Ted Bundy fait parti des tueurs en série américains les plus tristement célèbres. Plus de 30 assassinats de jeunes filles ont été répertoriés dans 7 États différents mais le chiffre de ses victimes est sans aucun doute plus élevé. L’affaire Ted Bundy n’a jamais cessé de passionner le monde entier à l’image des documentaires Netflix et de la pièce de théâtre prévue pour 2021. C’est l’occasion de revenir sur 5 points fondamentaux de l’affaire du meurtrier et violeur qui a fait trembler les États-Unis entre 1974 et 1978.
1/ Un prédateur convainquant
Un homme ordinaire, sympathique, souriant et sociable. C’est ainsi qu’était décrit le tueur en série le plus célèbre des États-Unis. Plus de 30 victimes ont été répertoriées dans 7 États différents. Féminicides, agressions sexuelles, viols, démembrements… C’est l’homme décrit comme ordinaire qui est l’auteur de tous ces crimes. En réalité, c’est bien plus de 30 victimes ; on estime qu’il a tué, ou tenté de tuer une centaine de jeunes femmes. C’est lui-même qui avoue quelques jours avant son exécution avoir commis “au moins” 30 homicides. Avant ces aveux, Ted Bundy nie férocement tout acte. Pour convaincre de son innocence, très simple : se faire passer pour un homme sociable aux amis nombreux pour le déculpabiliser. Convaincre également les jurés en venant aux procès habillé proprement, d’un nœud papillon ; de quoi faire bonne impression. Un sourire angélique et des yeux charmeurs, la plupart des jeunes filles n’y croyaient pas et les victimes elles aussi tombaient dans le piège de son physique. Un prédateur donc très convainquant : un physique qui ne laissait en rien penser le pire, une petite-amie, des amis,… une vie très simple en apparence. Plusieurs psychologues voient en lui une personne très dérangée et violente, le psychopathe dans toute sa splendeur. Et ce bilan psychologique ne date pas du début des crimes.
2/ Une enfance trouble
Théodore “Ted” Bundy est né le 24 novembre 1946 dans le Vermont à Burlington aux États-Unis. Enfant illégitime d’Eleanor Louise Cowell, le nom de “Lloyd Marshall” est tout de même inscrit sur le certificat de naissance. Sa mère avoue plus tard qu’il s’agissait sans doute d’un marin nommé Jack Worthington même si les soupçons se tournent également vers le père d’Eleanor, Samuel Cowell, un homme très violent et abusif. C’est dans ces conditions que Ted Bundy naît et il passe les trois premières années de sa vie chez ses grands-parents. Des choses troublantes se passent durant ces trois années. Ted parle très souvent tout seul et il s’amuse avec des armes blanches comme un professionnel. Julia, la sœur cadette de sa mère, explique qu’elle s’est un jour réveillée entourée de couteaux de cuisine avec Ted debout, la regardant en souriant. Déjà dans sa plus tendre enfance, Bundy montrait des signes inquiétants quant à son état psychologique.
A l’adolescence et aux yeux de tous, il est comme les autres adolescents. Ted Bundy fait tout pour s’intégrer et avoir des amis. Dans la vie de tous les jours, rien n’est perturbant. Mais dans la vie intime, Bundy commence à la fois à consommer des magazines pornographiques mais aussi des revues criminelles. A côté de ces intéressements douteux, Bundy continue de vivre normalement. Il part à l’Université de Washington étudier le chinois avant de tout arrêter en 1968 pour enchaîner les petits boulots. Il s’intéresse ensuite à la psychologie dans les années 1970 et rejoint un centre d’assistance suicide à Seattle. Un de ses collègues le décrit à Ann Rule, sa biographe, comme “gentil, attentionné et empathique”. Pourtant, une série de disparitions commencent à inquiéter les forces de l’ordre.
3/ Les enlèvements de 1974-1975
Impossible de dire exactement quand les crimes ont commencé. La version de Ted Bundy change et sème le trouble dans la chronologie. Des disparitions avait déjà eu lieu à Washington quand il s’y trouvait pour ses études. Quand il déménage dans l’Utah, à Salt Lake City, pour entrer dans la faculté de droit de l’Etat, une énième série de disparitions se produit en même temps dans l’Etat en question. Pour attirer ces victimes, Bundy se fait passer pour un étudiant charmant blessé au bras demandant de l’aide pour porter ses livres ou il se fait parfois passé par un membre des forces de l’ordre voulant aider une jeune femme. La plupart des ces jeunes filles sont mineures ou alors très jeunes, dans le début de la vingtaine. Elles sont violées, torturées, tuées, démembrées et Bundy les photographie ensuite mortes et pratique parfois la nécrophilie. Un portrait robot donné par une victime rescapée tourne dans les médias et c’est sa petite-amie de l’époque, Elizabeth Kloepfer, qui l’identifie anonymement à la police.
