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Super Mario Odyssey : Le retour du Roi ?

7 ans après Super Mario Galaxy 2, le « deuxième jeu de la Switch » se laisse enfin approcher. Super Mario Odyssey a pour objectif de faire aussi bien que ses aïeuls, et que Zelda Breath of the Wild, sorti plus tôt dans l’année. Challenge impossible? Mario n’est jamais aussi bon que quand il est sous pression.

Après Super Mario Land, World et Galaxy, on se demandait si Mario n’était pas en train de choper la grosse tête, et la folie des grandeurs. De grosse tête il n’a point, Nintendo nous en assure grâce à un opus spécial chapeaux qui lui vont à ravir. Pas de Super Mario Universe donc, mais un Super Mario Odyssey, que joueurs acharnés comme occasionnels attendaient de longue date.

Nous faire vivre une odyssée est un pari risqué, mais Nintendo sait répondre aux attentes. Le titre promet des situations homériques dignes de la tragédie grecque, l’enlèvement de la princesse Peach et les différents rebondissements afférents n’auront jamais été si prenants. L’évolution de la technologie nous permet en outre d’apprécier les différentes mimiques de Mario, accentuées dans son côté comique par les nombreuses tenues qui ne le mettent pas toujours en valeur. Cet Homer là est plus Simpson que Ulysse. La dissonance entre le ridicule du personnage et l’ampleur de sa tâche prend tout son sens quand on se rend compte que non, Mario n’est pas un humain comme nous, grisonnant et triste comme tous ces businessman peuplant les rues colorées de New Dong City. Notre mascotte préféré est donc de retour, et l’accompagner au bout du Royaume Champignon est un plaisir de (presque) tous les instants.

D’Ithaque au tac

Qui dit Odyssée, dit embûches. Si Mario connaîtra quelques déconvenues, le jeu se finit trop rapidement en ligne droite, et le challenge y est globalement absent. L’odyssée, en plus d’être une aventure, est le nom de notre brave vaisseau qu’il faudra revitaliser à grand coup de lunes. Le schéma suivant se déroulera tout au long de l’aventure : vous arrivez dans un monde, vous récupérerez suffisamment de lunes pour aller au suivant, and on, and on. Il y a bien des histoires inhérentes à chaque monde, dont l’intérêt varie. Rien ne vous oblige à y prêter grande attention, car l’important est le binge mooning.

Les boss, réussis dans leur ensemble, ne poseront pas plus de difficulté au joueur qu’un shoot ouvert à 3 points pour Steph Curry. La difficulté du titre se dévoile une fois le jeu terminé. Si lors de votre premier voyage chez Mario, on vous indiquera en permanence quoi faire, comment, et quand, une fois le grand méchant vaincu, finie l’aide indue. Vous serez donc de nouveau lâché dans le monde, à devoir chercher un nombre impressionnant de lunes (on laissera la surprise au joueur d’en découvrir le nombre exact, Korogu y es-tu), pour des récompenses pas toujours intéressantes.

Il y a tellement de choses à faire et on est tellement sollicités par le jeu que c’en est confusant. Un saut par ici donnera une lune, parler à tel personnage donnera une lune, le marché du collectible n’a jamais été aussi foisonnant. On remarque cependant que d’un monde à l’autre, les défis ont tendance à se répéter, rendant l’aventure parfois redondante en ligne droite. Le jeu est très généreux et malgré les répétitions précitées, on aimera la diversité et l’ingéniosité de Nintendo : phases de plate-forme pures, de shoot, de phases en 2D, d’énigmes, sont autant de moments jouissifs qui nous interdisent tout ennui.

Si vous aimez collectionner les lunes comme Jordan aimait collectionner les bagues de champion, vous allez passer des dizaines d’heures sur le jeu. Si à l’inverse, la collectionnite vous assomme comme un dunk du roi LeBron, la seconde partie du jeu vous laissera de marbre. On y retournera quoi qu’il arrive, tant on est surpris de remarquer tout ce qu’on avait raté lors de notre premier passage. Le moindre angle de caméra non exploré dévoile quelque chose de nouveau. Chaque centimètre carré est prétexte à une interaction avec le joueur. C’est impressionnant autant que grisant.

