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5 éléments pour comprendre… qui était Jean-Luc Godard

Jean Luc Godard est mort ce mardi 13 septembre à l’âge de 91 ans. Adulé, controversé, révolutionnaire, le réalisateur français restera à jamais dans la postérité.

L’esprit rebelle

Jean Luc Godard est né à Paris en 1930, son père Paul Godard est médecin et sa mère Odile Monod est issu d’une grande famille protestante. Jean-Luc passe une enfance à priori heureuse en Suisse, où il s’adonne avec ferveur au ski, à la natation, au basket et au football. Il va se forger une culture littéraire et artistique qu’il ne cessera de cultiver toute sa vie. C’est dans cette famille pourtant aimante et aisée, que Jean Luc fait très tôt preuve d’un fort esprit d’opposition, un désir de rupture face aux conventions qui lui font face. Sa première rupture s’inscrit dans le vol de livres précieux appartenant à son grand-père maternel, des exemplaires originaux dédicacés par Paul Valéry. Sans scrupules, le jeune Jean-Luc les revendra chez Gallimard, en face du domicile de son grand-père. Cet acte odieux vaudra à Godard une exclusion du cercle familial. Marqué, le jeune homme écrira son premier pamphlet, où il blâme les Monod, sa famille maternelle qui l’a chassé.

Les relations familiales se détériorent et sa mère meurt brutalement à 45 ans à cause d’une chute. A l’enterrement, il n’est pas le bienvenu. C’est donc à 17 ans et dans cette ambiance mélancolique, que Jean Luc Godard se fraye un chemin vers… le cinéma : un nouvel acte de rébellion. En effet, dans les années 40-50, le cinéma est encore un art mineur, méprisé par les grands bourgeois dont sa famille fait partie. Il choisit l’art qui ne jouit pas encore du même prestige que la peinture, la littérature ou la musique. C’est cet acte de foi et cette volonté de rupture qui va forger la personnalité et le potentiel créatif du jeune homme tout au long de sa vie.

Le critique de cinéma

Parrainé par Eric Rohmer, JLG va s’essayer au métier de critique de cinéma en écrivant pour la jeune revue cinéphile les « Cahiers du Cinéma », « Arts » ou encore la « Gazette du cinéma ». Il y défend un cinéma qu’il veut ériger au rang d’Art, au même titre que les arts majeurs. Pour lui, le réalisateur doit être le seul auteur et maître du film, il partage ce point de vue avec d’autres collègues et critiques, que sont Jacques Rivette, Claude Chabrol ou encore François Truffaut. C’est le début d’une nouvelle ère cinématographique : la Nouvelle Vague. Petit à petit, comme son ami Truffaut, Godard se met à réaliser des courts métrages en parallèle de ses activités de journaliste. On peut retenir Tous les garçons s’appellent Patrick (1957) un joyeux marivaudage écrit avec Rohmer, mais aussi Charlotte et son Jules (1958) avec Jean Paul Belmondo et Anne Collette. Mais c’est en 1960 que Godard connait la consécration avec son tout premier long métrage « A bout de souffle ».

Jean Seberg et Jean Paul Belmondo dans A bout de souffle (1960)

Le succès fulgurant

« New York Herald Tribune ! » Comment oublier la rencontre du visage angélique de Jean Seberg qui s’improvise vendeuse de journaux sur les champs Elysées, avec Jean Paul Belmondo, jeune acteur encore méconnu du grand public ? A bout de souffle (1960) étonne et surprend par son audace, sa liberté de jeu et le souffle de jeunesse qui s’y déploie.

Le film est un vrai succès et annonce les prémices d’une époque révolutionnaire pour Godard. Cette période fut florissante aussi bien au niveau créatif que sentimental, Jean-Luc fait la rencontre d’Anna Karina qui devient sa muse et jouera dans la plupart de ses films à venir. D’abord dans le Petit soldat tourné en 1960, mais aussi dans Vivre sa vie (1962) ou encore dans Pierrot le Fou (1965) qui comptent parmi les plus grands succès du cinéaste.

JLG manie la grammaire cinématographique avec une fraicheur encore jamais exploitée. Les regards face caméras, les références littéraires et artistiques et cette narration légère et surannée que portent certains acteurs d’exceptions (Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jean-Paul Belmondo, Anna Karina) donnent à ses films une modernité déconcertante. Le succès de A bout de souffle (1960) résonnera même jusqu’à l’autre bout de l’Atlantique. Des cinéastes comme Scorsese ou Coppola y rendront hommage dans leurs premiers films.

Brigitte Bardot dans Le mépris (1963)

Le tournant politique

Vers le milieu des années soixante, le couple Godard-Karina est fortement affecté par la mort prématurée de leur enfant au moment de l’accouchement. La liaison de sa femme avec Maurice Ronet et sa rencontre avec Anne Wiazemsky, une jeune étudiante de 18 ans, provoque la rupture du couple. Godard commence alors à s’engager dans différents combats politiques. Il se bat contre la guerre du Vietnam, et se tourne vers un cinéma militant. Son film La Chinoise (1967) met en scène des étudiants maoïstes, dans un univers bourgeois, qui tentent de faire la révolution. Le film est un échec commercial et critique.

A la suite de cet échec, JLG décide en 1968 de militer pour l’interruption du festival de Cannes estimant que l’urgence est d’être solidaire envers les ouvriers et les étudiants plutôt que de se préoccuper du cinéma. C’est le moment de bascule ou le réalisateur fait passer les idées avant les hommes, son obsession politique va lui faire perdre le succès du public et sa femme Anne Wiazemsky finit par le quitter en 1970.

YouTube video
Blow up « Jean Luc Godard en 9min »

Les années solitaires

Sa rupture avec Anne Wiazemsky pèse sur son moral et déclenche chez lui des pulsions suicidaires. Pendant les préparatifs de son prochain film Tout va bien (1972), le cinéaste subit un accident de moto gravissime qui le cloue au lit pendant six mois. Heureusement, une femme, Anne-Marie Miéville, viendra lui porter compagnie à l’hôpital pendant sa convalescence. S’ensuit de longues années en Suisse auprès de cette femme, il ne donnera alors presque plus d’interviews et profitera d’une vie paisible dans une petite ville du canton de Vaud. L’hommage de Brigitte Bardot lorsqu’il s’est éteint sonne ironiquement juste : « Et Godard créa le mépris et c’est à bout de souffle qu’il a rejoint le firmament des derniers grands créateurs d’étoiles » B.B. Enfin, le plus iconoclaste des réalisateurs de la Nouvelle Vague nous lègue des chefs d’œuvres absolus qui resteront dans la postérité. Son cinéma, épris de liberté, de modernité et de beauté continuera, sans aucun doute, d’influencer les futures générations de réalisateurs et d’artistes.  

 « Le cinéma n’est pas à l’abri du temps, il est l’abri du temps. » JLG.

A lire aussi : Top 10 des films cultes de Belmondo.

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