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Libérez la prison !

L’enfermement. C’est la mission qu’on lui a confiée. Elle a peut-être pris son rôle trop à cœur. A force d’enfermer, elle s’est renfermée sur elle-même. Elle est devenue une caricature. Enfermer pour enfermer ne rime à rien. Surtout lorsque l’on connait les caractéristiques qu’on lui prête en France. Bref, bienvenue dans la tribune à charge de la prison française. Son but ?  Faire sauter le verrou du tabou qui l’emprisonne.

Etat des lieux : des conditions indignes du « pays des droits de l’homme »

L’observatoire international des prisons dresse un bien piètre bilan des prisons françaises dans son rapport en 2015. Vétusté, manque d’hygiène, surpopulation carcérale ou encore manque de personnel, les conditions de détention ne sont pas à la hauteur d’un pays développé. Et les choses ont bien du mal à bouger. Des insectes en tout genre, des rats ou encore des isolations thermiques inexistantes sont – paradoxalement – la norme.

La surpopulation carcérale est également un fléau quotidien. Avec un taux d’occupation moyen de 118,3%, la France fait partie des mauvais élèves européens. Et plus on s’éloigne de la métropole, plus les conditions se détériorent. Par exemple, le taux d’occupation de la maison d’arrêt de Faa’a Nuutania en Polynésie française atteint presque 300% ! Dormir à plus de trois dans une cellule de 9m2 n’est plus surprenant. Sans parler du manque d’intimité évident. Face à ces conditions de détention, des tensions naissent entre les détenus. Les bagarres sont donc courantes, pour ne pas dire récurrentes.

Pour couronner le tout, la prison est le premier lieu de radicalisation. Sarah Dindo, responsable éditoriale de l’OIP  a déclaré que « de manière générale, les comportements radicaux sont renforcés par la prison, qu’ils soient religieux ou d’une autre nature. ».

source : alterinfo.net

source : alterinfo.net

Le portrait des prisons françaises n’est pas beau à voir. Et on ne veut pas le voir. A l’image des détenus, on cherche à les cacher, les laisser dans leur misère jusqu’à ce que le problème devienne trop gros et qu’il nous explose à la figure. Mais soyons optimistes. Regardons-les droit dans les yeux, et essayons de trouver des solutions.

Les solutions envisageables

La première solution peut paraître simpliste. Voir idiote. Mais pourquoi refuse-t-on de construire de nouvelles prisons ? Nous pallierons aux places manquantes, le tout dans de meilleures conditions de détention dans un établissement aux normes… Nous pourrions mener une politique de grands travaux et nous embaucherions à foison.

Mais deux problèmes résident. La prison ne séduit pas. Avec un sous-effectif structurel au sein des prisons déjà existantes, en construire de nouvelles ne servirait à rien si le personnel ne suit pas. Ensuite, une prison n’est pas rentable. Au contraire. Economiquement parlant, investir sans avoir de retour financier parait bien idéaliste par les temps qui courent.  La construction de prisons ultra modernes s’adonne à la même logique. Même si elles ne sont pas aussi couteuses en main d’œuvre que les prisons lambda, le prix de base resterait trop élevé.

Changeons d’angle de réflexion. Et si le problème ne venait pas des prisons, mais bien des « conditions d’accès » ? Actuellement, sur les 70 000 détenus français, 16 000 sont en attente d’un jugement. Ceci peut nous amener à repenser un investissement qui finira par être inéluctable. Plutôt que de miser sur les prisons, donner des moyens au ministère de la Justice pour accélérer les jugements semble moins onéreux. Et plus juste (être en prison sans jugement n’est pas démocratiquement responsable).

Nous pouvons aussi nous interroger sur le rôle de la prison elle-même. Elle est censée protéger la société des individus dangereux. Pourtant, la récidive a lieu dans 53% des cas si on l’étend à 7 ans suite à un emprisonnement. Et que dire de la radicalisation chronique en son sein ? Sa fonction première n’est pas assurée. Au contraire. La prison est un creuset de criminalité plus qu’un lieu de rédemption. Nous ne devons plus penser la prison comme solution, mais comme problème. Il devient nécessaire de réfléchir sur les moyens que l’Etat peut mettre en place en amont. De nouvelles politiques en matière d’éducation ou de justice sont donc de potentielles pistes. À creuser !

A lire aussi :

Clairvaux : action du personnel contre la fermeture annoncée de la prison

Les prisons françaises : une machine à fabriquer des troubles mentaux ?

Crédit photo à la Une : AFP

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