Le combat a été rude, les adversaires n’ont pas laissé un temps de répit et pourtant, il reste droit, impassible, tout en gardant la tête haute, il n’a plus besoin de répondre aux invectives car il est victorieux. Lui, c’est Robert Badinter. Le Garde des Sceaux du gouvernement de Mitterrand vient d’abolir la peine de mort, par un vote de l’Assemblée nationale. Nous sommes le 09 octobre 1981.
Le matin même, un sondage indique que 62% de l’opinion publique n’était pas favorable à l’abrogation de la peine capitale. Pourtant, depuis près de 200 ans, elle fut mise en doute lors de débats parlementaires. Des hommes illustres ont demandé l’abolition du châtiment suprême. De Robespierre en 1791, à Victor Hugo en 1848, en passant par Jean Jaurès en 1908, mais sans succès.
» La justice français ne peut plus être une justice qui tue « . Robert Badinter
Il a fallu l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, pour qu’elle soit abolie. Cela semblait comme logique. En effet, la France qui se proclame historiquement comme la patrie des droits de l’Homme, était le dernier pays d’Europe occidentale à avoir procédé à des exécutions capitales. Mais l’histoire et le pouvoir politique rattrapaient parfois les principes humanistes. De 1954 à 1961, lors de la guerre d’Algérie, près de 222 prisonniers ont été exécutés. Pour information, la torture préalable a été supprimée dès 1791. Les exécutions publiques ont été abolies en 1939.
Comment était-on envoyé au châtiment suprême? Des assises à la décapitation
Le condamné était jugé en cour d’assises. C’est à huis clos que les jurés délibérèrent de la culpabilité d’un homme et de l’application ou non du châtiment suprême. L’individu pouvait disposer de cinq jours pour se pourvoir en cassation. C’est exclusivement le chef de l’Etat qui décidait ou non de gracier la personne condamnée. Au matin de sa décapitation, l’accusé était réveillé et conduit au greffier pour l’ultime toilette, puis guillotiné dans la cour de prison par un bourreau.