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Macron, la macronite et les projecteurs

C’est désormais mondialement connu, l’ex-premier ministre Emmanuel Macron a quitté ses fonctions, au grand dam du gouvernement qu’il laisse en plan. L’homme politique ménage le suspens quant à sa décision de courir l’élection présidentielle, tout en laissant intelligemment les médias spéculer sur sa candidature et étaler l’étendue de son potentiel. Il est omniprésent médiatiquement parlant, télévision, radio, presse écrite, il est cuisiné à toute les sauces, cela sans jamais oublié le zeste de modernité qu’il s’applique à incarner.

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Alors qu’En Marche, son parti « sans étiquette », galope déjà de levées de fond en levées de fond, sa démission lui donne le vent médiatique en poupe, et cristallise son opposition à la ligne politique du gouvernement. Alors, phénomène politique, aubaine médiatique ?

Incarner la modernité ?

L’ex-ministre a pris soin d’exprimer ses divergences pour construire sa position de force. Incarner la modernité suppose de s’opposer à un conservatisme politique, ce qu’il reproche au gouvernement actuel. En faisant du néo-libéralisme son cheval de bataille, il prétexte le réalisme économique pour justifier sa conception de la gauche, et accuse le gouvernement de l’avoir bridé car il « aurait aimé aller plus loin ». Cette modernité nous est donnée à voir par Les jeunes avec Macron, dont la moyenne d’âge est de 29 ans, ou encore par son amour des autoentrepreneurs qui le lui rendent bien.

Un socialisme « 2.0 » en somme, qui approfondie les mesures libérales qui s’enchaînent depuis les années 80, qui donne toute leur place aux banques et au Medef, deux milieux chers à l’ex-ministre. Alors la flexibilisation pourquoi pas, mais quelle garantie pour la sécurité de l’emploi ? Et comment assurer cette stabilité si la politique du travail est dictée par le Medef et le grand-patronat, toujours en quête d’optimisation économique ?

L’homme providentiel

Emmanuel Macron répond par sa démission à un appel d’air politique, une place vacante : celle de l’homme politique libéral moderne sans casier judiciaire. A la manière de Kennedy dans les années 60, il arrive au bon endroit, au bon moment, fort de sa jeunesse, de son nouveau visage. Cet engouement général (des médias, des entrepreneurs, des médias, …), c’est l’effet Kennedy (bien qu’ils diffèrent en de nombreux points), l’effet de l’homme providentiel. Le philosophe René Girard explique d’ailleurs que c’est une d’une figure récurrente de la mythologie politique, celle d’« un personnage qui apparait dans les périodes de crises.

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L’introduction médiatique  d’un personnage 

Sa démission amorce donc le ballet présidentiel, le théâtre politique. Dans notre société de l’image, parfois dite « médiacratique », avoir une présence médiatique quand on est politicien est une stricte nécessité (dans les sondages, le JT, …). La sanction médiatique correspond d’ailleurs parfois à une sanction politique, l’affaire DSK nous l’a montré à ses dépens.  Et c’est de cette sanction dont Macron bénéficie depuis quelque temps : une vingtaine de minutes de présentation à France 2 (qui brosse un portrait plus qu’élogieux, allant jusqu’aux SMS envoyés à ses proches après sa démission), la relative occultation de ses frasques médiatiques, …

Il va jusqu’à subir le traitement de nombre de politiciens, à savoir celui de la peopolisation. Son image se propage dans les magazines people, son couple sort de l’ombre, on constate la différence d’âge, on analyse, on juge, on tire la politique du côté du banal, de l’intime, de l’impertinent … Et cette tendance semble parfaitement s’intégrer au projet politique de l’ex-ministre, en vogue, quittant le gouvernement comme on quitterait la maison des secrets de Secret Story, à la différence que ce dernier a pris le luxe de ne pas dévoiler son secret.

 

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