recherché à travers plusieurs pays du monde, il est « l’ennemi public n°1 » à abattre.
Les médias n’ont cessé d’être attiré par l’ennemi de la France. Encore aujourd’hui, le criminel a une place particulière au sein de la culture française. Les deux parties du film avec Vincent Cassel étant désormais disponible sur Netflix, c’est l’occasion de revenir sur les 5 points fondamentaux de l’affaire Jacques Mesrine.

1/ L’ennemi public n°1 : le mégalomane

Un mégalomane. C’est ainsi qu’était décrit Jacques Mesrine. C’est aussi ainsi qu’il est encore aujourd’hui décrit. Le criminel français possédait un orgueil phénoménal. Il aimait exposer ses actes à tout l’opinion publique mais également les amplifier. Le 10 mars en 1977, alors que Mesrine est en prison, il publie son livre L’Instinct de Mort où il revendique 39 crimes. En réalité, les crimes comptabilisés sont moins nombreux que ce qu’il revendique. Mesrine avait l’habitude de se faire passer pour un plus gros criminel qu’il ne l’était. Cela n’était pourtant pas nécessaire car il était déjà au centre de l’attention avec les crimes qu’il avait commis. Il aimait se donner en spectacle, s’inventer des fautes. Il a été l’auteur de nombreux braquages, prises d’otages mais également de quelques meurtres. Il possédait également un nombre conséquent d’armes. Amplifier ces crimes ont eu l’effet qu’il recherchait : faire réagir la toile et être au devant de la scène. Jacques Mesrine était alors un véritable mégalomane orgueilleux qui aimait jouer et narguer. Les forces de l’ordre ont vite compris que l’homme allait devenir un véritable problème national voir mondial.

2/ Une violence crescendo

Jacques Mesrine à la guerre d’Algérie

Rien ne prédestinait Jacques Mesrine à devenir l’ennemi public n°1 qu’il est devenu. Il naît le 28 décembre 1939 à Clichy-la-Garenne dans une famille aisée. Ses parents sont des commerçants dans une broderie de luxe à Clichy. Ils souhaitent voir leur fils étudier aux Hautes Études Commerciales mais à l’école, Mesrine montre des signes violents. Il est décrit comme turbulent, agité et agressif. Il est renvoyé à plusieurs reprises de ses établissements. N’aimant pas l’école et ne souhaitant pas y retourner, il devient représentant en tissus. A côté, il fréquente les mauvaises personnes dans le quartier de Pigalle à Paris où il se fait rapidement la réputation d’un bagarreur. En 1957, Mesrine s’engage dans la guerre d’Algérie alors qu’il a 20 ans. C’est à ce moment-là de l’histoire qu’il apprend tout de la violence. Il commence à apprécier le poids des armes dans ses mains et les manie facilement. C’est pendant ces deux années de service que Mesrine apprend à massacrer, à torturer. Selon lui, c’est lors de la guerre d’Algérie qu’il a appris à tuer et qu’il a fait du crime “un métier”. Depuis, l’homme n’arrive plus à s’arrêter. Depuis sa première arrestation en 1961 pour port illégal d’armes, c’est une succession de crimes qui sont commis : braquages, prises d’otages, demandes de rançon,… La vie de criminelle hautement recherchée commence pour Jacques Mesrine.

Film de Jean-Fran√ßois RICHET Vincent CASSEL Crédits : PRODUCTION / LA PETITE REINE

3/ Le jeu perpétuel du chat et de la souris

Jacques Mesrine est la souris ; les autorités et les médias sont le chat. C’est ce genre de jeu qu’apprécie Mesrine. Narguer les policiers fait parti des passions de Mesrine : faire penser qu’ils l’ont attrapé avant de s’échapper. La vie de Mesrine est caractérisée par des crimes, des arrestations puis des évasions — dans cet ordre. C’est aussi de nombreux crimes réussis qui ont fait de lui un homme riche : les braquages et les demandes de rançon ont été de véritables succès. Cela a permis à l’homme de partir en vacances dans des îles balnéaires alors qu’il était toujours recherché. Jacques Mesrine a vite compris que son visage banal pouvait être un atout. Il passait d’un personnage à un autre sans qu’on puisse le reconnaître : il est vite devenu “l’homme aux mille visages” et le “Robin des bois français”. Après une évasion, il s’installe à Pigalle alors que toute la France le recherche et se déplace en solex habillé d’un uniforme bleu de travail.

