On pensait qu’il n’y avait pas pire que d’être piratée pour une oeuvre artistique. Et pourtant des petits malins ont « innové » en charcutant la série Au delà des murs.
La mini série Au delà des murs était la sensation de cette rentrée 2016 sur Arte. Créée par le duo de choc Hervé Hadmar et Marc Herpoux (et rejoint pour l’occasion par Sylvie Chanteux), la série avait su mêlée fantastique et poésie.
Alors que toutes les séries d’Arte sont disponibles en DVD, point d’édition de la mini série à ce jour. Il n’y a donc pour traces que son passage sur Arte… et « un curieux » sacrilège opéré par des personnes se réclamant « fans ».
En effet, sur sa page Facebook, Hervé Hadmar rapporte que des personnes ne se contentent pas de mettre à disposition de manière illégale leur mini série, ils l’ont tout simplement charcutée, amputée de 11 minutes : « ils ont rajouté des effets sonores, changé des musiques, inversé des séquences… bref, on se bat pendant 2 ans pour écrire réalisé et tenir bon la barre, imposer une vision« .
Et comme ils précisent qu’ils ne se font pas d’argent, il ne faudrait rien dire. Mais qu’on soit bien d’accord : si je rentre chez vous sans votre autorisation, que je vole vos affaires et que je les porte sur moi, certes je ne les revend pas et ne me fait pas d’argent avec mais ça reste du vol.
Comme le dit Hervé Hadmar, oui « il y a plus grave« . Mais ça n’excuse rien. Certes internet a laissé entendre à pleins de gens que tout serait gratuit, et que les biens culturels seraient des biens vitaux qu’on devrait avoir sans payer, se moquant au passage de savoir comment le système « qu’ils aiment pirater » se finance. Mais on ne peut tolérer qu’une autre limite soit franchie sans réagir : non plus le vol artistique mais le « viol artistique » d’une œuvre.
Notre société fonctionne parce qu’il y a des règles et quand des petits malins les transgressent au nez et à la barbe d’artistes, ces derniers ne doivent avoir aucun scrupule à contre-attaquer, quitte à poursuivre les dites personnes.
La culture qu’elle soit littéraire, musicale, cinématographique … et même télévisuelle (si si c’est dingue) doit être préservée et protégé. Internet ne doit pas être un no man’s land où tout est possible.
Mise à jour du 5 janvier 2017 : Marc Herpoux, co-créateur de la mini série a donné son avis sur la question sur sa page Facebook (et nous a autorisé à la partager avec vous pour éclairer le propos) :
« J’ai toujours défendu une culture ouverte, dans laquelle la ré-appropriation est possible et souhaitable. La ”culture de musée” – dans laquelle les œuvres se figent (et ”meurent” à petit feu) ne m’intéresse pas […] Les œuvres cinéma et télé sont des biens culturels et la culture appartient à tout le monde et à personne en particulier (je comprends vraiment que l’on se batte pour défendre le droit de tirer les images d’une œuvre que l’on veut détourner librement, afin d’en faire autre chose, et se montrer créatif).
… ”afin d’en faire autre chose!!!!”Ce n’est pas le cas ici!
La personne qui a remonté Au-delà des Murs n’en a pas fait autre chose! Elle ne s’est pas servi de notre création pour créer une œuvre différente.
Ici, Au-delà des Murs reste Au-delà des Murs et se présente bien comme tel… avec juste 11 minutes de moins, d’autres musiques, des effets supplémentaires, tout un tas de choix qui n’ont jamais été validés par qui que ce soit de l’équipe…
… alors que l’œuvre garde exactement le même générique!Cette version prétend être Au-delà des Murs… en mieux! (du moins c’est ce que prétend la personne qui l’a remontée!)
Sa version rentre ainsi en concurrence avec la nôtre, celle de l’équipe officielle.
Sur un plan économique… mais aussi artistique!Cette personne ne s’est donc pas servi d’Au-delà des Murs pour développer sa propre créativité (ce qui serait défendable, louable, et même flatteur à mes yeux!), elle a juste dénaturé notre travail sans même le faire savoir aux spectateurs qui vont la regarder.
Car c’est bien la l’enjeu! Avec le téléchargement et une démultiplication possible à l’infini, circule actuellement une copie d’Au-delà des Murs qui n’est pas Au-delà des Murs et qui prétend l’être.
Que mon nom, celui d’Hervé, et de toute l’équipe, puisse être associé à quelque chose que nous n’avons en aucun cas crédité alors qu’elle prétend rester notre vision des choses – via le générique – ça, ça me fait chier! (pour rester poli!)
Quand les grands studios ou les chaînes de télévision interviennent de façon péremptoire pour imposer leur final cut, nous nous mettons tous spontanément du côté de l’auteur qui défend sa vision et son point de vue de l’œuvre. Je ne vois pas en quoi ce qui est perçu comme inadmissible avec les grands de ce monde, deviendrait tout à coups défendable avec un fan lambda.
Dans les deux cas, il y a mensonge et usurpation!Que des gens utilisent les images de mes œuvres pour en faire un travail personnel ça me va très bien, et je suis même prêt à me mettre de leur côté… mais pas ça! »