Ce matin, Barack Obama en déplacement à Hanovre, a annoncé l’envoi de 250 nouveaux soldats américains, dont des forces spéciales, sur le sol syrien. Il a également appelé l’Europe à réagir et s’unir dans la lutte contre l’Etat Islamique.
« J’ai approuvé le déploiement de 250 militaires américains supplémentaires, notamment des forces spéciales, en Syrie »
« Si une Europe unie, pacifique, démocratique et orientée vers l’économie de marché commence à douter d’elle-même, à remettre en question les progrès réalisés ces dernières décennies, alors on ne peut espérer que les avancées réalisées autour du monde se poursuivront »
Les 250 soldats envoyés rejoindront les 50 déjà présents et renforceront leur action auprès des groupes rebelles kurdes et sunnites qui luttent contre l’Etat Islamique, en particulier au Nord du pays. Le Président américain s’appuie d’ailleurs sur les résultats des troupes déjà présentes pour expliquer l’augmentation de l’effectif :
« L’ expertise des membres des opérations spéciales américaines au sol a été essentielle pour permettre aux forces locales d’exclure l’EI de certaines zones-clés »
Les forces démocratiques syriennes (FDS) ont salué l’annonce de Barack Obama, espérant également un renfort sur le plan de l’armement, avec notamment le souhait d’obtenir des missiles antichar :
« Tout soutien qu’ils offrent est positif mais nous espérons un soutien plus grand », a déclaré Talal Silo, porte-parole de l’alliance militaire. (source : Reuters)
En parallèle de cette déclaration, Barack Obama a réaffirmé sa volonté de rétablir le cessez-le-feu établi fin février dernier entre les différents protagonistes et qui a été rompu la semaine dernière par de nouvelles attaques des forces du régime syrien de Bachar Al-Assad avec le soutien de l’armée russe dans plusieurs villes au nord de la Syrie, dans le but de combattre les groupes terroristes Front al-Nosra et EI, exclus des négociations de Genève, et donc de la trêve.
L’envoi de forces armées en Syrie ne contredit-il pas la trêve instaurée et revendiquée par Obama ? Face à la menace de l’Etat Islamique, Barack Obama semble donc prendre position pour une action de combat, tandis qu’il choisit la négociation concernant le régime syrien.
« Ce serait une erreur » de la part des États-Unis, du Royaume-Uni ou de toute alliance de pays occidentaux « d’envoyer des troupes au sol et de renverser le régime d’Assad », déclarait-il samedi à la BBC.
L’Europe reste pour le moment sur ses gardes concernant l’envoi de renforts militaires, craignant que l’augmentation des conflits ne cause une accentuation de la fuite de la population vers la Turquie et l’Europe. La Chancelière allemande Angela Merkel, a proposé de créer des zones de protection en Syrie pour les civils, une idée qui n’a pas séduit le résident américain.
Alors que les pourparlers semblent dans une impasse et que les combats reprennent de plus belles, après avoir déjà causé la mort de 270 000 personnes et le déplacement de plus de la moitié de la population, les protagonistes s’interrogent sur les actions et priorités à mener. Faut-il commencer par s’attaquer au gouvernement syrien, dont le leader, Bachar Al-Assad, est déjà couvert de sang? Dans ce cas, comment constituer ce nouveau pouvoir sans risquer un coup d’Etat d’un groupe rebelle minoritaire, voire de l’Etat Islamique s’il n’est pas combattu à temps? Ou, au contraire, faut-il tenter d’éliminer en priorité l’Etat Islamique, au risque de voir naître de nouveaux groupes radicalisés contre le système dictatorial, eux-mêmes armés grâce aux soutiens occidentaux?
De nombreux civils vivent la guerre au quotidien depuis 5 ans. REUTERS/Alaa Al-Faqir, février 2016
Image à la une : La vie de toute une population en jeu. AFP PHOTO / BARAA AL-HALABI, juin 2014