L’homme aux mille visages

Le 27 septembre 1973, après un énième braquage, son lieu d’habitation est retrouvé. C’est la première fois que le commissaire Broussard et Mesrine se voient en face à face. Dans la même perspective de jeu, Mesrine voit en lui un adversaire de taille et il est admiré par son sang-froid. Lors de la confrontation chez Mesrine, ce dernier lui offre même un cigare et du champagne et lui dit : “Tu ne trouves pas que c’est une arrestation qui a de la gueule ?” Mesrine est par la suite incarcéré en 1977 à 20 ans de prison à la prison de la Santé à Paris. Il est placé dans le quartier de haute sécurité, surveillé de jour comme de nuit. Le défi d’une évasion devient sa préoccupation première surtout face aux conditions qu’il vit en prison. Quatre ans d’emprisonnement après, il réussit avec François Besse une évasion exceptionnelle avec l’aide de complices, sans doute des employés de la prison. Encore une fois, la souris échappe au chat et Mesrine se retrouve de nouveau en liberté, prêt à recommencer ses habitudes criminelles. Avec ses milles visages, il échappe aux recherches après son évasion.

L’évasion de Jacques Mesrine à la Une de France-Soir

4/ Les médias : l‘outil principal de Mesrine

Jacques Mesrine a toujours voulu attirer l’attention des médias. Eux-mêmes sont attirés par lui et ils ne font que parler de Mesrine, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Les autorités décident d’utiliser ces médias pour tendre un piège à Mesrine le 10 septembre 1979 : un journaliste nommé Jacques Tiller chez Minute prétend vouloir rencontrer Mesrine pour une interview. Le piège tourne mal et Mesrine séquestre le journaliste qu’il torturera et laissera pour mort dans une grotte avant d’en faire des photos qu’il enverra au journal Libération. C’est la première fois que Mesrine est représenté comme un homme cruel par les médias

Jacques Mesrine veut également informer des conditions de vie dans le quartier de haute sécurité à la prison de la Santé. Paris Match, Libération… Plusieurs journalistes l’interviewent. Il envoie également des photos de lui à la presse qui font la Une. C’est d’ailleurs le 27 juillet 1977 qu’une interview apparaît dans Paris Match de Mesrine avec la journaliste Isabelle de Wangen. Simultanément, la même interview apparaît dans l’hebdomadaire Photo Police à Montéreal, un magazine fondé par Maître Daoust — l’avocat de Mesrine. Cette interview laisse les autorités de France et du Québec en état de choc. La journaliste est accusée de ne pas avoir dénoncé Jacques Mesrine. Les forces de l’ordre se retrouvent encore une fois frustrés de voir s’échapper l’ennemi public n°1. Pendant ce temps, Mesrine continue de se moquer de la police en voyageant à travers le monde comme un homme banal.

Mesrine a donc toujours été attiré par les médias comme ils l’ont été par lui. Ça a été un intermédiaire entre la police et lui, un moyen de communication mais surtout un moyen pour jouer avec eux.

5/ Un dernier souffle sous le feu des projecteurs

Mesrine ne s’arrête jamais. C’est un sentiment doux-amer que ressent l’opinion publique. Malgré ses crimes, elle ressent tout de même l’étoffe d’une légende qui se dessine. Le personnage intéressant de Mesrine oblige l’opinion publique à s’y intéresser et à être fascinée.

La vie de Jacques Mesrine prend fin le 2 novembre 1979, porte de Clignancourt à Paris. La planque de l’homme avait été découverte 48 heures plus tôt et la brigade antigang décide de mener l’assaut alors qu’il s’apprête à partir en week-end avec Sylvie Jeanjaquot, sa copine du moment. Au volant de sa BMW, il s’engage porte de Clignancourt. Mesrine ne se méfie pas du camion bâché double devant lui. A un feu rouge, la bâche se soulève et les policiers tirent. Jacques Mesrine meurt d’une vingtaine de balles dans le corps, essentiellement dans le torse.

Mort de Jacques Mesrine à la Une du Parisiens et du Figaro

La scène qui s’est déroulée en plein jour et en plein milieu des passants a évidemment attiré l’attention. La voiture et le cadavre de Mesrine sont entourés par la presse et par de nombreuses autres personnes lambda. Mesrine est resté jusqu’au bout dans le feu des projecteurs : sa mort crée polémique car l’opinion publique pense que les policiers ont tiré sans appel. La Police Judiciaire à l’époque s’était justifiée en évoquant les armes présentes dans la voiture et sur le criminel. Les héritiers de Mesrine ont d’ailleurs porté plainte mettant en doute l’état de légitime défense. C’est après 25 années que la justice a prononcé un non-lieu en 2004.

Jusqu’à récemment, Mesrine aura été au cœur des discussions et il fait parti, comme il l’aurait voulu, d’une des légendes du crime.

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