Toujours en cours de diffusion aux Etats-Unis, la saison 2 de Kingdom arrive déjà sur OCS.
C’est quoi, Kingdom? Sous le soleil de Californie, Alvey Kulina (Frank Grillo), dirige sa propre salle de sport avec sa compagne Lisa (Kiele Sanchez). Ancien champion de MMA, il s’occupe désormais d’entraîner d’autres combattants parmi lesquels ses fils : Jay (Jonathan Tucker), électron libre ingérable, et le benjamin Nathan (Nick Jonas) débutant prometteur handicapé par une blessure. Il manage aussi l’ancien champion Ryan Wheeler (Matt Lauria, vu dans Parenthood), récemment sorti de prison. Mais l’entreprise d’Alvey est en grande difficulté financière… Et entre entraînements et combats, les lutteurs doivent également se confronter à un adversaire bien plus coriace : leurs propres démons.
Renouvelée pour une saison 3, Kingdom est pourtant une série qui ne rencontre pas l’écho qu’elle mérite. Diffusée aux Etats-Unis sur les réseaux plutôt confidentiels que sont AT&T et Audience Network, elle ne bénéficie pas forcément d’une grande exposition, et son thème central, les MMA (Mixed-Martial Arts), pourrait rebuter les téléspectateurs peu intéressés par ce sport et qui en déduiraient, un peu vite, que la série n’est pas pour eux. Ce serait une erreur : ça reviendrait à dire que seuls les employés de pompes funèbres peuvent apprécier Six Feet Under. Certes, l’entraînement et les combats sont au centre de la vie des personnages et le sport est omniprésent, mais il n’est finalement que le véhicule d’une histoire plus complexe qui dépasse ce cadre.
La famille Kulina : mieux vaut ne pas les énerver…
L’histoire de Kingdom, c’est d’abord celle d’une famille – dysfonctionnelle et perturbée. Et donc de personnages, remarquablement construits, au premier rang desquels Alvey qui gère tant bien que mal une reconversion professionnelle difficile, un couple qui part à vau-l’eau, une situation financière précaire et une tendance à la maniaco-dépression ; mais l’ancien champion a gardé de ses années de compétition une ténacité qui l’empêche de renoncer et de baisser les bras. En conflit constant avec son père, Jay est pourtant fait du même bois : doué et charismatique, ce champion déjanté et incontrôlable cache ses doutes et sa sensibilité à fleur de peau derrière ses abus de drogue et d’alcool. Débutant en compétition, son frère Nate a du mal à se remettre d’une blessure et doit, lui aussi, composer avec ses zones d’ombre – en l’occurrence, une homosexualité qu’il n’assume pas. Enfin, Ryan est tout aussi mal en point que les autres, coincé entre ses doutes, sa relation brisée avec son père, et un retour à la compétition pas aussi facile qu’on pourrait le croire.
Les personnages sont extraordinaires : pluridimensionnels et complexes, ils sont tour à tour agaçants et émouvants, et on n’a aucun mal à s’attacher à eux. Il faut dire qu’ils sont servis par des acteurs impeccables, et en particulier un Jonathan Tucker stupéfiant, qu’on a déjà vu dans Justified par exemple, mais qui est la véritable révélation de Kingdom. Si sa performance est exceptionnelle, elle ne doit pas faire oublier ses acolytes : Nick Jonas surprend dans le rôle plus nuancé de Nate, et Frank Grillo (Le méchant des films Captain America) ou Matt Lauria (vu dans Parenthood) sont tout aussi inspirés.
Et oui : les filles aussi savent cogner !
On aura deviné que l’ambiance est blindée niveau testostérone : baston, sexe et drogue s’affichent sans filtre, et les dialogues sont parfois crus. Pour autant, les femmes ne sont pas absentes : au contraire, Kingdom nous offre des personnages féminins passionnants, car tout aussi travaillés et originaux que leurs homologues masculins. Il y a Lisa (Kiele Sanchez), la compagne d’Alvey qui incarne souvent la voix de la raison ; Cristina (Joanna Going), la mère de Jay et Nate, prostituée toxicomane qui souhaite reconstruire sa relation avec ses fils ; Alicia (Natalie Martinez), combattante au talent brut, étoile montante d’un sport dominé par les hommes.
La première partie de la saison 2, déjà diffusée en France, avait laissé Alvey impliqué dans la mort d’un de ses associés et quitté par une Lisa enceinte, tandis que se profilait le combat entre ses deux protégés, Jay et Ryan. A la hauteur des attentes, la suite ne déçoit pas, avec notamment l’affrontement tant attendu entre les deux champions et dont l’issue a des conséquences inattendues. C’est d’ailleurs l’une des grandes qualités de Kingdom, qui évite habilement les clichés et surprend toujours son public avec des intrigues originales et imprévisibles. Kingdom, c’est presque un puzzle dont les personnages blessés et perturbés seraient les pièces qui, une fois assemblées livreraient une histoire de famille, de rivalité, de loyauté, d’amour et d’espoirs déçus. Et en définitive, le combat dans la cage est beaucoup moins éprouvant que celui que l’on mène dans la vraie vie.
Relativement confidentielle, Kingdom réunit pourtant tous les ingrédients qui font une grande série : intrigue solide, personnages hors-normes, atmosphère originale, profondeur de l’analyse… Elle dépasse largement le cadre – a priori très particulier – des MMA pour inscrire son récit dans une perspective plus large, susceptible de parler à tout un chacun. Alors fan de sport de combat ou novice en la matière, n’hésitez pas : montez sur le ring. Cette série a du punch, et elle pourrait bien vous mettre K.O…
Kingdom – Saison 2 sur OCS Choc à partir du 17 Juillet à 20H40.
Crédit photos : Audience Network.