L’ossuaire de Douaumont, situé dans la Meuse, est un monument à la mémoire des soldats morts à Verdun, durant la sanglante bataille de la Première Guerre mondiale. Abritant les ossements de quelque 130 000 soldats inconnus, Français comme Allemands, l’ossuaire compte, en plus de son imposante nécropole, 16 142 tombes de soldats français. Accueillant près de 250000 visiteurs chaque année, le cimetière à vu ces derniers temps bon nombre d’entre eux déambuler à travers les allées les yeux rivés sur leurs portables.
Et pour cause, l’ossuaire de Douaumont a été transformé en arène pour le désormais très célèbre jeux Pokémon GO, disponible depuis quelques semaines en France, et ce, au plus grand dam du directeur de l’ossuaire, Olivier Gérard : « On s’en est aperçu parce que les gens déambulaient avec un portable devant la tête, sur la nécropole et dans l’ossuaire proprement dit », explique ce dernier. « Je m’y suis intéressé, et des gens m’ont gentiment montré l’application – dont j’avais entendu parler – et m’ont signalé que l’ossuaire était une arène », soit un lieu où les dresseurs de Pokémon peuvent faire s’affronter leurs équipes, ajoute-t-il.
Cependant dans ce lieu chargé d’histoire et en pleine année du Centenaire de la Grande Guerre, le directeur n’approuve pas du tout la pratique du jeux au sein de ce lieux : « je trouve que c’est du plus mauvais goût », assène-t-il, avant de continuer, « Depuis une semaine, nous essayons de faire interdire cette prolifération de Pokemon. C’est un lieu de souvenir et de mémoire, pas de jeu et de loisir. On peut être tourné vers la jeunesse mais on ne peut pas créer un champ de bataille qui serait une aire de jeu, c’est inconcevable ». Le but de M. Gérard est donc de faire interdir le lieu dans ce jeu. Il a d’ailleurs dors et déjà contacté la préfecture à ce sujet mais avoue que la solution à ce sujet n’a pas encore été trouvée.
En plus de l’ossuaire transformé en arène, les monuments en hommage aux soldats musulmans et juifs fauchés à Verdun sont même devenus des « Pokéstop », points d’arrêt permettant de récupérer des objets ou des créatures. La plaque commémorant la poignée de main entre Helmut Kohl et François Mitterrand en 1984 en est devenu un.
Mais l’ossuaire de Douaumont n’est pas le seul dans ce cas puisque d’autres arènes ont vu le jour aux alentours : le village détruit de Fleury, le Mémorial de Verdun ou encore le monument aux musulmans morts pour la France possèdent eux aussi leurs arènes ou les dresseurs de pokémons s’affrontent. Les forts de Douaumont et Vaux n’échappent pas non plus à la règle. Isabelle Nourry, directrice de la régie des sites de mémoire rappelle aux adeptes du jeu qu’ils ne doivent « pas rentrer dans les ouvrages fortifiés » et rester dans les sentiers balisés. Les joueurs devaient suivre les conseils de Mme Nourry puisque de nombreux accidents ont déjà eu lieux à cause du jeu : le 14 juillet dernier, deux personnes sont tombés d’une falaise à Encinitas, en Californie, en tentant d’attraper ces petites créatures virtuelles avec leur smartphone !