Élu homme du match dimanche lors du succès face à l’Écosse (22-16), Kevin Gourdon a une nouvelle fois confirmé toutes les bonnes dispositions affichées depuis ses débuts en bleus. La révélation de la tournée d’automne s’affirme désormais comme une pièce maîtresse de ce XV de France.
Seule la victoire est belle. Perdant magnifique contre l’Angleterre à Twickenham la semaine dernière (16-19) – dans la lignée de ses tests matches de novembre – le XV de France a gagné avec pragmatisme dimanche contre de coriaces Écossais (22-16). Ce succès étriqué, les Bleus le doivent en grande partie à Kevin Gourdon. Auteur d’un match plein, le troisième ligne rochelais de 27 ans a encore une fois marqué des points sous le maillot frappé du Coq.
Une tunique qu’il n’a plus quittée depuis sa première sélection en juin dernier, lors de la tournée en Argentine. A l’image de son club, La Rochelle, dont il est l’un des fers de lance et qui occupe une sensationnelle première place après 17 journées de Top 14, le natif de Valence (Drôme) s’était imposé comme l’une des bonnes surprises françaises en terre sud-américaine.
Une tournée d’automne et deux matches du Tournoi des Six Nations plus tard, le flanker d’1,90 m et 105 kg en est maintenant à sept capes. Cette réussite ne semble guère étonner son entraîneur en club : «Tout le monde s’étonne de ses performances. On dirait qu’on le découvre. Mais il y a cinq ans, en Pro D2, il jouait déjà comme ça. Il a juste gagné en expérience et en sérénité», affirme Patrice Collazo. Ce dernier a recruté Gourdon sur les bords de l’Atlantique en 2012 après que ce dernier ait été recalé de l’équipe première de Clermont.
«Que je joue les All Blacks ou Saint-Jean-d’Angély en Fédérale 1, je me prépare de la même manière»
Quatre ans et demi plus tard, son heure semble enfin venue. Et ce n’est pas sa prestation face au XV du Chardon qui devrait prouver le contraire. A son débit dimanche, une pénalité concédée… et puis c’est tout ! Pour le reste, le numéro 7 tricolore a été au four et au moulin. Monstrueux en défense (11 plaquages, 92% de réussite dans ce domaine), incisif dans les franchissements, avec notamment une belle percée malheureusement sans suite (45e minute), il fut une nouvelle fois l’un des meilleurs Français du match, avec Gaël Fickou et Camille Lopez. Dans la lignée de sa performance en Angleterre, où il avait terminé meilleur plaqueur tricolore (12 plaquages) et réalisé une magnifique passe après contact sur l’essai de Rabah Slimani.
La nouvelle coqueluche du rugby tricolore avait d’ailleurs abordé ce « Crunch » avec son habituelle décontraction. «Que je joue les All Blacks ou Saint-Jean-d’Angély en Fédérale 1, je me prépare de la même manière», déclarait-il devant la presse.
Cette décontraction fait aussi sa force, même si ses entraîneurs estiment qu’il doit parfois faire preuve de plus de rigueur à l’entraînement. Et, à l’instar de Louis Picamoles, le troisième ligne fait désormais figure d’atout majeur des Bleus. Jusqu’à poser des soucis à ses redoutables vis-à-vis irlandais ? Réponse dans deux semaines à Dublin.
Alexis Cimolino