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Clubs du Monde : Episode 2 – Renaissance de Berkane

Après avoir voyagé en Angleterre pour notre premier épisode, on traverse la Méditerranée pour notre deuxième épisode, direction le Maroc !

La ville de Berkane est une ville située au nord-est du Maroc, peuplée de 100 000 habitants, et surnommée la capitale des agrumes (en raison des champs de clémentines et oranges à perte de vue, vendues sur les marchés mondiaux). En témoigne la place du centre-ville:

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La ville tire son nom d’un saint de la ville, Sidi Ahmed Aberkane (qui veut dire « noir » en berbère) d’où la couleur du club orange et noir.

La genèse

L’histoire du football dans la modeste bourgade qu’était Berkane débute sous le protectorat en 1938 avec la création de l’Association Sportive de Berkane (ASB). Seuls 18 joueurs composaient l’équipe issus d’expatriés français et de joueurs marocains. Il est intéressant de noter que seuls trois marocains évoluaient dans cette équipe.

Mais c’est seulement (un peu moins de) 30 ans plus tard en 1966, que le club de l’Union Sportive de Berkane (USB) nait, la même année, un nouveau club apparaît sous le nom de Chabab Riadhi de Berkane (CRB), s’installant en 3ème division. Le CRB monte en 2ème division en 1969 et est relégué en 3ème division lors de la saison qui suit.

Naissance et Apogée

Cette descente va provoquer une décision, celle de regrouper sous la même bannière les joueurs de la ville pour espérer atteindre le plus haut niveau. Ainsi en 1970, ces deux clubs fusionnent et donnent le nom de la Renaissance Sportive de Berkane (RSB) et le rêve issu de cette fusion verra le jour en 1977 avec l’accès à la 1ère division pour la première fois de l’histoire de la ville avec une croissance très rapide, puisque l’âge d’or du club ne se situe que 3 ans plus tard avec dans les années 80. Une équipe de Berkane qui s’installe durablement dans le paysage footballistique marocain avec une 2ème place de Botola dans la saison 1983-84 et une finale de coupe du Trône en 1987 face à Marrakech.

La chute

Les années qui suivront cette défaite en finale seront moins glorieuses avec une descente en 2ème division suivie d’une descente en 3ème division qui sortira Berkane du paysage du football marocain, enlevant même le statut de professionnel à cette équipe, devant une simple équipe amateur d’un village perdu dans le nord du Maroc, l’ombre de la grande ville Oujda se faisant sentir avec une rivalité bien présente. Mais la Renaissance ne présente plus les armes pour se défendre face à l’ogre Oujdi (habitants d’Oujda) qui enchaine les titres nationaux.

Des Casseurs et des Nuls !

Invisible dans les radars dans les années 90, la Renaissance de Berkane fait sa grande apparition en 2005 avec un remontée en 2ème division, mais ils redescendent en 2007. Puis à l’issue de la saison 2010-11, la Renaissance de Berkane accède de nouveau à la deuxième division et l’année suivante après une très belle saison de Botola 2, ils parviennent à revenir dans le monde médiatique de la Botola Pro (élite du football marocain).

La première saison dans l’élite (depuis un bon bout de temps) est une saison spéciale avec à l’issue de la saison, un bilan pour le moins équilibré avec sur 30 matchs : 10 gagnés, 10 nuls et 11 défaites avec 30 buts marqués pour 31 encaissés (plus équilibré : tu meurs) les amenant a une 7ème place (OUI ! au Maroc avec un tel bilan, on n’est pas loin des places continentales) mais ils remporteront cette année la palme de l’équipe la moins fair-play avec 84 biscottes aux beurres et 9 tartines à la confiture de fraises (cartons jaunes et rouges, pour ceux qui ne comprennent pas les analogies).

La saison suivante ne change pas trop, les Berkanis fidèles à eux-mêmes remportent le trophée de l’équipe la plus sauvage avec 81 cartons jaunes et 8 cartons rouges finissant le championnat dans le ventre mou avec une belle performance: celle de ne pas être reléguable avec 17 matchs nuls sur 30 (Bravo !).

