Dès le 20 octobre, Profilage saison 7 va devoir relever le double défi de laisser partir son héroïne pour en accueillir une nouvelle. Et le pari est plus que réussi.
Ce sera quoi Profilage saison 7? La mort de Garrel a rendu à Chloé sa mémoire et sa légendaire empathie. Alors qu’un reportage pointe les zones d’ombre de l’enquête qui a suivi la disparition et la séquestration d’Adèle et de sa sœur jumelle, Chloé mobilise l’équipe de Rocher pour aider la jeune criminologue à investiguer de nouvelles pistes. Une affaire particulièrement intense qui va lier le destin des deux brillantes criminologues et changer la vie des membres de l’équipe.
Les adieux d’une héroïne
La décision de décaler « au début » de la saison 7 les adieux de Odile Vuillemin à la série pouvait au départ surprendre. Elle se révèle en réalité très maline. La coupure entre deux saisons avec deux héroïnes différentes d’une saison à l’autre pouvait faire prendre le risque que les spectateurs délaissent la série. Il n’en sera rien puisque les épisodes s’enchaîneront et que les destins de Chloé et Adèle sont depuis le début liés, et plus que jamais en ce début de saison 7. A la manière de Falco, les storylines sont « fondues » l’une dans l’autre de sorte qu’on n’ait pas envie de quitter la série après ce double épisode d’ouverture. Bien entendu on ne vous dira rien de la manière dont Chloé quitte la série, ces dernières scènes sont en revanche très touchantes. Mais objectivement, le départ de Chloé nous a bien moins marqué que « l’arrivée » d’Adèle en héroïne, une arrivée qui démontre que non seulement les auteures de la série n’ont nullement perdu la main, mais que ce départ a insufflé un nouveau souffle à la série.
Une magistrale relève à la tête de Profilage
Il convient tout d’abord de rappeler combien Odile Vuillemin a fait pour Profilage. Elle a donné son âme à la série et lui a permis, grâce au talent d’écriture des auteur(e)s, de faire de cette série quelque chose de réellement différent des autres polars. Son interprétation a été remarqué et remarquable jusqu’au bout. Il n’est donc pas besoin de rappeler que c’est un vrai défi que de lui succéder. Mais quel meilleur choix que Juliette Roudet pour prendre la relève. Celles et ceux qui nous suivent le savent bien: nous la soutenons depuis le début, depuis son arrivée dans la série en saison 4. Ce petit quelque chose qu’Odile Vuillemin a amené à la série, on le retrouve chez Juliette Roudet. A la fois différente de Chloé et en même temps assez similaire sur certains points, Adèle est une héroïne « rebelle » qui doit réapprendre à vivre et qui avance petit à petit vers la lumière.
Mais un personnage « secondaire » n’a pas nécessairement les mêmes caractéristiques qu’un personnage central. Il peut être moins « aimable ». Aussi, passer un personnage secondaire au rang de « héros » d’une série implique quelques petits ajustements. On pouvait craindre que ces ajustements soient gratuits, faciles. Il n’en est rien, bien au contraire. Si Adèle change un peu son visage dans cette nouvelle saison, son changement est cohérent, intelligemment amené et très finement développé durant les 6 premiers de cette saison que nous avons vu. Sophie Lebarbier et Fanny Robert ont trouvé LA bonne idée, non seulement pour expliquer ce léger changement de caractère, mais également pour permettre à Juliette Roudet de pleinement exprimer son talent dans de nouveaux registres.
On ne va pas s’en cacher: cette jeune femme est une vraie révélation de ces dernières années, pas assez mise en avant jusque là mais qui va pouvoir montrer avec Adèle ce qu’elle a dans le ventre. Et c’est vraiment remarquable. Toute en nuance dans ces nouveaux épisodes, alternant les émotions, Juliette Roudet rappelle à bien des égards Tatiana Maslany, l’héroïne de Orphan Black, dans sa très grande intelligence de jeu et son talent pour incarner « différents visages » d’une même personnalité. Et que les fans se rassurent, et vous le verrez par vous même, sa place dans la série ne peut être remise en cause tant elle paraît évidente dès les premiers instants où elle apparaît.
Et ce qui est tout aussi remarquable, c’est qu’on a l’impression que quelque chose s’est débloqué cette année, les éléments s’emboîtent bien mieux, la gestion des intrigues et des twists liés au fil rouge se fait juste comme il faut, et les autres personnages de la série interagissent facilement les uns avec les autres. On avait senti une petite baisse d’intensité de la série la saison passée, comme s’il fallait que la pression retombe après l’incroyable saison 5. Loin d’avoir perdu de leur talent, Sophie Lebarbier et Fanny Robert savent nous surprendre avec des scénarios très fins, parfois même éloignés du polar pur. Les épisodes 5 et 6 sont d’ailleurs à ce titre très intéressants car l’enquête policière y est presque secondaire pour laisser place à de vrais introspections dans l’humain et ses histoires tragiques. Et comme un écho, ces histoires parlent et disent, chacune à leur manière, quelque chose sur Adèle.
On dit oui, 100 fois oui à cette nouvelle saison de Profilage qui a su parfaitement intégrer sa nouvelle héroïne tout en n’oubliant pas ses autres personnages (saluons le travail de Diane Dassigny qui a su parfaitement se glisser dans les pas de Julia Piaton pour reprendre le rôle de Jessica Kancel) et ses intrigues toujours finement écrites. Saluons aussi TF1 qui accepte une nouvelle fois de propulser en tête de sa série phare une toute jeune comédienne, quasi inconnue du grand public. Et enfin, amis réalisateurs, producteurs, scénaristes, ne perdez pas de vue Juliette Roudet, un talent pur comme il n’en vient pas tous les jours.
Crédits: Philippe Le Roux/ TF1