Je tourne en rond

 

Vole comme le papillon, pique comme l’abeille

Côté jouabilité, Super Mario Odyssey, passe très vite sur l’échauffement pour se lancer directement sur le ring. Peu de chichis, peu de blabla, Cappy se laisse manipuler dès le départ dans les grandes largeurs. Toute la panoplie de mouvements vous est accessible d’emblée, la plupart provenant d’anciens opus 3D (dont le fameux triple saut de la 64). C’est fluide et instinctif comme un mouvement de jambes de Cassius Clay. On aurait aimé que le jeu nous permette de faire l’impasse sur certaines indications, accompagnées d’illustrations en vidéo des mouvements que Mario peut effectuer, afin d’éviter l’effet « prendre un enfant par la main ». La présence d’un mode « facile » était déjà suffisant en ce sens.

Mario moderne oblige, le jeu vous évite les uppercuts : pas de vies, donc pas de game over. Quelques passages confinés vous demanderont de les réussir en ligne droite, et donc de tout recommencer en cas d’échec. Mais rassurez-vous, tout ceci est optionnel pour finir le jeu. 

Le coeur du gameplay se trouve dans la fameuse « chapimorphose » de Cappy : en lançant votre couvre chef sur un ennemi, vous pourrez en prendre le contrôle. Il en existe une cinquantaine, avec autant de gameplay différents. On apprécie l’expérimentation car la plupart des tests que l’on fait fonctionnent. Foncez sur vos ennemis, expérimentez, certaines bonnes surprises vont vous ravir, c’est très fun, souvent loufoque, toujours savoureux. Vers la fin de l’aventure, certaines chapimorphoses bien pensées serviront le gameplay parfaitement huilé que nous décrivions précédemment. Les interactions sont très souvent très intelligentes et les références, très nombreuses. Amateurs de nostalgie, vous allez être servis.

Grand Theft Mario

 

La Switch est-elle à la hauteur de l’événement?

A l’inverse des autres jeux Switch, Super Mario Odyssey est plus adapté aux joy con qu’à la manette pro. Pour ne pas vous emmêler les pinceaux, ne vous attardez pas sur le motion gaming. Si certains streamers s’amusent à manipuler le joy con comme un adolescent qui découvre les vidéos de Kim Kardashian, on conseillera au joueur désireux de précision de se concentrer sur nos bons vieux boutons. Idem pour le jeu en coop qui n’a pas été très bien pensé, un joueur contrôlant Cappy et l’autre Mario. Après quelques, minutes, on se rend compte que le joueur dirigeant Cappy s’amusera plus à mettre des bâtons dans les (cheveux) roux (oui, il faut se rendre à l’évidence) de Mario qu’à participer à l’aventure. Dommage, ratage.

Techniquement, Nintendo fait baver la Switch comme un supporter du PSG devant les dribbles de Neymar. De la grosse dizaine de mondes que compte le jeu, il y a des bonnes idées de design et d’autres, plus discutables. 900p en docké, 720 p en portable, à 60 fps constants, le tout est globalement stable et la promesse tenue. Certaines actions mettent des gros tacles glissés au framerate, et des textures sont autant recyclées que les schémas tactiques de Guardiola. On n’en demandera pas trop vu le support. La caméra est également capricieuse, et est parfois aussi pertinente qu’une analyse de Pascal Praud. Il est dommage que le successeur de Super Mario 64 pêche sur ce point, mais avouons-le, c’est de l’ordre du chichi.

« Excusez-moi, vous n’auriez pas vu la concurrence?

 

Super Mario Odyssey est un concentré du savoir faire de Nintendo. S’il est encore trop tôt pour dire si le titre marquera autant que l’opus 64 ou Super Mario Galaxy, on retrouve d’emblée les ingrédients qui font des Mario 3D des chefs d’oeuvre. La prise en main est immédiate et agile, la diversité des situations et mondes force au respect. Si l’aspect catalogue et remplissage artificiel des environnements nous rappelle les heures les plus sombres des mondes ouverts, cette lassitude toute relative est très vite oubliée face au génie de Nintendo déployé au service de notre mascotte préférée. Mario est le boss, et on a eu tendance à l’oublier. 

Si vous avez une Switch, il est impensable de passer à côté, si vous n’en avez pas, il va être temps de commencer à sérieusement se pencher sur la question. Chapeau, Nintendo.

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