Mais le véritable exploit est ailleurs avec l’arrivée en finale de la coupe du Trône, une chose qui n’était pas arrivée depuis 1987 mais la finale ne se passera pas comme prévu avec une défaite 2-0. Mais l’essentiel est ailleurs puisqu’avec cette finale, les joueurs de l’Oriental (un de leurs surnoms) connaitront pour la première fois la coupe des confédérations de la CAF (Ligue Europa africaine) mais cette belle compétition, les Berkanis la verront rapidement suite à une élimination dès le 1er tour face au club malien des Onze Créateurs (Oui ! Ce club existe vraiment !) grâce au but à l’extérieur.

Sur le plan national, les Oranges feront encore mieux que l’année précédente avec un maintien dans le ventre mou avec 18 matchs nuls sur 30 ! Et seulement 25 buts marqués et 26 encaissés.

Et maintenant…

Actuellement, la Renaissance de Berkane a d’ores et déjà réussi le premier objectif du club, pérenniser le club dans l’élite. La prochaine phase sera de le sortir du ventre mou pour en faire un cador du championnat comme peuvent l’être les clubs de basket et de handball de la ville avec leurs nombreux titres.

Pour cela, les Oranges peuvent s’appuyer sur leur fervent public qui répond toujours présent à domicile comme à l’extérieur et ce malgré les distances souvent longues et les mauvaises conditions de voyages. C’est d’ailleurs un des points positifs du club par rapport aux autres clubs du championnat, Berkane est clairement une ville de sport, cela se voit dans les matchs de handball, de basket, de football mais surtout par la présence d’Hicham El Guerrouj qui est originaire de la ville. Ainsi, tous les matchs se jouent à quasi guichet fermé contrairement à la majorité des clubs du championnat.

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Pour passer un cap, le président Faouzi Lekjaa (qui est à la fois dirigeant de club et aussi dirigeant de la fédération comme l’En Avant Guingamp avec Noël Le Graët) a décidé de prendre Bertrand Marchand comme entraineur, il est français et fait partie de ces entraineurs français qu’on dit « africain » de par leurs CV comme le sont Hervé Renard ou encore Claude le Roy.

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Bertrand Marchand a entrainé en France l’EA Guingamp mais le plus gros de son travail a été fait entre le Qatar (avec les clubs d’Al Khor, d’Umm Salal et du Al Gharrafa Doha) et surtout la Tunisie avec de grands noms comme le Club africain mais surtout l’Etoile du Sahel entre 2007 et 2008 avec qui il a tout gagné (Ligue des champions de la CAF, Supercoupe de la CAF) et il s’est même permis d’être demi-finaliste de la Coupe du monde des clubs contre Boca.

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Bertrand Marchand peut s’appuyer sur de bons joueurs, parmi eux l’excellent Mohamed Konate (déjà international et qui finira surement en Europe), Abdelmoula et Mohamed Berrabeh (originaires de la ville), le jeune talent Ayoub Chourti, Cheïbane Traoré transféré du TP Mazembe, Nabil Berkak qui a joué à l’ESTAC, Roy Contout l’ancien de Sochaux et Mehdi Baltam le Alaba de Berkane.

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Actuellement 4ème à 9 points du leader le Wydad de Casablanca, le club est avec 12 buts encaissés, la 2ème meilleure défense de Botola et reste sur une série de 6 matchs sans défaites.

L’avenir semble donc radieux pour ce club avec prochainement un centre de formation qui sera ouvert et la rénovation du stade municipal a donné un coup de jeune à stade qui devenait vieillissant. Si vous souhaitez suivre les matchs du club ou si le championnat marocain vous intéresse, les matchs sont visibles sur Arryadia qui est disponible sur tous les bouquets internet, cela vous donnera une image du football marocain qui est l’un des meilleurs en Afrique avec les championnats égyptiens et algériens.

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