A la suite des enlèvements de 1974-1975, Bundy est arrêté alors qu’il roule lentement, sûrement à la recherche d’une énième proie. Le policier voit dans sa voiture des éléments qui laissent d’abord penser à un cambriolage : une cagoule, une lampe-torche, et des gants. Au poste de police, Bundy est identifié par une victime survivante comme étant le potentiel tueur en série responsable des enlèvements de l’Utah. Au procès, malgré sa tentative de charme, il est condamné à la prison ferme. Rapidement lié à d’autres enlèvements ayant eu lieu dans le Colorado, il est envoyé à Aspen où il prépare lui-même sa défense dans la bibliothèque du tribunal. Dans sa cellule, Ted Bundy est méthodique et prépare son évasion : il s’entraîne à courir, à se réceptionner sur ses jambes après un saut et à changer de vêtements rapidement. Il réussit à s’enfuir par la fenêtre de la bibliothèque mais il est retrouvé sept jours plus tard. Bien décidé à s’évader encore une fois, Bundy s’affame pour passer la trappe de sa cellule au plafond. Il s’échappe donc une deuxième fois en 1977. En 1978, des disparitions reprennent en Floride
4/ “Chi Omega” et la Floride
L’évasion de Ted Bundy coincide avec de nouvelles disparitions inquiétantes en Floride. Il s’y était installé à l’aide de papiers d’identités volés après sa deuxième évasion. Le tueur en série s’attaque alors à la résidence universitaire “Chi Omega”. Le 14 janvier 1978 en pleine nuit, il tue deux étudiantes de la résidence : Lisa Levy et Margaret Bowman. Elles ont été toutes deux étranglées et Lisa Levy est violée, mordue sur les parties intimes et frappée à la tête avec une bûche. Il a également frappé au crâne une autre étudiante cette même nuit, Karen Chandler. Cette dernière est vivante mais en état de choc. La même nuit à quelques pas des “Chi Omega”, des pas sont entendus dans une autre résidence d’étudiantes et Cheryl Thomas est retrouvée en sang sur son lit mais vivante. L’auteur des faits prend rapidement la fuite par la fenêtre. Le “Tueur d’étudiantes”, comme l’appellent les médias, propage la terreur en Floride.
Cette même année, une écolière de 12 ans nommée Kimberly Leach disparaît près de son école. Son corps est retrouvé deux mois plus tard, en pleine décomposition. Elle a été égorgée et un couteau a été utilisé à plusieurs reprises sur ses organes génitaux. Le FBI place alors Ted Bundy dans la liste des 10 criminels les plus recherchés des États-Unis après qu’une autre jeune fille ait identifié Bundy lors d’une autre tentative d’enlèvement. Ted Bundy est finalement arrêté la nuit du 14 ou 15 février 1978 et, malgré plusieurs tentatives, il avoue finalement son identité plus tard au poste de police.
5/ Une affaire médiatisée jusqu’à la fin
Cette dernière arrestation laisse place au premier procès filmé des États-Unis. Ted Bundy persiste à se déclarer non-coupable malgré les conseils de ses avocats. Il finit par virer ses avocats et assure sa défense seul, tout charmeur avec son nœud papillon face au juge. Il sort le grand jeu et n’hésite pas à demander sa petite-amie actuelle en mariage alors qu’elle témoigne en sa faveur à la barre. De nombreuses femmes sont présentes lors de son procès et tombent sous son charme. Il profite alors de son physique avantageux devant les caméras.
Cela n’empêchera pas les jurés de le déclarer coupable. Il est condamné à la chaise électrique. Le juge, en accord avec les jurés, le décrit comme un homme “extremely wicked, shockingly evil and vile” — “extrêmement mauvais, scandaleusement diabolique et ignoble” en français —, un titre accrocheur pour le film de Joe Berlinger sorti sur Netflix en 2019.
Ted Bundy est exécuté plusieurs années plus tard. Condamné en 1978, c’est seulement en 1989 qu’il passe sur la chaise électrique. Quelques jours avant, Ted Bundy décide enfin d’avouer tous les faits après des années à clamer son innocence. Selon lui, il s’agirait de “purifier son âme”. Il avoue les viols, la nécrophilie, les démembrements, et cela, sans empathie. Il blâme la pornographie d’avoir sali son esprit mais également une voix dans sa tête qui l’aurait poussé à commettre tous ces crimes. Le 24 janvier 1989, il meurt sur la chaise électrique. Son corps emballé qui s’apprête à se diriger vers l’hôpital est attendu par une foule à la sortie de la prison.
Jusqu’à la fin, Ted Bundy, le Lady Killer, a reçu l’attention de tous les États-Unis, et ce n’était pas pour lui déplaire.