Alors que la saison 3 de The Affair, la série de Hagai Levi et Sarah Treem, va débuter sur Showtime (et sur Canal + à l’heure US), retour sur une liaison passionnée avec une série renversante.
Découvrir The Affair c’est la promesse d’un choc émotionnel. Qu’on l’aime ou pas, de par sa structure narrative, sa distribution et son ambition, c’est indéniablement une série à part. Si l’on se laisse happer par cet univers, difficile de ne pas être bouleversé non seulement par la finesse d’écriture mais aussi grâce à ce regard double qui permet de dévoiler les dessous de l’intrigue par le biais de la perception différente, voire totalement opposée, qu’éprouvent les personnages! L’interprétation est brillante et le tout est enrobé d’une délicieuse musique vous plaçant sous hypnose. The Affair parvient à faire passer à travers l’écran cette petite musique de la vie, ces petits riens qui, mis bout à bout forment un tout, véritable symphonie de sentiments où les conséquences des actes de chacun se trouvent décuplées tel un effet papillon redoutable, sur la vie de l’entourage des protagonistes principaux.
A écouter aussi : Hagai Levi, créateur de The Affair, dans La loi des séries
C’est quoi The Affair ? Un beau jour, au début de l’été, Noah, un homme marié et père dévoué de quatre enfants, fait la rencontre d’Alison, une femme mariée elle aussi, qui pleure la mort récente de son enfant. Dès le premier regard échangé, le coup de cœur est instantané et partagé. Commence alors une relation adultérine qui détruira leurs mariages respectifs et aura des conséquences dramatiques pour chacun des membres de leurs familles…
La suite est du même tonneau. Les intrigues font leur miel de la tension sexuelle irrépressible qui imbibe les épisodes et grimpe crescendo tandis que la musique continue de conférer aux scènes des sentiments exacerbés permettant de sublimer des séquences empreintes d’une véritable poésie. Naturaliste tout autant que réaliste, The Affair se permet d’être un cocktail tantôt doux, tantôt fort, à la fois mélange brut de sensualité et de sexe mais d’où une vraie pudeur se ressent aussi lorsque les protagonistes essayent de refréner leurs pulsions, paradoxalement irrépressibles.
Avec son montage en parallèle qui alterne en saison 1 les points de vue d’Alisson et de Noah, puis rajoute en saison 2, ceux d’Helen et de Cole, The Affair se bonifie et évite la redite que l’on aurait pu craindre. En multipliant les angles de vue ,elle se permet qui plus est de laisser parler une bestialité qui tranche avec la douceur et la sensualité de certaines étreintes. Les mots s’avèrent eux aussi tranchants comme une lame et transcendent l’apparente banalité de certaines situations. Alternant à la fois une complexité nourrie par les hésitations sentimentales des personnages puis par l’épaisseur du mystère qui étoffe l’intrigue d’arrière plan policier, The Affair évite toute simplicité. Cette sous-intrigue, loin d’être un écran de fumée, révèle petit à petit les comportements des uns et des autres et n’est pas réduite à une surexposition dramaturgique sensée complexifier une intrigue à l’eau de rose qui serait dénuée de substance.
De longues séquences portées par de magnifiques dialogues et l’interprétation toute en finesse de Dominic West et de Ruth Wilson mais aussi de Maura Tierney et de Joshua Jackson, achèvent de donner cette sensation d’assister à la rencontre de deux cœurs voguant l’un vers l’autre alors que tout devrait les éloigner. Les personnages sont à la fois mus par un sentiment de transgression puis par le fait que deux âmes en quête de nouveaux repères soient aimantées l’une vers l’autre et peuvent revivre et respirer, une fois réunies. [youtube id= »6muh9kTlr88″]
En deux saisons, la série n’a jusqu’ici connu que très peu de soubresauts ou de trous d’air, parvenant à s’appuyer sur ses relatives faiblesses pour repartir de plus belle dans une nouvelle direction. La mélancolie et l’émotion échevelée qui sont les moteurs de The Affair composent un ensemble bouleversant et cohérent, qu’une magnifique photographie embellit et qui, par son récit éclaté, propose aussi une véritable sophistication narrative et formelle. Dire que l’on attend la saison 3 avec impatience est un doux euphémisme.
Crédits : Showtime